Elles sont nombreuses, les stars qui défilent à Paléo. Après leur show et quelques interviews, elles s’en vont comme elles étaient venues, sans laisser de traces. Et puis, il y a ceux qui restent, ceux qu’on voit chaque année et qui sont presque devenus un membre de la famille le temps d’une semaine. Je parle bien évidemment de Mik Clavet, le présentateur de la grande scène de Paléo depuis une bonne trentaine d’années maintenant.
Ce sympathique Québécois aux cheveux longs et ondulés, c’est notre petite star Paléo à nous. Tant qu’à faire, autant le présenter comme il se doit, lui aussi.
Voyager en Europe, puis rester
À la base, Mik Clavet était censé n’être que de passage à Nyon. À l’époque, il a à peine 30 ans et décide de faire un voyage en Europe. «J’avais hyper envie de venir sur le continent. Mais jamais je n’aurais imaginé m’installer ici», confie celui qui ne me révélera pas son âge «parce que ça ne change rien», comme il le dit.
Un ami québécois, qui bossait dans le festival à l’époque, lui propose de passer à Nyon. «Il connaissait Daniel Rossellat et c’est comme ça que j’ai été introduit au festival.»
Amateur de travaux manuels
Mik s’occupe d’abord de monter les scènes. «J’ai toujours été fort en travaux manuels. J’ai été menuisier et j’ai fait plein d’autres choses dans le genre. Je m’occupe d’ailleurs des scènes et des décors à la RTS aujourd’hui», explique le speaker avant d’ajouter qu’il a étudié l’art plastique. «J’ai même fait une formation pour enseigner, mais je n’ai jamais vraiment pratiqué. Moi, j’aime plutôt manipuler des choses, bouger, travailler avec mes mains...»
Un soir, le staff se rend compte qu’il n’y a personne pour présenter l’artiste qui s’apprête à monter sur scène. «On m’a proposé d’y aller et j’ai dit oui. Depuis, c’est moi qui m’occupe de ça. Avant, j’étais au Dôme et, désormais, à la grande scène.»
Le stress encore et toujours
Durant 30 ans, Mik chauffe le public et introduit les artistes qui s’apprêtent à chanter. «Je t’avoue que je suis toujours stressé avant de monter sur scène. Franchement, qui ne le serait pas devant des milliers de personnes!», avoue le bénévole.
Il n’empêche que «l’esprit Paléo», comme il l’appelle, finit par prendre le pas sur le stress. «C’est tellement un plaisir d’être là. C’est un immense privilège. On est quand même à côté de tout grands artistes, ça fait quelque chose.»
Et puis, avoir peur de bafouiller ou de se mélanger les pinceaux au moment de présenter un musicien, c’est plutôt compréhensible. Mais il paraît que les stars aussi se trompent parfois… «Je me souviens de Johnny Hallyday qui avait crié: 'Bonsoir Genève' et les gens n’étaient pas tous très contents. Il devait loger à Genève et pensait peut-être que Nyon faisait partie de la campagne genevoise», s’amuse le Québécois.
Des années de joie et la pause qui fait mal
En 2019, tout s’arrête. La pandémie fait rage dans le monde entier et Paléo en fait aussi les frais. «Je suis venu sur la plaine de l’Asse en été 2020 et en 2021. J’étais là, tout seul, et il n’y avait rien. Aucune installation, que dalle. C’était bizarre. J’étais triste et aussi très nostalgique», explique Mik.
Alors oui, au moment de revenir pour la 45e édition, le staff est aux anges: «On était trop content de se retrouver, on s’est pris dans les bras.»
Revoir la grande scène était un moment tout particulier pour le speaker. Sans oublier les festivaliers, qui font vivre le Paléo. «On me reconnaît, on me salue et on me demande même des photos. Ça me fait toujours très plaisir. Et c’est rigolo de tomber sur des jeunes de 20 ans qui t’ont vu quand ils étaient tout petits.»
Le sanctuaire
Mais alors, passer une semaine dans le bruit et la fête ne rend-il pas la réalité un peu morose, finalement? «Pas du tout. Tu sais, moi je n’ai aucun souci avec le silence. Je n’ai pas besoin d’avoir la radio ou la télé allumée chez moi. J’aime le calme. D’ailleurs, cet été, je pars trois semaines chez ma sœur au Québec. Elle vit dans un chalet perdu dans la forêt. J’adore ça!»
Et même si ce n’est pas toujours le calme plat, Mik a créé une sorte de petit sanctuaire sous la grande scène. «Une partie du staff dort sous la scène et j’y ai une chambre que j’ai aménagée. C’est là que je me ressource, que je me prépare avant de monter présenter un artiste et que je rédige mes textes.»
Ce qui est sûr, c’est que Mik a pris ses quartiers à Nyon et ne compte pas repartir de sitôt. «Disons que je suis Québécois dans le cœur, mais ma maison, c’est ici.»