La perspective d'une grosse moisson aux championnats d'Europe d'athlétisme de Rome était déjà sur toutes les lèvres avant même le premier coup de feu à Rome. Mais aujourd'hui, le bilan des Suisses étonne même les plus optimistes. Neuf médailles, dont quatre en or. Le précédent record de médailles de Munich 2022, qui en comptait six, a été pulvérisé. La Suisse s'est même classée au cinquième rang du tableau, devançant notamment la grande puissance sportive qu'est l'Allemagne.
Pour les dirigeants gravitant autour du chef de sport de performance de Swiss Athletics Philipp Bandi, un chiffre est encore plus parlant: en effet, leurs poulains se sont retrouvés en finale à 18 reprises. La Suisse se classe ainsi au 7e rangs des nations comptant le plus de finalistes au sein des 49 disciplines de ces championnats d'Europe.
Une disette de 36 ans!
Ce classement montre à quel point l'athlétisme suisse est désormais diversifié. Un progrès collectif donc, même si – et c'est bien normal – on profite également de talents individuels d'exception comme Mujinga Kambundji ou, depuis peu, Dominic Lobalu.
La moisson dorée de Rome accroît l'engouement à l'approche des JO Paris. Et pour cause! L'athlétisme suisse peut enfin prétendre à sa première médaille olympique depuis 36 ans.
Plus d'athlétisme
Jusqu'en 1952, il n'y a eu que six médailles suisses, dont quatre en marche. Dans l'ère «moderne», il n'y en a eu que deux: en 1984 avec Markus Ryffel et en 1988 grâce à Werner Günthör.
Moser et Kambundji lorgnent les sommets
Bien sûr, une compétition réunissant la crème de l'athlétisme mondial est une autre paire de manches. Mais Angelica Moser et Ditaji Kambundji ont remporté leurs médailles européennes avec des hauteurs et des temps dignes des meilleurs athlètes de la planète.
Le secret de la réussite suisse réside dans le fait que la fédération n'est pas toute-puissante et ne contrôle pas tout comme dans d'autres pays ou dans d'autres sports. Swiss Athletics fonctionne comme une sorte d'organisation faîtière qui ne s'immisce pas trop dans les affaires des athlètes, mais qui les soutient individuellement. Ditaji Kambundji souhaite faire sa préparation pour le sprint avec sa sœur dans un endroit et s'entraîner sur le haies dans un autre? Grand bien lui fasse!
La championne d'Europe de perche Agelica Moser veut créer un environnement parfait pour elle en s'entourant d'Adrian Rothenbühler, quand bien même il n'est pas du tout coach de saut à la perche? La fédération soutient cette idée. Simon Ehammer et Annik Kälin veulent faire tantôt un concours général, tantôt se limiter au saut en longueur, ou tantôt les deux? Qu'ils agissent comme bon leur semble.
L'exemble parlant de Dominic Lobalu
Ou l'exemple de Dominic Lobalu. Après un parcours de vie tout simplement fou, cet orphelin a trouvé une terre accueil en Suisse orientale. Et avec Markus Hagmann, il s'est trouvé un entraîneur et un homme de confiance. Le cas de Lobalu illustre également la philosophie de Swiss Athletics qui, depuis des années, n'a cessé de batailler avec la fédération internationale pour que l'ex-réfugié obtienne l'autorisation de concourir malgré l'absence de passeport.
Le fait que le patron de World Athletics, Sebastian Coe, se soit rendu à Rome en tant que VIP, en plein samedi après-midi caniculaire, pour assister à un événement des fans de Swiss Athletics, et qu'il ait laissé tomber d'autres invitations, montre également que la petite Suisse est devenue un acteur international.
Un autre facteur de succès, connu depuis longtemps, réside enfin dans l'implication... d'une grande banque. L'UBS Kids Cup, une sorte de vaisseau de scouting de la relève, bourdonne comme jamais depuis son lancement en 2011 en vue des Championnats d'Europe 2014 à domicile. Un événement qui a permis à un certain Timothé Mumenthaler de découvrir l'athlétisme. La formule a d'ailleurs été reprise à l'international. Alors, qui dit mieux?