La famille de Tiago Behar peut être qualifiée de globe-trotteuse. De sa naissance à ses 13 ans, le jeune homme a connu pas moins de six foyers différents. En 2002, il naît à Liestal, le chef-lieu de Bâle-Campagne. Après trois ans passés au nord de la Suisse, il déménage ensuite en Espagne à Madrid, puis Barcelone. Alors qu'il est âgé 7 ans (vous suivez toujours?), sa famille s'installe en Allemagne. «Et après, on a fait trois ans dans le Connecticut, aux États-Unis», énumère-t-il. Puis, retour où tout a commencé pour lui, puisque ses parents s'installent définitivement en Suisse, dans la région lausannoise.
Et dire qu'au milieu de tous ces changements, Tiago Behar a réussi à développer sa passion: la natation. Au point de faire partie, dès ce mardi, des meilleurs nageurs du continent. Le jeune nageur va en effet prendre part aux Championnats européens de Belgrade. En Serbie, il va s'aligner sur 50, 100 et 200 m libre, ainsi que sur le relais 4x100 m 4 nages. «J'y vais pour prendre de l'expérience, mais aussi pour nager aussi rapidement que je peux. Et on verra où ça nous mène», prévoit-il.
Une longue journée type
Mais avant de se projeter sur l'avenir, il faut faire un retour sur le passé. Dans sa jeunesse, Tiago Behar a enchaîné les villes… et les clubs de natation. «Comme c'est un sport populaire, ça a toujours été assez facile de trouver des entités dans la région où on habitait.» C'est vers l'âge de 16 ans qu'il se rend compte qu'il commence à atteindre un certain niveau. «Avant, je faisais partie de la moyenne, se souvient-il. Je pense que d'être un peu moins fort de ne pas avoir du succès à un très jeune âge m'a aidé à continuer à pousser pour devenir un meilleur athlète.»
Après plusieurs années passées au Lausanne Aquatique et au sortir du Covid, Tiago Behar prend une décision qui va changer sa vie de nageur: il veut aller tenter sa chance aux États-Unis. Le Vaudois suit les traces de son père – qui avait nagé dans l'Université de Californie à Los Angeles – et s'envole pour Tempe. Là, il intègre la Arizona State University. C'était en 2021. «J'avais contacté les coachs en amont pour être sûr d'avoir une place dans l'équipe. Et j'y suis allé pour faire mes études en informatique.» Une journée type pour Tiago Behar ressemble à cela: réveil à 5h15, entraînement à 6h, cours, puis de nouveau entraînement à 14h. Et pour finir, récupération, devoirs et au lit. Un rythme plutôt soutenu.
Merci au beau temps!
Le nageur suisse avoue qu'il lui a fallu un temps d'adaptation lors de sa première année scolaire. «Le style d'entraînement est très différent. Et il y avait des challenges tant au niveau sportif que scolaire.» Tiago Behar avoue que ce qui l'a aidé à surmonter ces premiers mois compliqués loin de sa famille, ce sont ses camarades – «tous très sympas» – et… le beau temps constant dans l'Arizona.
Il explique aussi qu'il a dû adapter son style de natation aux bassins, qui sont plus courts outre-Atlantique. «Les méthodes qu'on m'avait conseillées jusqu'à présent ne s'appliquaient pas toujours dans une piscine de 25 yards (ndlr: 22,86 m), explique-t-il. Mais lors de ma deuxième année, j'ai commencé à voir des résultats.»
Un bel accomplissement
Désormais, Tiago Behar est bien établi aux États-Unis. Cette année, il est même parvenu à se qualifier pour les championnats américains universitaires – «mon plus grand accomplissement jusqu'à maintenant». Mieux, il a décroché un trophée, le NCAA Elite 90 Award. «C'est un prix qui est attribué chaque année dans chaque sport à l'athlète qui s'est qualifié pour ces championnats et qui a les meilleures notes à l'université», détaille-t-il. Mens sana in corpore sano.
Mais peut-être que la plus belle réussite est encore à venir pour Tiago Behar, qui entame donc ses premiers Européens cette semaine. À son âge et au moment-là de la saison, peut-il encore rêver de JO? «Potentiellement avec le relais à Paris. Et sinon, ce sera Los Angeles», répond-il. Aux États-Unis, là où il a le plus développé sa nage. Avouez que l'histoire serait belle.