Les fans sont unanimes: cette saison de Formule 1 est la plus belle depuis plusieurs années. Il faut remonter à 2016 et la victoire finale de Nico Rosberg pour trouver un semblant de suspense dans le championnat du monde. Il y a cinq ans, le pilote allemand avait terminé devant son coéquipier, un certain Lewis Hamilton.
On retrouve le Britannique cinq saisons plus tard, auréolé de… quatre titres de champion du monde en plus. Depuis sa défaite face à Nico Rosberg, Lewis Hamilton a tout remporté, ne laissant que des miettes à la concurrence. Jusqu’à cette année.
Le jeune Néerlandais Max Verstappen a tenu la dragée haute au septuple champion du monde et, au moment de se rendre à Abu Dhabi pour l’ultime manche de cette année, les deux hommes sont à égalité avec 369.5 points chacun. Un scénario qui n’était plus arrivé depuis 1974, lors du duel entre Emerson Fittipaldi et le Suisse Clay Regazzoni.
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Un suspense de courte durée
Il y a 37 ans, le barème des points était toutefois bien différent. Seuls les six premiers en engrangeaient (9, 6, 4, 3, 2 et 1) et il n’y avait pas de bonus pour le meilleur tour en piste. Le Brésilien et le Suisse se rendent au Grand Prix des États-Unis avec 52 unités chacun dans leur besace.
Au départ, Emerson Fittipaldi est 8e sur la grille, tandis que Clay Regazzoni se trouve juste dernière lui, à la 9e place. La course s’annonce donc tendue.
Mais le suspense est de courte durée. Bien que le Tessinois prenne un meilleur départ que son rival, il se fait repasser devant dès la fin du premier tour. Tout s'effondre, Clay Regazzoni voit la plupart des autres pilotes lui passer devant. Au 3e tour, il est dépassé par un concurrent parti 15e. Le rêve de Clay Regazzoni s’envole. Emerson Fittipaldi termine 4e et devient champion du monde pour la seconde fois.
D’autres conditions pour les commentateurs
A l’époque, Jacques Deschenaux achevait sa seconde année en tant que commentateur de la Formule 1 à la Télévision Suisse romande. Il se souvient (presque) de l’affrontement. «On ne voyageait pas beaucoup outre-Atlantique, explique-t-il. J’étais donc au studio, à Genève.» Et les conditions de retransmission n’étaient pas aussi idéales qu’aujourd’hui. «Je me rappelle que la course était filmée en noir et blanc, avec seulement cinq caméras pour tout le circuit.»
Dans de telles conditions, difficile pour Jacques Deschenaux de faire correctement son travail. «La course était impossible à suivre et à commenter. C’est un peu le seul souvenir que j’en ai», sourit-il.
Mais il garde de plus amples souvenirs de l’année 1974 qui avait vu Clay Regazzoni terminer vice-champion du monde. Et l’affrontement Regazzoni-Fittipaldi n’avait pas grand-chose à voir avec celui entre Hamilton et Verstappen: «Il n’y avait pas cette animosité, se souvient Jacques Deschenaux. Les deux s’appréciaient et Fittipaldi vivait même en Suisse.»
«Verstappen est un bad boy»
L’ancien commentateur comparerait plutôt le duel de cette année à celui, mythique, entre Alain Prost et Ayrton Senna. «C’était également une véritable rivalité humaine», précise-t-il. Tout comme pour Verstappen et Hamilton, le duel entre le Français et le Brésilien était acharné et plein de suspense.
Un suspense enfin retrouvé cette année. «En plus de deux pilotes, il y a aussi deux écuries en concurrence, se réjouit Jacques Deschenaux. Ajouter à ça le retour à haut niveau de Ferrari et de McLaren, la saison prochaine s’annonce très prometteuse.»
Avant de raccrocher, Jacques Deschenaux a-t-il un pronostic à faire pour dimanche? «J’aime bien Verstappen, il a un côté bad boy qui me plaît, commence l’ancien commentateur. Par égard et par amitié pour Michael Schumacher, j’aimerais que Hamilton reste à sa hauteur avec sept titres de champion du monde.»
Et s’il y a une voix plus forte que les autres, c’est bien celle qui a commenté la Formule 1 sur la Télévision suisse romande pendant plus de 35 ans.