Cette médaille de bronze a une saveur particulière pour Angelica Moser, un véritable happy end après des jours d'incertitude totale dans la mégapole chinoise de Nanjing. Pour la première fois, la perchiste zurichoise monte sur le podium d'une compétition majeure sans décrocher l'or. Mais cette médaille a une immense valeur: c'est la première d'Angelica Moser aux championnats du monde élite, après ses trois titres européens.
Pour atteindre le podium, elle a dû surmonter de nombreux obstacles. Après la compétition, elle raconte: «Même ce matin, lorsque j’ai couru sur la piste, je ne savais pas encore si j’allais pouvoir sauter, ni même si j’allais essayer. J’ai ensuite eu du mal mentalement, ce qui a rendu l’échauffement compliqué et le début de la compétition difficile. Mais c’est d’autant plus beau de repartir avec une médaille.»
Elle a failli être éliminée d'entrée!
La raison de cette incertitude: deux jours avant le début de la compétition, Angelica Moser se tord le pied à l'entraînement en Chine et se blesse aux ligaments. La veille de la compétition elle révèle la nouvelle et ajoute une photo de son pied bandé: «Nous faisons ce que nous pouvons pour prendre le départ».
Et puis, dans la nuit de vendredi à samedi (session matinale en Chine), lorsqu’il devient clair qu’elle va tenter sa chance, de nouveaux obstacles surgissent. À 4,45 m, tout ne tient qu'à un fil. Elle échoue à deux reprises. Mais sur son ultime essai, elle passe, avant d'enchaîner avec succès à 4,60 m puis 4,70 m, décrochant ainsi sa place sur le podium.
«J’ai senti que mon pied tenait. J’avais mal, mais ça allait. Ce n’était toutefois pas une compétition facile, avec ces pauses interminables à répétition», raconte-t-elle.
Deux médailles - alors que son hiver était quasiment fini
En 2016, en Pologne, Angelica Moser avait déjà été sacrée championne du monde M20. Aujourd’hui, elle décroche sa première médaille aux championnats du monde chez les élites, mais en l’absence des trois médaillées olympiques de 2024 (Nina Kennedy, Katie Moon, Alysha Newman).
Jusqu’ici, chaque fois qu’elle montait sur un podium lors d’une grande compétition chez les jeunes, c’était pour la plus haute marche. Une série dorée qui s’achève aujourd’hui. Mais ce bronze n’en brille pas moins, tant il a été arraché dans des circonstances particulières.
«C’est très spécial, la manière dont j’ai dû gérer ces 48 dernières heures avec mon physio et mon coach. C’est quelque chose qu’on ne peut pas imaginer, un immense défi», confie-t-elle.
Il y a deux semaines, avant les championnats d’Europe d’Apeldoorn (Pays-Bas), elle envisageait encore de mettre un terme à sa saison en salle à cause de douleurs au pied. Aujourd’hui, elle est championne d’Europe et médaillée mondiale.