Le maillot de l’ECD Iserlohn de 1987 est aujourd’hui visible au musée allemand du sport et de l’olympisme à Cologne. «Le livre vert», peut-on lire en gros sur le chandail. A première vue, cela n’a rien de spectaculaire et ne semble pas suspect. Mais l’auteur de cet ouvrage s’appelle Mouammar Kadhafi!
Mais comment se fait-il que le livre de l’ancien dictateur libyen ait atterri sur le maillot d’un club de hockey sur glace allemand? Et bien c’est tout simplement une histoire d’argent. Iserlohn a reçu 1,5 million de marks (presque 800’000 francs suisses actuellement) pour faire la publicité de l’ouvrage. C’est du moins ce qu’a déclaré à l’époque le président du club allemand, l’entrepreneur Heinz Weifenbach.
Le 4 décembre 1987, l’ECD s’est donc présenté avec ces maillots. L’indignation a été immense. Le sélectionneur allemand de l’époque, Xaver Unsinn, avait déclaré: «Le sport ne doit pas être là pour soutenir des criminels et du terrorisme». Même le «New York Times» avait couvert le match.
Ces paroles ont été entendues. Lors du match suivant, le club de Rhénanie-du-Nord-Westphalie n’arborait déjà plus la publicité de Kadhafi. Qu’a répliqué Heinz Weifenbach, qui avait conclu le deal, pour sa défense? Pour le président, toute l’affaire devait être évaluée de manière «apolitique». «Mouammar Kadhafi n’est qu’un auteur», avait-il déclaré.
Le titre de champion du monde grâce à Ben Laden?
Mais la publicité controversée existait déjà avant cet exemple. A la fin des années 70, on pouvait lire sur les voitures de Formule 1 de Williams «Ben Laden», pilotées par le Suisse Clay Regazzoni et l’Australien Alan Jones. A l’époque, personne ne savait à quoi correspondait ce nom et l’écurie anglaise avait désespérément besoin d’argent. Les investisseurs d’Arabie saoudite étaient donc les bienvenus. C’est pour cette raison que Williams a fait de la publicité pour la chaîne d’hôtels Albilad, dont le propriétaire était Mohammed Ben Laden, le père du futur terroriste Ousama.
Grâce à ses investisseurs, Williams a fêté en 1980 le premier titre de champion du monde des pilotes de son histoire, grâce à Alan Jones.
Pas de succès malgré ABBA
L’équipe allemande ATS a également pris le départ en Formule 1 avec une publicité spéciale. En 1981, leurs bolides arboraient les quatre lettres ABBA sur les flancs. C’est à Slim Borgudd qu’ils le doivent. Le Suédois était pilote de course pour ATS et batteur. Il a notamment travaillé comme musicien de studio pour le légendaire groupe pop.
Alors qu’ABBA affolait les charts, ATS ne faisait pas un tabac. L’écurie allemande était seulement 13e au championnat du monde des constructeurs, avec un misérable petit point. Son meilleur score, la 6e place de Borgudd à Silverstone, n’aura rien de plus qu’un petit succès sans lendemain.
Énorme coup de pub pour un fabricant de capotes
Le FC 08 Homburg a gagné quelques points de plus lors de la saison 1987-1988 de Bundesliga. Malgré la relégation, ils ont fait les gros titres à l’époque, car le club allemand a fait de la publicité pour le fabricant de préservatifs London sur ses maillots.
Cela a aussitôt attiré l’attention de la Fédération allemande de football (DFB). Celle-ci s’est acharnée sur le sponsor du maillot. La DFB a infligé une amende et a menacé de retirer des points. Les joueurs de Homburg se sont donc présentés avec la publicité masquée.
Mais préservatif et retrait de points ne font pas bon ménage. La tentative d’étouffer l’affaire de la part de la DFB a capoté. La fédération a perdu le procès devant le tribunal de Francfort et le fabricant de préservatifs s’est frotté les mains de cet énorme coup de pub.