Denver aura attendu la 47e saison de son histoire pour s'offrir l'opportunité d'un sacre en NBA. Et son entraîneur, Michael Malone, n'a pas manqué de souligner l'importance de l'instant.
«Manifestement, ça fait des années qu'on manque de respect à cette vieille ville poussiéreuse des Rocheuses. On peut s'en plaindre ou simplement accepter ce que nous sommes. Mais tant que nous n'aurons pas été champions, les gens continueront ainsi. C'est ce qui nous motive. Aller en finale ne suffit pas. Ce qui compte, c'est gagner», a-t-il assuré.
C'est à «Mile-High City», ainsi surnommée car elle culmine à un mile (1609 m) au-dessus du niveau de la mer, que la première manche commencera jeudi à 18h30 locales (vendredi à 2h30 en Suisse). Avec une problématique d'entrée pour les Floridiens: l'altitude. Beaucoup ont déjà témoigné de la difficulté de s'adapter au manque d'oxygène, tel l'ancienne star Shaquille O’Neal qui avoua avoir «volontairement fait des fautes pour reprendre (son) souffle».
Denver recevra quatre fois, si cette finale nécessite sept matches. Or Miami ne s'y est plus imposé depuis... 2016.
«Un groupe incroyable»
Pas de quoi cependant intimider le Heat du coach Erik Spoelstra, qui prend un malin plaisir à déjouer les pronostics depuis son accession aux play-off, en étant sorti ric-rac des barrages. Les Bucks de Giannis Antetokounmpo, pourtant favoris pour le titre, les Knicks renaissants et les Celtics finalistes l'an passé, en ont fait l'amère expérience.
«Personne n'est satisfait. Nous n'avons rien fait. Nous ne jouons pas seulement pour gagner la Conférence Est. Nous jouons pour tout gagner», a prévenu Jimmy Butler, déterminant avec ses 28,5 points de moyenne dans cette campagne.
Leader exemplaire, il est entouré d'autres guerriers, du costaud Bam Adebayo au vieux grognard Kyle Lowry (champion avec Toronto en 2019), en passant par ces seconds couteaux affûtés, les Caleb Martin (énorme dans le match décisif face à Boston), Gabe Vincent, Duncan Robinson et Max Strus, qui ont pour point commun de ne pas avoir été sélectionnés à la draft.
«Ce sont des grands compétiteurs. Beaucoup de gens peuvent s'identifier à cette équipe, parce qu'il faut parfois souffrir pour obtenir ce que l'on veut vraiment», a souligné Spoelstra, garant de la fameuse «Heat Culture», mêlant discipline, éthique de travail et abnégation sans faille, instaurée par le président de la franchise. Le mythique Pat Riley participera à sa... 19e finale NBA, pour neuf déjà remportées en tant que joueur, entraîneur puis dirigeant.
C'est ce dernier qui coachait l'équipe championne en 2006, avant de laisser les rênes à «Spo», couronné en 2012 et 2013, mais aussi défait en finales 2011 et 2014, avec LeBron James et Dwyane Wade. Après la sixième perdue en 2020 avec la génération Butler, accrocher une troisième bague personnelle avec cette équipe d'outsiders aurait une saveur unique.
«Le plus grand défi»
Mais en face, se dressent des Nuggets très impressionnants, sereins et sûrs de leur basket, qui se sont montrés intraitables contre les Timberwolves puis les Suns de Kevin Durant et Devin Booker, avant de balayer les Los Angeles Lakers de LeBron James et d'Anthony Davis en finale de Conférence. Vengeance consommée sur les Californiens, trois ans après leur précédente déroute au même stade de la compétition.
Le géant serbe Nikola Jokic, double MVP dont la production atteint un invraisemblable triple-double de moyenne dans ces play-offs (29,9 points, 13,3 rebonds, 10,3 passes), mais aussi le scoreur Jamal Murray et les précieux Aaron Gordon et Michael Porter Jr, illustrent les bienfaits de la politique de continuité opérée par Denver. La franchise du Colorado en a profité pour se renforcer, en attirant notamment l'expérimenté Kentavious Caldwell-Pope, justement titré avec les Lakers en 2020.
Après dix jours sans jouer, le collectif huilé des Nuggets, certes bien reposé, pourrait pâtir d'un manque de rythme par rapport à celui du Heat, porté par un élan pouvant confiner à l'euphorie, malgré une fatigue légitime. Suspense, donc.
«Pour ceux qui pensent que cette série sera facile, je ne sais pas quoi dire», a soufflé l'entraîneur Michael Malone, refusant l'étiquette de favori. Avant de résumer: «Ce sera le plus grand défi de notre vie.»
(AFP)