Observer la guerre qui se poursuit à Gaza et au sud Liban depuis les États-Unis présente «un avantage». C’est ici, à Washington, que se trouve l’unique levier capable d’imposer une négociation au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Et c’est encore ici, aux États-Unis, que le mandat d’arrêt émis jeudi 21 novembre contre lui par la Cour Pénale Internationale (CPI) – l’ex ministre de la Défense Yoav Gallant, et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif sont également poursuivis – peut parvenir, ou non, à devenir réalité.
Se limiter à détailler l’ampleur des crimes commis dans la bande de Gaza depuis le déclenchement de la riposte israélienne à l’assaut terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, n’est en effet ni suffisant, ni pertinent. Oui, le territoire palestinien a été annihilé, écrasé, ravagé par les unités de Tsahal. Oui, les évidences recueillies par les enquêteurs de la CPI et son procureur Karim Khan, justifient sans doute ces trois mandats d’arrêt pour «crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024».
Et oui, quelle que soit l’issue de ces poursuites pénales, Benjamin Netanyahu porte sur ses épaules la responsabilité suprême du donneur d’ordres. Sans son obstination revendiquée et assumée à tout détruire pour éradiquer le Hamas et en finir avec toute velléité de résistance palestinienne, des dizaines de milliers de vies auraient sans doute été épargnées.
Netanyahu, fermement aux commandes
Faut-il, pour autant, considérer dès aujourd’hui le Premier ministre israélien démocratiquement élu comme un «paria»? La réponse est malheureusement non. Malheureusement, parce que la justice devrait, en théorie, pouvoir faire son travail. Ce qui permettrait à l’intéressé et à son ex-ministre de la Défense (limogé le 9 novembre en raison d’une «crise de confiance») de faire valoir leurs droits et arguments dans un engrenage de l’horreur, dont le Hamas porte la première responsabilité.
Restent les faits. Aussi contesté soit-il par une partie de la population israélienne, Benjamin Netanyahu demeure fermement aux commandes de l’État hébreu, grâce à sa coalition avec l’extrême-droite nationaliste, religieuse et messianique. Et Donald Trump, son allié de toujours, accédera, à partir du 20 janvier 2025, à la présidence des États-Unis.
Faire cesser les hostilités
C’est dans ce contexte, et sans rien omettre, que tous les partisans d’une paix urgente d’une cessation des hostilités doivent agir et intervenir. Un mandat d’arrêt, l’histoire l’a montré, ne fait pas cesser une guerre, surtout lorsque des pays aussi importants pour Israël (non-signataire des statuts de la CPI) que les États-Unis, la Russie ou la Chine ne sont pas liés par les mandats d’arrêt de cette Cour de la Haye, dont ils ne reconnaissent pas la compétence.
Le plus important demeure donc aujourd’hui que Netanyahu accepte un cessez-le-feu. Qu’il cesse de pilonner Gaza et le Sud Liban. Et qu’il accepte enfin de reparler de l’avenir des Palestiniens, dont il nie en réalité le droit à exister et à disposer d’une terre.
Négocier, cela veut dire oublier la justice? Non. Le mandat d’arrêt de la CPI demeurera, et le bureau du procureur continuera d’étayer ses accusations. La diplomatie, dans ce puits d’horreur qu’est Gaza, ne doit juste pas être abandonnée aux juges. Le pire serait que les mandats d'arrêts de la CPI servent la cause d’une guerre infinie. Car sans la paix et l’arrêt des hostilités, dans une guerre aussi asymétrique que celle de Gaza ou du Sud Liban, la voix de la CPI et du droit ne pourra jamais être entendue.