La chronique de Jacqueline de Quattro
Halte au tourisme médical de migrants illégaux

Notre chroniqueuse Jacqueline de Quattro, conseillère nationale libérale-radicale, revient cette semaine sur le tourisme médical en Suisse. La Vaudoise demande au Conseil fédéral de prendre des mesures pour l'enrayer.
Publié: 26.09.2024 à 12:36 heures
Jacqueline de Quattro, conseillère nationale PLR
La gare de Chiasso (TI) est un point de passage particulièrement surveillé.
Photo: KEYSTONE

A l’heure où la population reçoit une nouvelle augmentation des primes maladie pour l’année prochaine, il est inacceptable que des personnes n’ayant pas droit à l’asile viennent en Suisse pour se faire soigner aux frais du contribuable. Ce tourisme médical doit être stoppé. Pour les demandeurs d’asile en situation irrégulière, le remboursement des soins médicaux doit être limité aux soins d’urgence.

La Suisse dispose d’un des meilleurs systèmes de santé au monde et accessible à tous. Malheureusement, il fait de plus en plus l'objet d'abus flagrants. Des ressortissants provenant de pays qui ne donnent pas droit à l’asile viennent chez nous se faire soigner, pour des traitements souvent onéreux. Sans débourser un centime. En effet, les requérants arrivant dans notre pays sont assurés dès le premier jour.

Les exemples sont nombreux et certains ont fait la une de l’actualité. C’est ce qui s’est passé avec des Géorgiens: ils ont déposé une demande d'asile alors qu’ils savaient d’avance qu’ils n’y avaient pas droit. Ils ont tiré profit de la période d’évaluation de leur requête pour demander des soins médicaux s’élevant parfois à des sommes exorbitantes. Puis, ils sont retournés dans leur pays.

Abus du système

Parallèlement à ces abus notoires, il y a aussi beaucoup de migrants économiques qui saisissent l’opportunité de la période d’évaluation de leur demande d’admission pour obtenir des traitements dentaires, voire orthodontiques. C’est le cas de nombreux ressortissants africains dont les pays ne sont pas en guerre. Le Suisse, lui, doit payer le dentiste de sa poche.

En abusant du système, ces requérants discréditent notre politique d’asile et pénalisent tous ceux qui ont un besoin réel d’aide. Les personnes qui fuient des pays en guerre ou qui risquent la persécution et qui ont donc droit à l’asile doivent pouvoir avoir accès aux mêmes prestations de santé que la population. C’est conforme à notre tradition humanitaire et aux Conventions de Genève. Les excès par contre doivent être combattus. 

Voilà pourquoi j’ai demandé au Conseil fédéral de prendre des mesures pour enrayer le tourisme médical.

Mise en place d'une task force asile

De manière générale, la migration illégale doit être freinée. A l’image de nos voisins, la Suisse doit développer une véritable stratégie dans le domaine de l’asile. D’autant que les demandes d’asile ne cessent d’augmenter. Les cantons et les communes sont dépassés par le nombre de requérants illégaux, dont certains commettent des incivilités ou des délits, et la grogne de la population monte. 

Pour empoigner le problème, le Conseil national a accepté ma motion demandant au Conseil fédéral de mettre en place une task force asile. Cette dernière s'occupera non seulement de la gestion des défis dans le domaine de l’immigration mais proposera aussi des mesures pour prévenir les crises et juguler les dysfonctionnements. C’est un premier pas dans la bonne direction.

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«Si nous voulons continuer à accueillir les personnes ayant droit à notre protection, nous devons combattre les abus»
»

Mais cela ne suffit pas. Le PLR veut aller plus loin dans la lutte contre la migration illégale. Il a ainsi déposé toute une série propositions: il réclame de renforcer les contrôles d’identité aux points de passage frontaliers et dans les zones proches de la frontière. Il exige que la Suisse s’adapte au durcissement des règles de l’Union européenne afin d’intercepter les migrants illégaux. Et il invite le Conseil fédéral à mettre jour l’ancien rapport sur les coûts et bénéfices de Schengen/Dublin.

Si nous voulons continuer à accueillir les personnes ayant droit à notre protection, nous devons combattre les abus. A défaut, la compréhension et la compassion de nos concitoyens risque de s’éroder.

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