Susanne Resch garde un souvenir amer de ses jours passés en Suisse. La journaliste allemande a vécu quatre ans à Zurich, un séjour plutôt sombre qu'elle a décidé de raconter dans le plus grand magazine de voyage de son pays. Lors d'une séance de rédaction, toute l'équipe a discuté de ses séjours à l'étranger. C'est là qu'elle a partagé son expérience. «La ville de Zurich est magnifique, mais je ne veux plus jamais y vivre!», a-t-elle alors asséné devant ses collègues, surpris.
Selon elle, il flotte à Zurich, mais également dans toute la Suisse, un climat de défiance envers les Allemands. Les exemples qu'elle cite sont édifiants: des chewing-gum collés sur sa plaque d'immatriculation allemande, des Zurichois maudissant les «Schiess-Dütschi» dans son dos ou encore des clients qui demandent expressément d'être servis par un ou une Suisse. Ambiance.
Suite à l'émoi provoqué par la publication de son billet d'humeur, la «SonntagsZeitung» s'est entretenue avec la jeune femme. Celle-ci explique qu'elle a résidé en Suisse entre 2009 et 2013, alors qu'elle était encore étudiante à l'Université de Zurich. Que garde-t-elle de son séjour? En tout cas pas des amis, puisqu'elle explique encore qu'elle n'a pas noué une seule relation solide en quatre ans. Elle décrit les Suisses comme très susceptibles, «polis, mais réservés», et vraiment pas assez spontanés. Elle affirme pourtant avoir fait preuve de bonne volonté, en ayant accepté de dire «Grüezi, danke vielmal und en schöne Abig» puisque «le Schwiizertüütsch est la clé du cœur», comme elle l'a appris.
Mais ce n'était jamais suffisant, toujours selon elle. Si elle concède volontiers pouvoir parfois prendre beaucoup de place, elle affirme que les Suisses l'ont jugée dès le début et se sont tous obstinés à parler le Hochdeutsch avec elle, même lorsqu'elle expliquait qu'elle comprenait très bien le dialecte. Alors, malgré ses décors de carte postale, Zurich, très peu pour elle!
Le «racisme» envers ses voisins, un problème suisse?
La journaliste allemande affirme qu'elle ne s'attendait pas à tant de réactions à son papier: certaine qu'il s'agissait d'un problème connu, elle avait parfaitement sous-estimé le potentiel de ce thème, extrêmement sensible dans notre pays qui entretient des relations complexes avec ses grands voisins. Son argumentaire n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui de Marie Maurisse, journaliste française, qui soulevait les mêmes problèmes en Suisse romande il y a quelques années. Son livre, intitulé ironiquement «Bienvenue au paradis!», démontait le mythe de l'eldorado helvétique. Elle avait même enflammé les médias en dénonçant un «racisme anti-frouze», complètement banalisé par les Suisses, dont elle et ses compatriotes étaient victimes.