Le nouveau paquet d'accords bilatéraux avec l'Union européenne (UE) est une chance qu'il faut saisir pendant la nouvelle législature, estime economiesuisse. Des progrès considérables ont été réalisés par rapport au projet d'accord-cadre en 2021.
La faîtière de l'économie a été invitée à prendre position sur le projet de mandat de négociation mis en consultation par le Conseil fédéral. Ses membres soutiennent unanimement l'ouverture de telles négociations, a souligné jeudi sa directrice, Monika Rühl, devant la presse à Berne.
«Après d'intenses discussions exploratoires, nous disposons désormais d'un mandat de négociation solide», a renchéri le président Christoph Mäder. Aux yeux de l'économie, la Suisse devrait démarrer les négociations «maintenant» et présenter au Parlement un paquet «convaincant».
Une approche «convaincante»
L'actuel mandat de négociation est solide. Pour la faîtière, «l'approche par paquet choisie par le Conseil fédéral convainc, car les questions en suspens sont réglées de manière sectorielle dans chaque accord». En outre, ce paquet comprend de nouveaux accords importants, notamment dans le domaine de l'électricité.
Monika Rühl estime que le gouvernement devra négocier «fermement» avec Bruxelles. La faîtière ne veut pas que la directive européenne sur la citoyenneté aille au-delà du lien avec le marché du travail, afin d'éviter «une immigration ciblant les assurances sociales». A ses yeux, la protection des salaires est assurée.
L'économie salue en outre la procédure de règlement des différends proposée. Cette solution fait certes l'objet de critiques, mais la situation actuelle est «bien plus délicate», puisque l'UE prend déjà des mesure de compensation unilatérales, comme le montre l'exemple du programme de recherche Horizon Europe, dont la Suisse est exclue.
Des améliorations exigées
La mise en place d'une procédure établie donnera à chaque partenaire les mêmes droits et obligations. Et la création d'un tribunal arbitral paritaire permettra à la Confédération de faire valoir ses intérêts par la voie judiciaire, relève Mme Rühl.
La faîtière appelle par ailleurs à mieux utiliser le potentiel indigène pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre. Elle exhorte le nouveau Parlement à améliorer les conditions des salariés, afin qu'il soit plus intéressant de travailler davantage, que les individus puissent travailler de manière plus flexible et partir à la retraite plus tard. Des améliorations sont aussi exigées en matière de conciliation entre vie privée et travail.
Economiesuisse appelle aussi de ses voeux des mesures visant à accroître la productivité du travail, grâce d'une part à de meilleures conditions-cadre et d'autre part à l'automatisation, à la numérisation et à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Et elle s'oppose à l'augmentation du personnel de l'Etat.
Contre une 13e rente AVS
Opposée à un développement «irresponsable et coûteux» de la prévoyance vieillesse, elle s'engage enfin contre l'initiative pour une 13e rente AVS et en faveur de l'initiative sur les rentes des Jeunes PLR, soumises en votation le 3 mars.
L'initiative sur les rentes et la réforme de la LPP, qui devrait elle aussi être soumise aux urnes cette année, devraient contribuer «à une meilleure utilisation du potentiel de main-d'oeuvre, mais également à un financement durable des assurances sociales».
Main d'œuvre indigène insuffisante
Ces mesures permettront de répondre aux craintes d'une partie de la population face à l'immigration, qu'economiesuisse prend «très au sérieux», assure Monika Rühl. Il existe selon elle des solutions qui abordent la question de l'immigration de manière ciblée.
Mais pas question de s'en prendre à la libre circulation des personnes. Au vu de l'évolution démographique, ce serait une erreur de penser que le potentiel de main-d'oeuvre indigène serait totalement suffisant pour répondre aux besoins de l'économie.
Dans ce contexte, la libre circulation des personnes «n'est pas le problème, au contraire, elle fait partie de la solution». La faîtière de l'économie s'oppose à toute résiliation de l'accord sur la libre circulation, ainsi qu'à toute «taxe sur l'immigration».
(ATS)