«Un véritable séisme»
La fin de l'aide américaine sera difficilement remplaçable selon la cheffe de la DDC

L'avenir de l'humanitaire ne tient plus qu'à un fil depuis l'arrêt de l'aide américaine en Ukraine. La cheffe de la Direction du développement et de la coopération suisse, Patricia Danzi, estime que le retrait américain est difficilement remplaçable.
Publié: 07.03.2025 à 06:32 heures
La Suisse ne peut pas compenser l'arrêt de l'aide américaine, estime la cheffe de la DDC Patricia Danzi.
Photo: PETER KLAUNZER
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Après la suspension pour 90 jours de l'aide américaine, le monde humanitaire, du développement et du multilatéralisme ne sera plus le même à l'avenir, estime la cheffe de la Direction du développement et de la coopération (DDC) Patricia Danzi. Le gel américain décidé du jour au lendemain «est un véritable séisme».

«Beaucoup de partenaires sont déjà venus vers nous pour nous demander si nous pouvions donner davantage, combler un peu le retrait américain», explique la directrice de la DDC Patricia Danzi dans un entretien diffusé vendredi par ArcInfo, Le Nouvelliste, Le Courrier et La Liberté.

«
Ni la Suisse ni d'autres acteurs ne pourront compenser la totalité des fonds remis en question
Patricia Danzi, cheffe de la DDC
»

Une réforme profonde du monde humanitaire

«Nous faisons nous-mêmes face à une pression budgétaire importante, ce qui rend [une hausse de l'aide suisse] difficilement envisageable», ajoute-t-elle. Avec un budget de 42,8 milliards de dollars, l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) représente 42%. «Les montants en jeu sont juste énormes. Ni la Suisse ni d'autres acteurs ne pourront compenser la totalité des fonds remis en question», relève la responsable.

Une analyse a été lancée sur les projets cofinancés par la DDC et des fonds américains, pour voir quelles suites pourront leur être données, déclare Patricia Danzi. «Nous avançons au jour le jour, mais il est possible qu'une part d'entre eux sera interrompue». S'il règne encore une période de grande incertitude, «car beaucoup de choses restent encore en suspens du côté des Etats-Unis», «la réforme» du monde de l'humanitaire sera «profonde», note la directrice de la DDC.

Genève peut trembler

Selon elle, «cela risque d'avoir un impact sur les objectifs de développement durable de l'ONU, de nombreux projets de développement qui visent une amélioration systémique à long terme, mais également sur la Genève internationale ainsi que sur les ONG suisses».

Patricia Danzi redoute qu'un arrêt de l'aide aussi abrupt ne provoque des décès. «Quand des distributions alimentaires ne se font pas, que des médicaments ne sont pas délivrés ou que des traitements médicaux ne peuvent être réalisés dans des moments de crise, il y a forcément des morts», précise-t-elle, soulignant que dans certains pays, 60% des programmes humanitaires étaient financés par les Etats-Unis.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la