Non, Letsile Tebogo n'aura pas le même accueil jeudi soir à la Pontaise qu'il l'a eu au Botswana, quelques jours après son titre olympique. En même temps, comment régater avec les 30'000 fans qui avaient rempli le Botswana National Stadium pour fêter son héros, premier athlète du pays à remporter l'or olympique. Le président Mokgweetsi Masisi était présent et, en guise de récompense, le vainqueur sur 200 m à Paris a obtenu deux maisons. «Oui, c'est vrai, concède-t-il lors de la conférence de presse à la veille d'Athletissima. Je vais les louer, parce que je ne vais pas partir de chez ma mère.»
Une maman qui, malheureusement, n'a pas pu assister au sacre de son fils. Elle est en effet décédée en mai dernier. En hommage, Letsile Tebogo a couru à Paris avec des pointes sur lesquelles sa date de naissance était inscrite. «C'est essentiellement moi qui la porte à chaque foulée, a-t-il déclaré après sa médaille d'or. Le fait de la porter me donne beaucoup de motivation.»
Pourtant, ce n'est pas avec elle que le Botswanais a vécu la majeure partie de son enfance. «J'ai grandi avec ma grand-mère car ma maman travaillait dans un village à 500 km de là, détaille-t-il à Lausanne. J'ai eu une belle jeunesse et j'espère que ça va continuer ainsi.» Dans son enfance, il précise qu'il voyait pourtant l'athlétisme comme un hobby. «J'étais un grand fan de foot», sourit-il.
Pas d'entraînement depuis 8 jours
Mais depuis le jeudi 8 août dernier, Letsile Tebogo est clairement rentré dans une autre dimension. Le Botswanais de 21 ans est devenu le premier Africain à être sacré sur un sprint. «Ma vie a changé et j'espère avoir changé beaucoup de vies, philosophe-t-il. J'ai démontré que tout était possible, contre toute attente.»
En plus du titre sur 200 m, Letsile Tebogo a décroché avec le relais botswanais l'argent sur 4x400 m. «J'espère qu'on aura cette médaille d'or en 2028», ambitionne-t-il après avoir déjà décroché le bronze à Tokyo. Et, au vu de sa vitesse, pourquoi ne pas également se mettre au tour de piste en individuel? «Le coach m'a dit que dès qu'on aura l'or sur 100 et 200, ce sera bon», répond-il tout sourire. La moitié du contrat est fait. Peut-être que la suivante viendra à Los Angeles, en 2028.
Mais avant d'y penser, il y a d'abord Athletissima ce jeudi soir. «Par contre, je ne me suis pas entraîné depuis 8 jours et il ne faudra pas trop attendre de moi», prévient Letsile Tebogo. À un champion olympique, le public de la Pontaise pourra sans doute lui pardonner.