Genève peut se préparer à virevolter, dunker, dribbler et voler jusqu’au panier. En pleine tournée mondiale, les mythiques Harlem Globetrotters sont de passage à l’Arena ce vendredi. Depuis 1926, ces fiers basketteurs et basketteuses se baladent de ville en ville – parfois même sur plusieurs continents en même temps – pour chasser les records avec des mouvements époustouflants.
Au bout du Léman, les spectateurs au bénéfice d’un billet «Magic Pass» pourront même accéder à la salle une heure avant le show pour fouler le parquet, mettre quelques paniers et rencontrer les stars du basket. Parmi elles, Lou «Too Tall» Winston.
Le meneur de 1,78m est entré dans le «Guinness book» avec quatre records, dont le plus grand nombre de dribbles en huit en une minute en 2020, ou le plus grand nombre de tirs à trois points réussis en une minute en 2022. Avec sa petite taille pour un basketteur, le surnom de «Too Tall» (trop grand) lui va comme un gant. Titulaire pendant quatre ans et élu Joueur de l’année 2008 au lycée de Russellville, sa ville natale en Alabama, l’Américain s’est aussi essayé à l’athlétisme et au football américain dans sa jeunesse, encouragé surtout par son père et ses deux frères aînés.
«Too Tall» a ensuite été titulaire durant deux ans au Marion Military Institute, avec une moyenne de onze points et cinq passes décisives par match. Il a effectué ses deux dernières saisons universitaires à l’université Tuskegee, toujours en Alabama, où il a été distingué par tous ses pairs, avec une moyenne de treize points et cinq passes décisives par match. Il a finalement rejoint les Harlem Globetrotters en 2017. Avant son passage en Suisse, Blick lui a lancé un coup de fil.
Salut Winston, je crois savoir que tu t’es mis au basket dès l’âge de trois ans… te souviens-tu de la première fois où tu as touché un ballon?
Je ne me souviens pas vraiment de la première fois où j’ai joué, mais effectivement, j’avais trois ans. Dans mon enfance, j’avais l’habitude de dribbler le ballon dans la maison et j’aimais tout ce qui s’y rapportait. Le son de la balle, la façon dont elle traversait les pièces, tous les aspects du jeu. Aujourd’hui, j’aime la manière dont ce sport rassemble les gens, le travail qu’il faut mener pour y arriver, les entraînements et, enfin, les matches. Ce sentiment que l’on éprouve quand on voit tout son travail récompensé devant les supporters, c’est très gratifiant.
Quels défis as-tu justement dû relever pour rejoindre les Harlem Globetrotters?
Eh bien, le simple fait d’être petit, tu sais, c’est difficile… avant tout parce que je ne le savais pas moi-même au début, tu vois. Un entraîneur m’a dit à l’âge de 15 ans que je ne jouerais jamais au basket-ball universitaire ou professionnel… et j’ai réussi à faire tout ce qu’il m’a dit que je ne pourrais pas faire! Ensuite, les blessures sont un sacré défi. J’ai eu deux déchirures du ménisque au genou gauche dans ma carrière. J’ai été opéré d’une fracture au pied droit. J’ai donc toujours été capable de résister à ce que disaient les gens ainsi qu’aux coups du sort. Je suis toujours capable de faire tout cela aujourd’hui, voire davantage, en y mettant beaucoup de cœur.
Quelles sont les différences fondamentales dans la préparation entre un match de NBA et une tournée des Harlem Globetrotters selon toi?
Je dirais qu’il y a des similitudes et des différences. Pour moi, l’entraînement est toujours le même: je soulève des poids, je m’étire, je m’assure que mon corps est en pleine forme à cause du nombre de matches que nous devons jouer. Je pense qu'aucune autre équipe au monde n'a un calendrier aussi chargé que le nôtre. Pendant sept à huit mois, nous jouons au moins quatre à cinq fois par semaine, sans parler des déplacements. Parfois, nous voyageons quatre à cinq heures après le match pour nous rendre dans la ville suivante et jouer le jour suivant. La différence, c’est qu’il faut à la fois être compétitif puis passer au divertissement en quelques minutes pendant le match. Il y a donc des moments où le jeu est extrêmement relevé, mais il y a aussi des moments où l’on assiste à des tours de passe-passe, à des dunks, ou à de l’humour. Le fait de pouvoir changer d’état d’esprit et de style de jeu en l’espace de quelques minutes pendant les matches est, je pense, la plus grande différence.
Puisque tu parles de voyages, qu’est-ce que cela te fait de parcourir le monde pour jouer au basket? Quel genre d’émotion cela te procure-t-il?
C’est un sentiment surréaliste. Quand j’étais enfant, j’avais l’habitude de faire tourner le globe et de toucher différents endroits du monde, comme la France, l’Italie, la Suisse, le Royaume-Uni, et je me disais qu’un jour, un ballon de basket m’emmènerait dans des endroits où je n’aurais jamais pensé aller. Je suis tellement heureux et reconnaissant aux Harlem Globetrotters de m’avoir donné l’occasion de le faire pendant huit ans…
Sur le site Internet des Harlem Globetrotters, j’ai vu que tu aimais chanter. C'est ta façon à toi d'occuper ton temps libre?
Absolument. Mon père était responsable de la musique dans ma paroisse. Même au lycée, je faisais partie d’un chœur et d’une chorale. Il m’arrive donc de chanter durant mon temps libre. Et même le dimanche à l’église, je suis connu pour glisser une chanson ici ou là lorsque je fais partie de la chorale. J’ai chanté toute ma vie d’enfant.
Revenons au basket. Tu parlais tout à l’heure de ta petite taille. Comment fais-tu pour tourner cela à ton avantage sur le parquet?
Il ne faut pas avoir trop de faiblesses dans son jeu. À nouveau, on en revient à la préparation. Tu dois t’assurer de travailler toutes les facettes du jeu, le maniement du ballon, les passes, les tirs, la finition autour du cercle et enfin, savoir quand et où choisir ta place, comment être un très, très bon coéquipier. Il faut être très stratégique dans ses déplacements sur le terrain. Donc, j’essaie de m’améliorer chaque jour, de regarder des vidéos, de comprendre ce que j’ai fait de bien ou de mal. Enfin, il ne faut pas être dur avec soi-même. Ne pas se dire «j’aimerais bien être comme ça». J’ai l’impression que Dieu m’a donné la taille que j’ai, alors je veux l’utiliser à mon avantage.
Tu as déjà quelques records à ton actif, quels sont les autres que tu vises?
Eh bien, il y en a un que j’espère pouvoir tenter à nouveau dans un avenir proche. Je l’ai déjà essayé deux fois par le passé et je m’en suis approché de très près. Il s’agit du plus grand nombre de tirs en mouvement depuis le milieu de terrain en une minute. La dernière fois, j’en ai fait neuf. Il me restait donc 15 secondes pour battre le record qui était de 10. Je suis passé très près. J’espère que ce sera bientôt un autre record que je pourrai ajouter à ma collection.
Cette semaine, tu vas donc jouer à Genève. As-tu déjà pu découvrir la Suisse lors de tes nombreux déplacements?
Je n’y suis jamais allé, mais vous avez mon joueur de tennis préféré. Roger Federer, si j’avais la chance de le croiser et de lui parler, ce serait la cerise sur le gâteau. J’ai regardé Roger pendant la majeure partie de sa carrière. Je sais qu’il est à la retraite maintenant, mais si j’avais l’occasion de lui dire: «Mec. Merci pour tout ce que tu as fait pour le tennis»… Je n’ai jamais joué au tennis, mais à chaque fois qu’il passait à Wimbledon, à Roland-Garros, à l’Open d’Australie ou à l'US Open, je le regardais. J’étais tout simplement admiratif de son approche du jeu et de sa façon de jouer à chaque fois qu’il entrait sur le court. C’était incroyable de le voir jouer tout au long de sa carrière.
Eh bien, je n'en suis franchement pas certain, mais j’espère qu’il sera là… merci beaucoup pour ton temps et bon séjour par chez nous!
(rires). Merci beaucoup, c’était un plaisir!