Des règles peu adaptées?
L'équipe de Suisse ne veut pas du bébé de sa championne à l'hôtel

La spécialiste de bobsleigh Nadja Pasternack doit jongler entre ses objectifs sportifs et son nouveau rôle de maman. Mais la fédération suisse ne semble pas vouloir lui faciliter la tâche. Explications.
Publié: 17.04.2025 à 12:00 heures
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Dernière mise à jour: 17.04.2025 à 14:55 heures
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Nadja Pasternack avec sa fille.
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Nele Bachmann

Avant l’hiver dernier, Nadja Pasternack a prouvé à maintes reprises qu’elle était la pousseuse la plus rapide du bob suisse. Désormais maman, elle n’a rien perdu de sa passion et de son amour pour le bob. Mais son retour après une pause bébé ne lui est pas vraiment facilité. La fédération Swiss Sliding lui met des bâtons dans les roues, rendant la combinaison de la maternité et du retour au sport de haut niveau encore plus difficile qu’elle ne l’est déjà.

Il faut dire que Nadja Pasternack a vécu une grossesse très difficile. Au début, elle a dû lutter contre des nausées extrêmes et des vomissements constants avant de devoir passer les quatre derniers mois au repos. Après l’accouchement, elle a repris un entraînement physique intense. «C’est surtout lors des sprints que je sentais les kilos supplémentaires dans les chevilles», explique-t-elle.

Elle se bat pour revenir

Malgré tout, la Suissesse se bat pour revenir. Elle fait à nouveau partie de l’équipe de la pilote Melanie Hasler. Lors de leur première participation commune à une coupe du monde depuis la naissance, le duo a obtienu directement la quatrième place. Mais Melanie Hasler ne pourra pas compter sur la jeune maman toute la saison. Selon le blog de Swiss Olympic, Nadja Pasternack a été régulièrement frappée par la maladie cet hiver et c’est donc le cœur lourd qu’elle a du renoncer aux Championnats du monde aux États-Unis, pour lesquels elle avait été sélectionnée. Mais ce n’est pas la seule chose qui ne s’est pas déroulée comme prévu lors de sa saison de retour.

«Je n’ai pas le droit d’avoir mon bébé avec moi à l’hôtel de l’équipe», explique l’athlète en réponse à une question de Blick. Elle précise que passer d’un hôtel à l’autre fait partie de son quotidien. Elle doit se rendre à l’hôtel de l’équipe suisse pour les rendez-vous avec le physio, les réunions d’équipe et autres activités communes. En dehors de l’entraînement et des compétitions, elle aimerait aussi pouvoir s’occuper de sa fille. Le père n’est autre que le pilote français Romain Heinrich. Il est donc aussi présent sur le circuit.

«Je n’ai pas l’impression que cela dérangerait»

Lorsque Nadja Pasternack demande pourquoi sa petite fille n’est pas la bienvenue, on lui répond qu’elle pourrait perturber l’équipe pendant la préparation de la compétition. «Lorsque j’en parle avec mon équipe, je n’ai pourtant pas l’impression que cela dérangerait qui que ce soit. Bien sûr, c’était ma décision personnelle d’avoir un enfant. Il est d’autant plus regrettable qu’il en résulte des obstacles évitables de mon point de vue.»

La pousseuse ne demande rien d’impossible. Dans de nombreuses autres nations, la présence d’une mère dans une équipe de bobsleigh est rendue beaucoup plus facile. Chez les Américaines, par exemple, il y a trois mères, et de nombreuses autres équipes renoncent à des règles qui ne font que compliquer les choses. «Je souhaiterais simplement que Swiss Sliding discute peut-être un jour avec l’équipe américaine, car tout fonctionne merveilleusement bien là-bas.» La double pilote américaine Elana Meyers Taylor a même la possibilité de s’occuper de son enfant atteint d’un handicap sur les courses.

La responsable sportive de Swiss Sliding, Marina Gilardoni, explique que le règlement a été introduit avant tout pour garantir que Nadja Pasternack et ses coéquipières se concentrent entièrement sur le sport et pour éviter toute distraction. «Nous avons communiqué dès le début à Nadja qu’il en serait ainsi et elle était d’accord avec cette règle. Nous voyons cependant les problèmes que cela pose actuellement pour elle et nous allons rediscuter de la question en interne.»

Reste à espérer que les choses changent pour la saison à venir. «Une saison olympique est de toute façon déjà stressante, ce serait bien d’être traité de la même manière que tous les autres athlètes», explique la jeune mère. Pour que Nadja Pasternack et sa pilote Melanie Hasler puissent fournir aux Jeux de Cortina la même prestation qu’en 2022 à Pékin, elle a besoin de tout le soutien nécessaire. Surtout de sa propre fédération.

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