La production suisse de séries télévisées et de films est méconnue, mais existe bel et bien! Pour sortir des sentiers battus des grosses productions anglo-saxonnes et découvrir des pépites made in Switzerland, nous vous avons sélectionné quatre séries suisses qui valent le coup d'œil. Avec des cow-boys, une enquête, une ferme familiale en perdition et, forcément, des banquiers.
«Station Horizon» (Play Suisse)
Est-on bien en Valais, comme le promet cette série sortie en 2015? À voir les Harley Davidson et les chapeaux de cow-boys des habitants de la ville fictive d’Horizonville, décor de «Station Horizon», on pourrait en douter. Cette fiction rend pourtant hommage à une partie des habitants du canton qui vivent à l’américaine, sur des airs de country, ce qui lui confère une atmosphère des plus originales.
Du côté de l’histoire, on suit Joris, de retour dans sa ville natale après 25 ans derrière les barreaux, et bien décidé à sauver la station essence familiale que son frère préfèrerait vendre. Ce qui, bien entendu, provoque tensions et rivalités entre deux familles bien implantées. «Station Horizon» possède un indéniable souffle et des personnages portés par leurs tiraillements entre l’attachement à leur pays et leurs envies d’ailleurs.
«Hors Saison» (Play Suisse)
Sterenn, capitaine de police suisse qui vit dans les Alpes, enquête sur le meurtre d’une jeune femme laissée au pied d’une montagne dans une mise en scène macabre. Elle fait rapidement la connaissance de Lyes, enquêteur français, qui lui apprend que de l’autre côté de la frontière, un corps a été retrouvé dans des circonstances similaires. Ensemble, ils tentent alors de démasquer ce qui ressemble fort à un tueur en série.
Réalisée par le Fribourgeois Pierre Monnard, «Hors Saison» fait partie d’un genre surexploité sur le petit écran: la mini-série policière. Pourtant, elle se démarque de la masse de productions médiocres par son écriture surprenante, qui permet de ciseler des personnages complexes et subtils. Ces derniers sont remarquablement bien interprétés. Marina Hands, dans le rôle de Sterenn, et Sofiane Zermani (également connu sous le surnom Fianso sur la scène rap) dans celui de Lyes, ont une véritable alchimie et savent nuancer leur jeu.
«Neumatt» (Netflix, Play Suisse)
Il fallait bien une série suisse allemande dans notre sélection, et la voici! «Neumatt» s’intéresse à Michi, jeune consultant dans une grosse entreprise de Zürich, dont le père agriculteur décède brutalement. Le voici contraint de rentrer dans la ferme familiale pour retrouver sa mère, son frère Lorenz et sa sœur Sarah. Des trois enfants, seul Lorenz, le petit dernier un peu gauche, reste attaché à l’exploitation, tandis que Michi et Sarah songent à la vendre.
«Neumatt» fait preuve d’une certaine délicatesse dans l’esquisse de ses personnages et de leurs tourments, qui n’ont rien de caricatural. La série aborde évidemment la question du deuil, mais aussi celle de l’homosexualité en milieu rural et du rapport complexe à son milieu d’origine quand, comme Michi, on est un transfuge de classe.
«Quartier des Banques» (Play Suisse)
Impossible de parler de séries suisses sans en évoquer au moins une qui s’intéresse à la spécialité locale la plus reconnue dans le monde: le secret bancaire. La production helvético-belge «Quartier des Banques» commence avec le coma de Paul Grangier, président de la banque privée familiale du même nom. Diabétique, il se serait injecté une surdose d’insuline. Impensable, selon sa soeur Elisabeth, qui soupçonne rapidement une tentative de meurtre. D’autant que son frère, comme elle le découvre rapidement, trempait dans des affaires pas très nettes…
La série plante son décor dans l’imbroglio diplomatico-économique de 2012, lorsque l’administration de Barack Obama avait voulu imposer à la Suisse la levée du secret bancaire de ses clients en délicatesse avec le fisc américain. Contexte passionnant s’il en est, qui permet de mêler les malversations financières et familiales, en plongeant dans les turpitudes de la famille Grangier. Certes, «Quartier des Banques» a parfois des faiblesses, notamment dans ses scènes d’action pas très crédibles. Mais celles-ci sont peu nombreuses et la tension naît ailleurs: d’une véritable maîtrise du cliffhanger, d’abord, puis du jeu impeccable des comédiens.