Krasniqi Taekwondo est un club au sein duquel, comme souvent dans les grandes familles, les plus petits savent se faire entendre. Il n’y a pas d’âge pour avoir l’étoffe d’un champion et les plus jeunes espoirs l’ont bien prouvé cet automne.
Le 10 novembre dernier, une délégation du club basé à Villeneuve (VD) s’est rendue à Tirana pour représenter la Suisse lors les Championnats d’Europe des catégories «Kids» et «Cadet», autrement dit les enfants et adolescents jusqu’à 16 ans.
15 jeunes Suisses de six à onze ans, bien encadrés par 19 adultes pour l'expédition, se sont donc mesurés dans la capitale albanaise à 1000 autres compétiteurs venus de toute l’Europe. Et la moisson a été excellente! Cinq d’entre eux ont décroché trois médailles d’or (Ajan Krasniqi et Idris Iadevito chez les garçons puis Ajana Elezi chez les filles), une d’argent (Hakim Akedjro) et une de bronze (Malak Bourhalla). Avec ce joli bilan, la Suisse s’est hissée au troisième rang des 144 équipes participant à la compétition, en récoltant le même nombre de médailles d’or que la Bulgarie et l’Ukraine, qui occupent les deux premières places.
Le bronze à six ans
Du haut de ses six ans (!), Malak Bourhalla s’est parée de bronze chez les filles dans la catégorie des -24kg. «À son âge, elle est présente à chaque entraînement et veut devenir aussi forte que les autres», raconte avec le sourire Bashkim Krasniqi, le président et fondateur du club. «Elle a perdu contre une plus grande qu’elle, mais ce résultat est prometteur», poursuit celui qui est lui-même combattant et qui a travaillé avec de nombreux espoirs tout au long de sa carrière.
Un résultat qu’il admire d’autant plus que les entraînements ne sont pas obligatoires dans son club et que la jeune fille a l’envie de progresser par elle-même. «Chez nous, le développement est bien plus important que les résultats. Et nous avons compris que ceux qui réussissent sont les 10% qui choisissent par eux-mêmes de donner le maximum. On ne peut pas forcer les gens. Ce sont eux qui choisissent de faire les heures d’entraînement qu’il faut pour être au maximum face à plus fort que soi», précise-t-il.
Du côté des garçons, Ayan Krasniqi, le fils de Bashkim, a même obtenu le titre de meilleur combattant suisse. Cet honneur a aussi été attribué à son père par le passé, tout comme à Burim Krasniqi en (cousin de Bashkim et co-fondateur) et Mergim Krasniqi (frère de Bashkim et co-fondateur). Ce dernier a d’ailleurs été désigné meilleur arbitre de la compétition à Tirana dans la catégorie des jeunes et cadets. Il est aussi le chef de la relève auprès de Swiss Taekwondo. Il collabore avec les plus hautes instances de son sport au niveau national comme international.
Un grand rendez-vous en 2025
Des résultats et un investissement qui confirment l’excellente réputation du club, fondé en 2011 et qui compte aujourd’hui 150 licenciés. «Parmi nos réussites, on peut citer par exemple que quatre de nos membres ont été sélectionnés en équipe de Suisse. Au mois d’octobre, un junior a même pu se rendre aux Championnats du monde de sa catégorie en Corée, berceau de la discipline», affirme fièrement Bashkim.
Le club vaudois est aussi organisateur de nombreuses manifestations d’importance dans le calendrier. L’an dernier, il a accueilli les Championnats de Suisse. L'an prochain, il recevra une compétition internationale comptant pour le classement des combattants européens. Et enfin, cerise sur le gâteau, Krasniqi Taekwondo a été choisi pour accueillir les Championnats d’Europe juniors et séniors en novembre 2025, dans la catégorie olympique.
Rappelons que le taekwondo est une discipline olympique depuis 2000. Il y a visiblement des objectifs ambitieux à se fixer pour Los Angeles, mais aussi bien au-delà, quand on voit l'âge et la détermination des plus jeunes pousses: «C’est un sport qui demande une discipline de tous les instants. Pendant les entraînements, mais aussi en dehors», poursuit Bashkim. En ce sens, tenir sur la longueur est un vrai défi.
Créer de la concurrence
Né en Suisse, Bashkim s'est passionné pour sa discipline à partir de 1994, participant petit à petit à l'essor de ce sport aux quatre coins du pays. Son frère, Mergim, a aussi œuvré pour mettre en place les infrastructures et une sélection nationale dans le pays de ses parents: le Kosovo. Désormais, il se concentre uniquement sur la Suisse, mais les échanges internationaux sont primordiaux pour enrichir le taekwondo helvétique.
«Contrairement à d’autres pays, nous avons besoin de trouver des clubs partenaires à l’étranger pour progresser. C’est ce que nous faisons par exemple avec un club français (ndrl: le Taekwondo Nice Élite). C’est enrichissant, mais cela est aussi une grosse faiblesse pour la Suisse», analyse Bashkim. Pour pallier le problème, il estime que son sport a besoin d’une plus grande couverture médiatique, pour attirer des nouveaux partenaires bien sûr, mais aussi pour tirer toute la discipline en avant: «Plus on parle de nous, plus il y a des nouveaux combattants et plus il y a de concurrence à travers la Suisse. Cela poussera les compétiteurs à se surpasser et à travailler plus fort.»
Des résultats comme ceux obtenus à Tirana le réjouissent beaucoup: «C’est historique pour nous. Cela nous permet d’envoyer un message: il y a des talents en Suisse et la relève arrive!»