Comme c'est étrange! Depuis des mois, le nouvel accord entre la Suisse et l'UE devrait figurer en tête de l'agenda politique. Donald Trump est en train de bouleverser l'économie mondiale et fait table rase de l'ancien ordre mondial, dans lequel la Suisse se portait plutôt bien. A l'Est, Vladimir Poutine mène une guerre qui touche directement l'Europe.
Où se situe la Suisse dans ce contexte? Quelles relations veut-elle entretenir avec ses voisins? Rien ne serait plus naturel que d'en débattre.
Mais le Conseil fédéral traite l'accord comme un parent pauvre. Il a certes négocié le nouvel accord, mais la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a déjà fait savoir que ni elle ni ses collègues n'avaient envie de particulièrement s'y investir. Et le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis? Il a tout de suite disparu. Il n'a accordé qu'une seule interview au cours des derniers mois et aucune déclaration solide n'a été donnée sur son dossier le plus important.
L'UDC peut se frotter les mains
Le PS, le Centre et le PLR peuvent se cacher derrière le conseiller fédéral. Parce qu'il ne révèle pas les détails du traité, le Centre et le PLR évitent le sujet sur lequel ils risquent de se diviser. Le refrain constamment répété est qu'ils ne s'exprimeront qu'une fois qu'ils auront pris connaissance de l'intégralité du dossier. Mais tous n'ont pas le même accès à ce dernier. Certains parlementaires bénéficient d'un traitement de faveur et peuvent consulter les projets de traités. Ils peuvent se faire une opinion, mais n'ont pas le droit d'en parler. En Suisse, tout le monde est égal, mais certains sont plus égaux. Comme c'est étrange!
Seuls deux d'entre eux se réjouissent: d'une part, l'UDC. Elle mène une bataille menée avec brio contre l'UE et le Conseil fédéral lui déroule le tapis rouge. D'autre part, le patron des syndicats Pierre-Yves Maillard qui a fait de la résistance et essaie d'en tirer le meilleur parti pour sa clientèle.
Bien sûr, on ne peut pas signer un contrat sans en connaître les clauses en petits caractères. C'est particulièrement vrai pour ce type de traité. Mais la raison pour laquelle le Conseil fédéral garde les détails si secrets n’est pas claire.
Qu'il s'agisse d'un simple brouillon ou la variante définitive n'a que peu d'importance. Car il existe un danger pour le Conseil fédéral: il arrivera un point de basculement où les détails ne joueront plus aucun rôle, parce que chacun se sera déjà fait une opinion avant même de connaître les petits caractères. Le Conseil fédéral doit enfin passer à une stratégie offensive et mettre les gaz. Fini les secrets!