Douze ans de prison requis
«Si c'était une enfant, je n'aurais jamais fait ça»

Dix-huit ans après les faits révélés par les plaignantes dans le sillage de l'ex-patineuse Sarah Abitbol, le parquet de Nanterre a requis mardi douze ans de réclusion criminelle contre un ex-entraîneur de patinage artistique pour viols et agressions sur mineures.
Publié: 18:44 heures
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Dernière mise à jour: 18:45 heures
L'ombre des victimes plane sur le procès.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

«Il avait son libre arbitre, avait la possibilité de dire non, il ne l'a pas fait, il n'a pas mis les barrières», a tonné l'avocate générale lors de son réquisitoire, dénonçant la contrainte morale que l'accusé a exercé selon elle sur ses élèves. Sébastien C. est jugé depuis jeudi par la cour criminelle des Hauts-de-Seine pour des viols et agressions dénoncés par deux plaignantes âgées à l'époque entre 13 et 15 ans, notamment à la patinoire même où il les entraînait. Lui avait entre 25 et 27 ans lors des faits, entre janvier 2007 et décembre 2008, et nie fermement tout acte sexuel non consenti.

«J'attends juste qu'il soit déclaré coupable des faits que nous, on a dénoncé, et pas que lui, il a bien accepté d'avouer», a déclaré à l'AFP Anaïs (prénom modifié), 31 ans, l'une des deux plaignantes, alors que la cour s'est retirée pour délibérer. Une attente à laquelle se joint Emma, 30 ans, l'autre plaignante qui a également souhaité être anonymisée. «Ces filles, ce n'est rien, c'est des corps à la disposition de (l'accusé), qui se moque éperdument de savoir si elles ont consenti», a plaidé Me Charles Lasvergnas, avocat d'Emma. Sa cliente présente «tous les traumatismes du tableau clinique», souligne-t-il.

«Si c'était une enfant, je n'aurais jamais fait ça»

Lors de son interrogatoire, l'ex-entraîneur a maintenu la même ligne que celle tenue lors de sa mise en examen en 2020 et nié avoir imposé toute contrainte aux deux adolescentes à l'époque. «Pensez-vous qu'à 13 ans, un enfant est en pleine conscience en mesure de choisir?», cingle alors une assesseure. «Si c'était une enfant, je n'aurais jamais fait ça», répond-il, assurant plusieurs fois que selon lui la plus jeune des victimes avait «14 ans, pas 13».

«Je comprends le problème, j'ai un regard différent aujourd'hui, je percevais les choses vraiment totalement différemment à l'époque des faits», a-t-il pourtant ajouté.

Selon les deux plaignantes, c'est le livre de l'athlète Sarah Abitbol accusant son ex-entraîneur Gilles Beyer de viols qui les a incitées à agir. Dans «Un si long silence» (éditions Plon), l'ancienne championne multimédaillée européenne et mondiale en couple dénonçait en 2020 des faits survenus entre 1990 et 1992, lorsqu'elle était âgée de 15 à 17 ans.


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