La chronique de Manfred Bühler
Non au délire décroissantiste

Dans sa toute première chronique pour Blick, le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC), Manfred Bühler critique ardemment l'initiative des Jeunes Vert-e-s sur la responsabilité environnementale qui sera soumise au peuple le 9 février prochain.
Publié: 21.01.2025 à 16:16 heures
Pour le conseiller national UDC, Manfred Bühler, l'initiative sur la responsabilité environnementale est une dangereuse utopie.
Manfred Bühler, conseiller national UDC

L’initiative fédérale en votation le 9 février prétend inscrire les activités économiques de la Suisse à l’intérieur des limites planétaires. Un objectif louable en théorie. Nous aimerions tous vivre, n’est-ce pas? Parce qu’en théorie, tout marche. La pratique et la réalité quant à elles se présentent autrement. La mise en œuvre de l’objectif de l’initiative signifierait un changement complet de vie pour nous toutes et tous.

Prenons le seul exemple du CO2 issu du charbon, du pétrole et du gaz brûlés pour nos activités. Un objectif ambitieux en la matière est déjà contenu dans l’accord de Paris conclu en 2015, et qui signifierait une baisse dès demain matin de 5% des émissions de CO2. En clair, une baisse correspondante de l’utilisation de ces combustibles. La dernière fois que l’humanité a connu une réduction de cet ordre de grandeur, c’était avec le COVID en 2020, provoquant la mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie mondiale. Tout le monde se rappelle des usines arrêtées, des avions cloués au sol, des déplacements en voiture réduits ou des porte-containers immobiles sur les mers. La fois précédente était en 1945, lorsque l’industrie du Japon et de l’Allemagne ont été rayées de la carte.

Les conséquences économiques du COVID ont été ravageuses: pertes d’emplois, explosion des dépenses sociales, endettement public et privé et appauvrissement de couches entières de la population. Etes-vous donc disposés à supporter un effort identique, à savoir ajouter chaque année une baisse de niveau de vie correspondant à un COVID supplémentaire? Certes non, cela relève du délire complet. Et bien figurez-vous que l’initiative fixe le délai à 2040 au lieu de 2050 pour l’accord de Paris, augmentant d’autant la vitesse de la baisse de votre niveau de vie! 

Une utopie dangereuse

En plus de la question du CO2, l’initiative toucherait aussi tous les autres domaines d’utilisation des ressources : sols, air, eau, minerais, forêts, etc. La plupart de nos utilisations de ces ressources devraient être divisées par 5 à 10 en ordre de grandeur. En théorie, cet objectif peut paraître séduisant. En pratique, cela ferait par exemple passer la surface habitable chauffée par personne de 40m2 en moyenne à 5 ou 10 m2. 

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L’Etat deviendrait une gigantesque machine à distribuer des tickets de rationnement pour tous vos actes du quotidien
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Il faudrait aussi diviser par 5 ou 10 chacune de vos consommations d’objets et de services. Le système de santé serait aussi touché: les hôpitaux, équipements médicaux et médicaments nécessitent énormément de ressources métalliques ou minérales et sollicitent fortement l’industrie chimique dans une économie globalisée. Et il y a bien entendu vos déplacements en voiture, avion ou même en train qui devraient être drastiquement réduits. Et oui, même les trains consomment des quantités phénoménales d’énergie, de métaux et de ressources pour construire et entretenir les rames, voies, tunnels, viaducs et gares! 

L’initiative des jeunes Verts est donc une utopie dangereuse qui causerait un appauvrissement massif de notre population et ramènerait le niveau de vie en Suisse peu ou prou au XIXème siècle. L’Etat deviendrait une gigantesque machine à distribuer des tickets de rationnement pour tous vos actes du quotidien. C’est donc sans le moindre état d’âme que je voterai non le 9 février à ce délire décroissantiste.

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