Commentaire de Michel Jeanneret
Cette gauche genevoise aveugle et dépourvue de décence

Candidate à l'Exécutif de la Ville de Genève, Joëlle Bertossa a bénéficié de fonds d'un organe dont elle était vice-présidente. Un conflit d'intérêt que le monde de la culture va payer cash s'il ne reconnaît pas le problème, estime Michel Jeanneret, rédacteur en chef.
Publié: 19.03.2025 à 17:22 heures
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Dernière mise à jour: 19.03.2025 à 18:27 heures
Blick avait révélé une affaire de conflit d'intérêts, dans laquelle est impliquée Joëlle Bertossa.
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Michel JeanneretRédacteur en chef

L’histoire est très simple à comprendre. Du moins pour les personnes qui ne sont pas encartées au Parti socialiste de la Ville de Genève et les milieux culturels proches de celles-ci. Le principe est enfantin. Résumons-le ainsi: bien que la loi le permette, il n’est pas acceptable d’être à la fois impliqué dans une fondation qui distribue des fonds publics et à la tête d’une entreprise qui en bénéficie. Il en va de la confiance des citoyennes et des citoyens envers leurs institutions. Il en va tout simplement de la décence.

On parle ici de Joëlle Bertossa, candidate socialiste à l’Exécutif communal, brillante cinéaste, mais qui, sans y voir de problème, se trouve fort peu opportunément «des deux côtés du tuyau», pour employer un langage ordinaire. Comprenez que Madame Bertossa fut la vice-présidente de Cinéforom de 2019 à 2024 et que cette organisation a distribué 2,5 millions de francs de subventions à la société de production détenue par la même… Joëlle Bertossa.

Une gauche et des milieux culturels aveugles

Comment une personne dotée d’un minimum de bonne foi pourrait-elle ne pas s’en émouvoir? Cette question entêtante demeure pleine et entière dans cette affaire soulevée par Blick, qui se retrouve accusé par les milieux culturels et leurs «camarades» (manifestement dénués d’arguments) de jouer dans les mains de l’Union démocratique du centre (UDC), quand nous ne nous retrouvons pas carrément cloués au pilori pour le «torpillage» de la candidate Bertossa, ce alors que notre média est reconnu pour n'avoir aucune allégeance politique.

On nous dit que nous aurions dû nous taire. Qu’il eut fallu mettre un couvercle sur les faits qui précèdent. On nous rétorque que Madame Bertossa est brillante, qu’elle a du succès, qu’elle mérite la manne publique dont elle a été la bénéficiaire. Nous ne contestons pas ses qualités, mais nous révélons que le système dans lequel évolue la candidate socialiste – un système qui dépasse sa personne et son parti – est aujourd’hui intenable.

Fabienne Fischer, Frédérique Perler, Christian Brunier et maintenant Joëlle Bertossa: on ne peut s’empêcher par ailleurs de relever que ce sont bien souvent des figures d’une gauche championne des leçons de morale qui semblent en être désespérément dépourvues. Perte de repères moraux, mais aussi de clairvoyance. Il faut en effet en posséder bien peu pour que ces milieux ne comprennent pas que s’ils continuent sur cette voie pavée de suspicions, ils se retrouveront au final sanctionnés par un tour à droite du robinet qui les arrose. A quel point faut-il être frappé de cécité pour ne pas s’en rendre compte?

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