Vladimir Poutine a construit son pouvoir par la peur et la terreur. Jamais il n’a hésité, sur le sol de la Russie comme en Syrie ou aujourd’hui en Ukraine, à faire massacrer des civils.
Le président russe, tout juste réélu, est même soupçonné d’avoir, pour accéder à la tête de son immense pays, profité de la vague de répression déclenchée après des attentats sans doute fomentés par les services de sécurité, en 1999-2000. Tel est le bilan de l’homme que l’État islamique Khorasan vient de défier avec l’abominable tuerie du centre culturel Crocus.
Ce bilan n’est en rien une justification pour ce massacre commis par un commando de tueurs résolu à tuer le maximum d’innocents, dont le seul crime était de vouloir assister à un concert de rock, comme cela était déjà le cas le 13 novembre 2015 à Paris, au Bataclan.
Si les auteurs de cette tuerie sont bien des membres de l’État islamique Khorasan, leur traque, et leur procès à venir seront justifiés s’ils sont capturés, à condition bien sûr que tout cela se fasse sur la base de faits avérés, et non de manipulations policières et politiques.
De Paris à Moscou
Comparer l’attentat qui vient d’ensanglanter Moscou et les attaques islamistes commises en France, en Belgique ou dans d’autres pays européens est, en revanche, un raisonnement très discutable.
Oui, le modus operandi est similaire. Oui, il s’agit bien de terrorisme. Mais la Russie de 2024 paie aussi le prix de la terreur pratiquée par son régime. Vladimir Poutine n’est pas défié, à proximité de sa capitale, parce qu’il défend la laïcité et qu’il incarne la liberté de l’Occident si détestable pour les islamistes fanatiques. Le président russe est attaqué parce que son armée a semé la terreur en Syrie, après avoir aplati la Tchétchénie pour la pacifier et installer à sa tête un dictateur à la botte du Kremlin.
La force brute
L’engrenage russe est implacable. En faisant de la force brute l’instrument ultime de son pouvoir, Vladimir Poutine n’est pas venu à bout des terroristes qu’il promettait d’éliminer. Tout comme il ne viendra jamais à bout des soi-disant «néonazis» ukrainiens. Les guerres américaines en Irak et en Afghanistan ont aussi, on le sait, entretenu cette folie nihiliste que l’État islamique ou Al Qaïda ont su capter. La tragédie de Gaza, après l’assaut terroriste du 7 octobre contre Israël, est aussi un chaudron de folies meurtrières. On ne refait pas l’histoire. Elle se déroule sous nos yeux.
Les terroristes ne seront jamais tous butés «jusque dans les chiottes», comme le promettait Poutine en 1999. Ils nourrissent leur barbarie de la violence absolue. Et croire que la tyrannie est la meilleure manière de les éliminer sera toujours une illusion.