Une toute nouvelle application s’est frayé un chemin parmi les très connus Instagram, TikTok et compagnie. Son nom: BeReal («sois vrai» en anglais). Le concept est plutôt simple: prendre une photo à un moment imprévisible de sa journée lorsque l’on reçoit une alerte et ce, en moins de deux minutes. Autant dire que dans certaines situations, se plier à cette sollicitation est mission impossible. Recevoir une notif' alors qu’on est sur le trône ou à l’enterrement de mémé, c’est chaud…
La raison pour laquelle je vous parle du phénomène? Eh bien parce qu’il fait un carton, tout simplement. Même si on est loin des milliards de téléchargements d’Instagram, il n’empêche qu’au bout de deux ans d’existence, l’application française connaît un joli petit succès. La grande majorité de ses 28 millions de téléchargements ont été effectués cette année selon la plateforme Business of Apps. En juillet dernier, BeReal était d’ailleurs numéro 1 sur l’AppStore aux Etats-Unis. Rien que ça.
J’ai testé pour vous…
Bon, la théorie c’est sympatoche, mais en pratique, ça donne quoi? Il est 9h et des poussières et je décide de télécharger l’app pour voir. Je tape donc «BeReal» sur l’AppStore et je tombe dessus. J’installe tout cela et au bout de quelques secondes, je reçois déjà une notification qui me demande de poster une photo dans les deux minutes chrono. En contrepartie, j’aurai accès aux clichés pris sur le vif de mes amis (spoiler alert: j’en ai deux).
Oui, sauf que cette minuterie qui ressemble de façon inquiétante à une bombe, ça me stresse. Je suis à deux doigts de faire un malaise vagal. Et surtout, je me vois mal dégainer mon téléphone en plein briefing.
Tant pis, j’abandonne. Heureusement, ma collègue, grande connaisseuse des réseaux sociaux, me rassure: je pourrai faire la photo plus tard. Toutefois, cette dernière sera catégorisée «Late». Tout le monde saura que j’ai manqué à l’appel. Ah…
Quelques heures plus tard, je me décide à poster un cliché. À ma grande surprise, mon téléphone se met en mode selfie, mais l’appareil prend aussi une photo de la vue. Faire une jolie photo du paysage tout en ayant la tête dans le cul: on oublie. Prendre plusieurs clichés pour être sûr d’être au top? C’est une éventualité. Oui, sauf que les utilisateurs peuvent savoir à combien de fois vous vous y êtes pris. Deux essais, ça passe. À partir de trois, on comprend vite qu’il y a anguille sous roche.
Se montrer tel qu’on est, sans filtre
Mais pourquoi empêcher les utilisateurs de balancer du rêve? Parce qu’en 2022, on aspire à l’authenticité, même sur les réseaux, vous voyez… Le but de l’app est donc de prendre des clichés sur le vif, le tout sans mise en scène.
Pour Alexis Barreyat et Kévin Perrea, les deux créateurs de BeReal, il s’agit surtout de se différencier des géants comme Instagram ou TikTok où les influenceurs, les filtres et leurs «j’aime» sont rois. D’ailleurs, pas question de voir des likes sur BeReal. On réagit simplement avec des smileys ou des selfies.
Quant à chaque nouvelle photo, elle disparaît au bout de 24 heures. «Je ne voulais pas que l’on juge une photo en fonction du nombre de réactions», explique Alexis Barreyat au journal Le Parisien. Jouer les stars avec un écran interposé, c’est TER-MI-NÉ. Et apparemment, ça plaît.
Une app pensée pour la Gen Z
La cible de ce nouveau phénomène? Les ados, soit la Gen Z, qui sont particulièrement friands du nouveau réseau social. Fini les clichés de vos plats super instagrammables que vous avez fini par manger froid. Bye bye les photos de vacances, les pieds en éventail à la plage. Hasta la vista les filtres qui embellissent votre quotidien. Désormais, on veut voir des photos d’apéros floues, des open spaces chiants comme la mort et des appartements mal rangés.
Force est de constater que l’authenticité, c’est cool sur le papier, mais c’est aussi beaucoup d’ennui. Et surtout, voir que ses potes ont une vie tout aussi plate que la nôtre, c’est très rassurant.
L’époque où on s’affichait en train de vivre notre meilleure vie (en apparence en tout cas) est-elle donc révolue? Peut-être bien. Les influenceuses et les gens qui vivent leur soit-disante best life n’ont donc qu’à bien se tenir.