Fin mai, la Poste a largué une véritable bombe en annonçant la fermeture de plus de 170 offices postaux d’ici 2028. Ce nouveau sabrage de service public va porter le nombre de filiales à 600, soit moins de la moitié du réseau postal de 2016.
Avec l’augmentation du prix des timbres et des colis, c’est une véritable cure d’austérité que la Poste Suisse nous impose et continue de nous imposer depuis la libéralisation des PTT en 1998.
Un service postal socialement injuste…
À la base, la poste est un des seuls services publics capables d’atteindre l’ensemble de la population, peu importe son lieu de résidence, son statut social ou sa situation économique. En ce sens, le service postal agit comme un véritable trait d’union entre toutes les régions de notre pays, des contrées périphériques aux grands centres urbains, indispensable à la cohésion sociale et nationale de notre chère Helvétie.
Or, force est de constater que les idéaux du marché supplantent dangereusement l’accessibilité universelle de ce service public en supprimant à la hache des dizaines d’offices postaux, et ce, principalement dans les zones rurales et les quartiers populaires.
… et qui se dématérialise
C’est le tube de ces dernières années: la numérisation est une constante traversant l’ensemble des domaines de notre vie quotidienne. Les services postaux n’y font pas exception. Cette évolution répond certes à un besoin et une demande d’une frange de la population, mais cela ne coule pas de source pour tout le monde. Couplée à la suppression de nombreux offices postaux de proximité, la digitalisation d’un large panel des prestations de la Poste Suisse renforce l’exclusion d’une partie de la population.
Cette fracture numérique ne concerne pas uniquement nos aîné-e-s. En effet, au-delà de l’âge, la question de l’accessibilité à l’informatique et à Internet ainsi que les compétences nécessaires pour utiliser ses outils sont injustement réparties. Les personnes ayant un statut socio-économique précaire sont ainsi durement frappées par cette dématérialisation des services postaux.
Un service public à deux vitesses
Comme d’habitude, lorsqu’un service public est rogné pour des motifs économiques, ce sont toujours les plus vulnérables d’entre nous qui casquent. Comment dès lors ne pas développer un sentiment d’abandon de la part de l’Etat? Comment ne pas avoir l’impression d’être traité comme un-e citoyen-ne de seconde zone?
Sucrer des dizaines d’offices postaux à travers la Suisse, c’est créer une poste à deux vitesses. Si vous habitez les quartiers chics des villes, vous avez tout à portée de main. Si vous vivez au contraire dans un petit village reculé et que vous n’avez pas de voiture, il faudra décupler d’ingéniosité pour aller chercher votre recommandé ou poster un colis.
Tout ceci ne fait que renforcer le sentiment d’une société stratifiée. Les résultats aux élections européennes de ce dimanche, notamment en France, montrent pourtant où mènent les politiques néolibérales méprisant et maltraitant les services publics pour des raisons de sacrosainte efficience…
Une Poste pour les gens!
Il est donc grand temps que l’intérêt collectif prime à nouveau sur de cyniques démantèlements économiques! La Confédération doit reprendre la main et insuffler à nouveau une bonne dose d’équité sociale afin d’éviter tout désert postal.
Dans ce sens, le Parti socialiste propose plusieurs pistes pour garantir une véritable accessibilité universelle et de qualité. Améliorer les conditions de collaborations entre les offices postaux et les communes, arrêter les partenariats avec des prestataires à but lucratif, renoncer aux dividendes versés à la Confédération, revaloriser le travail de postier/postière, etc. En défendant un service public postal fort, nous défendons l’idée que cette prestation doit échapper aux logiques du marché et profiter à toutes et tous, sans distinction de localisation géographique ou de statut social.