Clara Chappaz, la Ministre déléguée française de l'Intelligence artificielle et du Numérique, a déclaré début janvier lors d'une émission de France 5 (télévision publique) que les Français ont désormais des outils pour supprimer les «fausses opinions» des plates-formes numériques.
Il s'agissait certes d'un lapsus, car peu après, il était à nouveau question de «fausses nouvelles», mais le lapsus est révélateur. De mon point de vue, il reflète ce que beaucoup pensent: il y a de vraies et de fausses opinions.
Le discours public entravé
Voici un petit florilège de «vraies» opinions: 1. Le changement climatique est un danger imminent et l'humanité doit renoncer à tous les combustibles fossiles dans les 25 ans sous peine de disparition. 2. Il existe un nombre indéfini de genres, pas seulement femme et homme, mais simplement ce que chaque personne ressent. 3. La migration de masse est une chance pour la Suisse. 4. Les frontières doivent être abolies, chaque personne doit pouvoir s'installer là où elle le souhaite.
Depuis des années, le monde des médias, une grande partie des milieux politiques et de la société civile se plient de manière plus ou moins évidente à ces opinions. Si une personne ou un parti politique remet en question ou veut nuancer ces dogmes, la critique acerbe est immédiate et la mort sociale n'est plus très loin. Quiconque s'essaie à réfuter ces éléments est instantanément taxé au mieux d'extrême droite et au pire de nazi.
C'est ainsi que les gens sont intimidés et que le discours public est massivement entravé. A cela s'ajoute le fait que Facebook, à l'époque Twitter, et d'autres plates-formes ont systématiquement censuré pendant des années les opinions divergentes sur le Covid-19, la migration ou les affaires du fils de Joe Biden. Cela a d'ailleurs été confirmé récemment par Mark Zuckerberg et les «Twitter-files» ont montré que le FBI avait pratiquement un bureau permanent dans les locaux de la plateforme.
Contrôle des réseaux sociaux
La nouvelle administration américaine entraine un changement de paradigme. La liberté d'expression est à nouveau mise en avant. La pression monte également en Europe. Pourtant, l'UE a introduit une terrible réglementation, appelée DSA (Digital Service Act). Sous couvert de lutte contre les «fake news», cette réglementation prévoit un contrôle massif sur les réseaux sociaux, avec des conséquences jusqu'aux élections.
L'ancien commissaire européen Thierry Breton a récemment déclaré sur la radio RMC qu'on l'a fait en Roumanie» en évoquant l'annulation de l'élection présidentielle en raison de prétendues influences étrangères sur TikTok. Il avait aussi déclaré qu'il faudrait éventuellement appliquer les règles européennes aux élections allemandes. Beaucoup interprètent cela comme une confirmation de l'influence inacceptable de l'UE sur les élections.
Bizarrement, le même Thierry Breton n'a pas protesté lorsque pratiquement tous les politiciens d'Europe, et l’écrasante majorité des médias, ont fait campagne explicitement pour Kamala Harris ou contre Donald Trump pendant des mois.
Toutes les opinions doivent être entendues
Le Parlement suisse devra également se pencher sur le sujet, car le Conseil fédéral propose de reprendre les principes du DSA. Ce serait une erreur fatale. Si l'UE veut devenir un réduit totalitaire où l'État n'autorise que les «bonnes» opinions, qu'il en soit ainsi.
La Suisse doit quant à elle rester un îlot de liberté. La liberté d'expression est la pierre angulaire de la démocratie. Même les opinions désagréables à entendre, voire les faits incorrects, doivent pouvoir être exprimés. C'est le seul moyen de les réfuter.
Une société confrontée à des propos idiots ou grossièrement faux développera tout naturellement des anticorps. Ce n'est que lorsque quelqu'un affirme que la terre est plate que l'on peut se rappeler et expliquer pourquoi ce n'est pas le cas. Et n’oublions pas qu’une décision populaire prise par des millions de personnes vaut toujours mieux qu’une décision prise par un petit groupe de personnes se croyant savantes. Le meilleur instrument contre les «fake news» est donc une population bien formée qui a appris à penser de manière critique pour contrer les idioties. La censure étatique est le pire des instruments car il est intrinsèquement totalitaire.