«Une grande liberté intérieure»
Cette famille suisse ne vit que de cadeaux et de dons

Une famille glaronnaise a plaqué boulot et logement pour un mode de vie radicalement différent. Elle ne vit plus que grâce aux dons et aux cadeaux. Un idéal critiqué.
Publié: 19.11.2023 à 14:41 heures
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Rayén Oberholzer et son mari Manuel Brändli. Avec leur fille, ils vivent actuellement à Egnach (TG).
Photo: Screenshot youtube
Johannes Hillig

Ils ont démissionné de leur travail, abandonné leur appartement et donné leurs biens. Rayén Oberholzer et son mari Manuel Brändli ont un mode de vie particulier depuis cinq mois. Le couple glaronnais n'a pas de revenu fixe, mais dépend des dons. «Depuis que nous vivons sans argent, nous ressentons une grande liberté intérieure», explique Rayén à la «Südostschweiz».

«L'obligation de croissance permanente est basée sur l'exploitation et cela ne peut pas durer, appuie son mari qui a abandonné ses études de communication. Nous ne participons pas à cela et nous voulons travailler uniquement pour des choses que nous considérons comme importantes pour le monde, sans attente de contrepartie directe.»

La juriste de formation et son mari, âgés respectivement de 34 et 36 ans, vivent actuellement dans une sorte de laboratoire du futur à Egnach (TG). Il s'agit d'un logement spécial pour les personnes qui s'engagent pour un avenir meilleur. Le couple y vit avec leur petite fille, âgée d'à peine dix mois.

Pour joindre les deux bouts, la famille a besoin, selon ses propres dires, d'environ 3000 francs par mois. En ce moment, le couple a 700 francs sur son compte en banque. «Quand je gagne de l'argent, j'ai aussi des soucis. En fin de compte, j'étais plus malheureuse lorsque j'avais encore un emploi fixe», relativise Rayén.

Heureusement, il semblerait que l'argent rentre toujours un peu. Selon leurs affirmations, les Glaronnais n'ont en tout cas pas eu à en demander. «Une personne étrangère nous verse chaque mois 100 francs. Nous ne savons pas exactement pourquoi», expliquent-ils. Une trentaine de personnes leur auraient déjà fait des dons.

Des cours de respirations... payants

Dans le cas où les fonds de caisses commencent à se voir, le couple économise. Exit ainsi la purée d'amandes ou de baies d'aronia, explique Manuel. En contrepartie des dons reçus, le couple propose un coaching respiratoire gratuit avec notamment des cours de respiration sur de la musique live. La démarche n'est pas confidentielle. Les jeunes parents remplissent de grandes salles pour cela, comme la Lichthalle Maag de Zurich. Et ce n'est pas gratuit! Une séance coûte 79 francs. La famille explique à nos confrères de «Südostschweiz» que ce montant ne sert qu'à couvrir les frais de la manifestation.

En outre, Rayèn et Manuel ont écrit un «Manifeste de la révolution des sentiments», fondé une «Academy of Feelings» et proposent des «conseils en matière de style de vie pour les cadres». De l'autre côté de la Sarine, la SRF a déjà fait un reportage sur le mode de vie inhabituel de la famille. Leur notoriété génère certes des dons, mais aussi des critiques. «Ce n'est pas vivre sans argent. C'est vivre aux dépens des autres», peut-on lire dans un commentaire sous le reportage de nos confrères publié sur Youtube. 

Certains spectateurs considèrent également la famille comme privilégiée et égoïste. Mais Rayèn balaie de telles critiques: «Les gens devraient regarder de leur côté. Je veux dire, que font-ils comme bénévolat? Lorsque de nombreuses personnes deviennent plus généreuses, il en résulte un meilleur flux de ressources, sans que rien ne soit demandé. Cela rend plus libre.» 

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