Vladimir Poutine est un dictateur qui a peur. Cette réalité, que le président russe a d’ailleurs confirmée en lançant son armée à l’assaut de l’Ukraine pour «protéger» son pays, ne doit jamais être oubliée. La Russie n’est peut-être pas aussi ébranlée que l’Union européenne l’espérait, malgré ses douze paquets de sanctions économiques et financières (un treizième est attendu pour le deuxième anniversaire du conflit, le 24 février prochain).
Moscou peut même se targuer de poursuivre, notamment en Afrique, son entreprise de déstabilisation géopolitique contre l’influence occidentale. Reste les faits: l’OTAN, que la Suède pourrait bientôt rejoindre après l'approbation de son adhésion par le parlement turc (la Hongrie suivra sous peu), est de très loin militairement plus fort que l’ours Russe, aussi enragé soit-il.
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Ne nous laissons donc impressionner par les prétendus plans d’attaque contre l’OTAN de Vladimir Poutine et de son État-Major, évoqués par le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius. À quelques semaines de la prochaine conférence annuelle sur la sécurité de Munich (Bavière) qui se tiendra du 16 au 18 février, le rapport de force est très largement en faveur du camp occidental. La guerre en Ukraine a prouvé les déficiences de l’armée russe et de son commandement. Elle montre, encore aujourd’hui, que la seule stratégie en vigueur du côté russe est celle des destructions maximales, sans aucune considération pour le nombre de morts civils.
Elle oblige surtout les alliés à renouveler leurs arsenaux, donc à s’équiper de matériels encore plus modernes et performants. L’OTAN a des raisons de redouter une Russie qui a le dos au mur. Mais le pire serait, pour l’Alliance dont le prochain sommet aura lieu à Washington en juillet – pour son 75e anniversaire – de se mettre à douter de ses capacités à protéger notre continent et nos démocraties.
Assuré d’être réélu
Poutine a peur, et c’est bien pour cela qu’il nous menace. Le président russe, assuré d’être réélu le 17 mars prochain, sait que son armée est un repoussoir pour tous les peuples d’Europe de l’Est qui conserve dans leur chair les souvenirs de l’oppression soviétique. Il sait aussi que dans son propre pays, le moindre déverrouillage de l’étau policier et militaire entraînera des manifestations et des protestations pour un arrêt des hostilités, comme on vient de le voir dans la petite république du Bachkortostan.
Sa seule stratégie est donc de pousser toujours loin ses pions nationalistes et impériaux. Sa propagande guerrière, avec l’OTAN comme cible, est la garantie de sa survie. Sans ennemi, et sans «nazis ukrainiens» à éliminer, sa dictature se retrouverait aussitôt ébranlée.
Le débat sur les erreurs stratégiques de l’OTAN au début des années 2000 n’est pas injustifié, mais il est aujourd’hui l’affaire des historiens et des diplomates. Celui sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Alliance a été tranché. Ces deux pays scandinaves n’ont pas rendu un bon service à la neutralité. Ils placent la Suisse et l’Autriche dans une position de plus en plus difficile, que l’on peut regretter.
Le cas de la Suède a également permis au président turc Erdogan, dont le pays n’applique pas les sanctions européennes contre la Russie, de faire monter un peu plus les enchères, ce qui est dommageable entre alliés. Ne nous trompons pas: l’intérêt de Poutine est une Alliance fracturée, ébranlée par la possible réélection de Donald Trump en novembre 2024.
Voulue par la Russie
Voulue par le Kremlin et poursuivie par elle de la pire façon, à coups de drones, de missiles et d’artillerie, la guerre en Ukraine et ses dizaines de milliers de morts exige de garder confiance et de faire face ensemble pour que les frontières de l’OTAN demeurent inviolées. Chaque brèche, chaque fissure, chaque moment de doute au sein de la plus puissante coalition militaire au monde n’ont à ce stade qu’un bénéficiaire: Vladimir Poutine.