«Je suis né pour cette course»
Fabian Cancellara raconte Paris-Roubaix en 10 images

Fabian Cancellara a remporté trois fois l'Enfer du Nord: en 2006, 2010 et 2013. Avant Paris-Roubaix, l'ancien cycliste revient sur dix moments particuliers.
Publié: 09.04.2023 à 11:32 heures
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Dernière mise à jour: 09.04.2023 à 14:57 heures
Fabian Cancellara a remporté à trois reprises Paris-Roubaix.
Photo: keystone-sda.ch
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Mathias Germann
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Son premier pavé

Photo: DR

«À Paris-Roubaix, le vainqueur ne reçoit pas de coupe, mais un pavé. Dès ma première participation, en 2004, j'avais pressenti que cette course me convenait. Deux ans plus tard, je l'ai gagnée pour la première fois. Cette pierre pèse entre 12 et 16 kilos, et comme j'avais des crampes dans les jambes et les bras, je pouvais à peine la tenir en l'air.»

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Une nuit supplémentaire

Photo: Pixathlon / Tim de Waele

«Normalement, tout le monde ne veut qu'une chose après Paris-Roubaix: rentrer à la maison. Mais après ma victoire en 2006, on a fait quelque chose d'extraordinaire: on a téléphoné à notre hôtel en Belgique, où nous avions passé les nuits précédentes. Et ils avaient encore de la place pour notre équipe, qui comptait environ 30 personnes, pour une nuit supplémentaire. On s'est bien amusés ce soir-là. On a mangé, bu et fait la fête. Beaucoup pensent encore aujourd'hui que je fume un cigare sur la photo, mais il s'agit en fait d'une gaufre à la crème fouettée. C'était une super soirée.»

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Le triomphe de l'ami

Photo: Pixathlon / Tim de Waele

«En 2007, j'étais de bonne humeur, comme le montre cette photo. Mais ça m'énerve parce que je ne portais pas de casque à l'époque. Pendant la course, tout le monde me regardait. J'ai donc dit à mon coéquipier de CSC, Stuart O'Grady, que l'on voit à droite sur la photo: «Fais-le, toi! Gagne cette course! Et Stuart a effectivement terminé premier – pour moi, c'était comme si j'avais gagné. Le cyclisme, c'est donnant-donnant, j'ai aussi rendu visite à Stuart plusieurs fois chez lui en Australie. Nous sommes restés amis.»

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La trouée d'Arenberg

Photo: Foto-Net / Hennes Roth

«Cette section de Paris-Roubaix est non seulement très difficile, mais surtout mythique – comme l'Alpe d'Huez sur le Tour de France. Lors de ma deuxième victoire en 2010, j'ai été le premier à entrer et à sortir de la trouée. C'est ce que je préférais, car cela me permettait de tracer ma ligne sur des pavés extrêmement mauvais. Je ne suis d'ailleurs jamais tombé à Arenberg.»

5e. Sa fille et son ourson

Photo: Foto-Net / Hennes Roth

«Giuliana n'a pas encore quatre ans sur cette photo, qui date également de 2010. Elle attendait à l'arrivée avec son ours en peluche, qu'elle aimait par-dessus tout. Le fait de savoir que ma femme Stefanie et Giuliana m'attendaient à Roubaix était très motivant. Je n'allais pas seulement d'un point A à un point B, mais d'un point A à ma famille.»

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Le moteur dans le vélo?

Photo: Imago Sportfotodienst

«Non, j'étais en pleine forme. Giuliana n'a évidemment pas compris pourquoi j'avais gagné un pavé en 2010 – c'était mon deuxième. Mais cette victoire signifie beaucoup pour moi. C'est sans doute mon plus grand succès sur Paris-Roubaix. J'ai fait 50 kilomètres seul et j'ai gagné en solo. C'était comme dans un film! Plus tard, on m'a reproché d'avoir mis un moteur dans le cadre. La vérité, c'est qu'à l'époque, ce sont les jambes qui ont parlé – j'étais en superforme. La tactique, l'équipe, la confiance en soi – tout était réuni pour que je gagne.»

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Spartacus se rebelle

Photo: Pixathlon / Tim de Waele

«Trois ans plus tard, je me suis imposé au sprint contre Sep Vanmarcke, le Belge. Je me souviens surtout que ce jour-là, tout le peloton était contre moi. Il y avait d'innombrables attaques dans le but de m'isoler. À l'époque, j'ai dit à mon directeur sportif: 'Je n'ai aucune chance comme ça, tout le monde est contre moi.' Il m'a simplement répondu: 'Tu es Spartacus, non?' Il faisait allusion à mon surnom et ça a réveillé mon ambition. Je suis passé en mode destructeur, dépassant mes limites, écrasant tout sur mon passage. Mes adversaires ont dû penser que je perdais la tête. Mais ça a marché. À la fin, j'étais tellement crevé que mes soigneurs ont dû me soulever.»

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Une course qui marque

Photo: Freshfocus

«En 2014, je suis arrivé à Roubaix dans un groupe de tête avec neuf autres coureurs. J'ai terminé troisième et j'étais content. On ne peut pas toujours gagner, loin de là. La photo montre les traces que les 257 kilomètres de poussière et de saleté m'avaient laissé. J'étais complètement épuisé.»

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Comme sur de la glace

Photo: Freshfocus

«Mon dernier Paris-Roubaix en 2016. Et ma seule chute lors de cette course! Sur le tronçon pavé de Mons-en-Pévèle, je me suis fait avoir. Le pavé était un peu boueux. Je roulais au milieu, et j'ai probablement fait un tour de pédale au mauvais moment. J'ai mis trop de pression – peut-être que la cadence était trop élevée. C'était une erreur, bien sûr. Mais aussi un peu de malchance. C'était comme si, en hiver, un demi-mètre carré de trottoir était verglacé et que l'on mettait le pied à cet endroit précis. La course était terminée pour moi – j'avais perdu trop de temps.»

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Chute lors du tour d'honneur

Photo: imago images/Gerry Schmit

«En raison de la chute décrite avant, je suis arrivé au vélodrome en tant que coureur distancé. Lors du tour d'honneur, j'ai attrapé un drapeau. Mais il était plus lourd que je ne le pensais. L'accident n'était pas grave, mais un peu gênant. Au final, je suis très heureux de mon bilan à Paris-Roubaix: douze participations, trois victoires et trois autres podiums. Je crois que je suis né pour cette course.»

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