Le soleil inonde l’Arve de ses rayons, le bruit de la circulation est quasi inexistant. Sur son balcon du 12e étage d’une tour HLM, Claire Sottas-Blattmann respire. «La canicule est derrière, enfin!, souffle cette retraitée genevoise. C’était épuisant. Effrayant, même…»
Mais tout le monde connaît la chanson. Une fois chassées, les inquiétudes sont vite remplacées par d’autres. Dans l’immédiat, c’est l’inflation et la crise qui triturent l’esprit de l’énergique (et jeune) septuagénaire. «J’en ressens les effets depuis environ six mois, glisse-t-elle. Je fais mes courses dans les marchés — j’achète des produits locaux, j’évite les grandes surfaces — et, un matin, le prix de certains légumes d’hiver était monté à huit francs le kilo. Je n’avais jamais vu ça!»
L’inflation. On ne parle que de ça depuis quelques mois. Commençons par les chiffres. «Le Temps» détaillait fin juillet l’analyse de Comparis et du Centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) sur le sujet. Selon leur calcul, la hausse des prix est de 1,4% sur une année, au premier semestre 2022. Pour la même période, le Secrétariat d'État à l'économie parle, lui, de 0,5%.
Conséquence: sans augmentation des salaires, le pouvoir d’achat des Suissesses et des Suisses plonge. Pour quels impacts humains? Afin de le comprendre, Blick développera cette thématique dans la semaine du 29 août au 2 septembre.
Première étape, des rencontres avec trois personnes au profil très différent: une travailleuse précaire valaisanne, une retraitée genevoise et un employé communal fribourgeois tout en haut de l’échelle salariale depuis cinq ans. Ces deux femmes et cet homme racontent leur quotidien, leurs choix, leurs factures, leurs doutes et leurs craintes face à l'envol du coût de leur vie.
L’inflation. On ne parle que de ça depuis quelques mois. Commençons par les chiffres. «Le Temps» détaillait fin juillet l’analyse de Comparis et du Centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) sur le sujet. Selon leur calcul, la hausse des prix est de 1,4% sur une année, au premier semestre 2022. Pour la même période, le Secrétariat d'État à l'économie parle, lui, de 0,5%.
Conséquence: sans augmentation des salaires, le pouvoir d’achat des Suissesses et des Suisses plonge. Pour quels impacts humains? Afin de le comprendre, Blick développera cette thématique dans la semaine du 29 août au 2 septembre.
Première étape, des rencontres avec trois personnes au profil très différent: une travailleuse précaire valaisanne, une retraitée genevoise et un employé communal fribourgeois tout en haut de l’échelle salariale depuis cinq ans. Ces deux femmes et cet homme racontent leur quotidien, leurs choix, leurs factures, leurs doutes et leurs craintes face à l'envol du coût de leur vie.
Des «petites» augmentations remarquées à gauche et à droite qui grèvent le budget de la Genevoise. Une fois toutes ses charges payées, il ne reste plus grand-chose de ses 4200 francs mensuels. «Heureusement, j’ai un petit loyer calculé sur mes revenus, enchaîne-t-elle. C’est bien, ce que fait la Ville.»
La pilule est dure à avaler
Il n’empêche que celle qui a travaillé toute sa vie dans la vente doit faire attention en permanence à ce qu’elle dépense. Une situation difficile à accepter après de longues années de labeur, amorce la «syndicaliste de toujours».
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Concrètement, elle fuit les restaurants, un luxe dont elle ne peut plus se permettre. Mais les privations ne s'arrêtent pas au superflu: «Cette année, je ne m’achèterai pas de nouvelles chaussures, même si j’en ai besoin puisque je suis diabétique et que mes pieds sont fragiles.» La retraitée marque une pause, philosophe. «Mais bon, celles que je porte iront encore un moment… Pas le choix!»
Difficile pour Claire Sottas-Blattmann de chiffrer avec précision l’impact de l’augmentation des prix sur son porte-monnaie. «À la louche, si on prend tout en compte, je pense que j’ai 200 francs de moins à disposition par mois depuis qu’on met tout sur le dos de la guerre en Ukraine pour expliquer l’inflation», calcule-t-elle.
Pas du style à se lamenter, elle insiste, autoritaire: «Ne me faites pas passer pour ce que je ne suis pas! Je ne fais pas partie des plus à plaindre — j’ai hérité d’un petit appartement en Valais et je pourrais y emménager si un jour la vie devient vraiment trop chère à Genève. J’y songe de plus en plus, d’ailleurs.»
Quid de l’AVS?
La septuagénaire saisit une photo en noir et blanc de son père, posée sur la bibliothèque de son salon. Elle la regarde avec tendresse. «Franchement, je n’ai jamais vu une crise pareille et pourtant, on vient de loin! Je me demande ce que papa en penserait. Il était élu démocrate-chrétien (ndlr: le PDC, devenu Le Centre). Sans doute que ça le rendrait dingue de vivre ça, de voir que les autorités ne sont pas pressées alors qu’il faudrait réagir tout de suite pour aider les personnes qui en ont besoin.»
Claire Sottas-Blattmann s’inquiète particulièrement pour les personnes âgées qui ont déjà de la peine à boucler leur fin de mois en temps normal. «Depuis l’inflation, personne ne pense à celles et ceux qui ne vivent qu’avec l’AVS! Vous imaginez ce que ça doit être? Et, en plus, avec AVS 21 qui arrive, on va encore avoir moins si on ne se mobilise pas! Il va falloir descendre dans la rue, organiser des manifestations. Moi, je suis prête! Et j’espère qu’on sera beaucoup à le faire.»
Le peuple suisse est appelé à se prononcer le 25 septembre sur la réforme Stabilisation de l’AVS (AVS 21). Cette réforme est composée de la modification de la loi sur l’assurance-vieillesse et survivants et de l’arrêté fédéral sur le financement additionnel de l’AVS par le biais de la TVA. Retrouvez la brochure du Conseil fédéral en cliquant ici.
Le peuple suisse est appelé à se prononcer le 25 septembre sur la réforme Stabilisation de l’AVS (AVS 21). Cette réforme est composée de la modification de la loi sur l’assurance-vieillesse et survivants et de l’arrêté fédéral sur le financement additionnel de l’AVS par le biais de la TVA. Retrouvez la brochure du Conseil fédéral en cliquant ici.
Toujours d’après elle, seule l’action politique et militante peut désormais faire bouger les lignes. «J’ai longtemps été membre de la commission du personnel de mon dernier employeur et j’ai connu deux époques: celle où on pouvait discuter avec les patrons, puis celle où cela ne servait malheureusement plus à rien. Je sais en tout cas qu’il ne faudra pas uniquement compter sur la bonne volonté des employeurs pour augmenter les salaires face à l’augmentation du coût de la vie. Il faut maintenant que les jeunes et les plus âgés soient solidaires, sinon nous n'arriverons pas à nous faire entendre.»