La désinformation est le poison du XXIe siècle. Les « fake news », les théories du complot foisonnent sur les réseaux sociaux. Ces méthodes aussi nauséabondes que redoutables n’ont plus aucune limite.
Elles cherchent aussi bien à fragiliser des États qu’à saper la confiance des citoyens à l’égard des institutions. Et elles peuvent conduire à des réactions extrêmes, voire des violences.
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C’est ce qui s’est passé en Angleterre, à la suite de l'attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes. Les émeutes ont éclaté sur fond de rumeurs en ligne décrivant le suspect de l'attaque de Southport comme un demandeur d'asile musulman alors qu’il s’agissait d’un adolescent né en Grande-Bretagne de parents originaires du Rwanda.
Une fois, pas deux!
À la suite de ces événements tragiques, les autorités britanniques ne sont pas restées les bras croisés. La ministre de l’Éducation exige de nouvelles mesures visant à offrir aux jeunes les compétences nécessaires pour acquérir un sens critique de ce qu'ils lisent en ligne. Elle veut inscrire cet objectif dans les programmes du primaire et du secondaire.
Des cours d'anglais pourraient ainsi être consacrés à l'analyse d'articles de journaux pour démêler les vraies des fausses nouvelles. Ceux qui ont trait à l’informatique aideraient à identifier les sites de fake news ou les images retouchées. Quant aux cours de mathématiques, ils mettraient l'accent sur l'interprétation des statistiques.
Une proposition pertinente qui fait sens. Car nos enfants sont les victimes toutes désignées de ces campagnes d’influence. La Suisse devrait s’inspirer de cette stratégie. Car elle n’est pas à l’abri de telles activités. Le Conseil fédéral reconnaît que notre pays risque de devenir une cible de ces campagnes d’influence. Et nos jeunes sont aussi vulnérables.
Les jeunes pour cible
Les extrémistes de tous bords cherchent les jeunes là où ils se trouvent: sur les réseaux sociaux ou les plateformes de jeux. Ils se focalisent sur les plus influençables. Ceux qui sont socialement isolés, en rupture, en colère. Des proies faciles.
Chez nous, plusieurs jeunes ont été récemment appréhendés, après avoir été endoctrinés par le biais de plateformes de jeux comme Roblox, détournés pour véhiculer de la propagande djihadiste. Les personnes radicalisées les plus susceptibles de commettre des attentats sont inspirées par la propagande. C’est un fait: la désinformation contribue à la montée de la radicalisation. Un phénomène qui a de quoi nous inquiéter.
Mieux armer nos enfants contre la désinformation est une priorité. La Suisse se doit d’anticiper afin de se prémunir contre les dégâts causés par la désinformation. Il est indispensable de se protéger contre ces zones de non-droit et les risques qui en découlent.
C’est pourquoi lors de la prochaine session parlementaire, je vais demander au Conseil fédéral de proposer des instruments qui permettent de sensibiliser les enfants à cette problématique comme nous le faisons pour lutter contre la pédocriminalité.
La désinformation a toujours existé. Mais les nouvelles technologies, en particulier numériques, ont amplifié la menace. Nous avons plus que jamais besoin d’une véritable stratégie notamment à l’égard de nos enfants. L’inaction n’est pas une solution.