On aurait pu se demander pourquoi une Municipalité ultra-majoritairement de gauche pratique une politique répressive de droite à l’égard de la mendicité dans ses rues. On aurait pu se demander si Lausanne, en interdisant quasiment partout le fait de tendre la main dans son centre-ville, ne contournait pas par la bande les juges de Strasbourg qui avaient clairement proscrit une interdiction générale en la matière, contraignant d’ailleurs les Cantons de Vaud et de Genève à revoir leur copie.
Mais voilà. Nous sommes le mardi 20 septembre et les débats sur le sujet au sein du Conseil communal dérapent. Une élue d’Ensemble à Gauche, Franziska Meinherz, atteint un honteux point Godwin en comparant les propos du municipal de la Sécurité à ceux des nazis. Une sortie de route qui fera davantage de bruit dans les médias que l’assourdissante misère des membres les plus pauvres et les plus marginalisés de notre société dont il était à la base question.
La première à s’en offusquer sur Facebook? Celle-là même qui a assimilé le libéral-radical Pierre-Antoine Hildbrand à l’Allemagne des années 1930, devant une assemblée partiellement médusée. Avant de prétendre qu’elle ne l’a jamais fait, tout en le rapprochant à nouveau du national-socialisme sur nos plateformes. Oui, c’est une gymnastique compliquée.
Les mots ont un sens
À l’indécence s’ajoute la malhonnêteté intellectuelle. La conseillère communale d’extrême-gauche ne peut pas faire basculer une séance de l’organe délibérant de la capitale cantonale dans la politique spectacle puis se plaindre des conséquences de son petit numéro de claquettes au goût rance. La conseillère communale d’extrême-gauche ne peut pas suggérer que Pierre-Antoine Hildbrand a du «Arbeit macht frei» dans les idées lorsqu’il défend, en bon libéral, l’émancipation par le travail.
À dire vrai, personne d’un tantinet raisonnable ne le peut. Construire des ponts entre la prise de position de l’édile lausannois et les discours qui ont conduit au Porajmos, le génocide commis par le régime nazi contre les Roms, est, au mieux, une bourde infamante. Au pire? Une invocation frauduleuse des spectres de l’Holocauste dans un débat public qui mérite définitivement mieux.
Alors bien sûr, chère Franziska Meinherz, comme vous le dites vous-même: «Les mots ont un sens». Mais les vôtres, gangrenés par l’outrance, doivent désormais être oubliés le plus vite possible. Jusqu’aux prochaines élections?