Son psychiatre explique pourquoi
Un pédophile lié aux Freiheitstrychler se promène en liberté en Suisse

Pius F. a été condamné pour pédophilie en Autriche. Malgré cela, ce Suisse n'est pas traité dans un hôpital psychiatrique fermé dans notre pays. Il est actuellement en liberté. Son psychiatre explique pourquoi dans un entretien accordé à Blick.
Publié: 02.02.2023 à 13:40 heures
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Dernière mise à jour: 20.02.2023 à 13:14 heures
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Andreas Frei traite ce pédophile.
Photo: Juri Junkov
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Sven Ziegler

L'affaire choque, provoque la stupeur. Entre novembre et décembre 2021, le criminel suisse Pius F.* a abusé à plusieurs reprises de garçons mineurs en Autriche, créé du contenu relevant de la pornographie enfantine et attiré des enfants dans des hôtels.

Selon le «Tages-Anzeiger», l'homme était lié aux Freiheitstrychler, ces sonneurs de cloches qui avaient défrayé la chronique lors de la crise du coronavirus en s'opposant aux mesures Covid en Suisse. Pius F. se serait trouvé en Autriche pour y développer le mouvement dans ce pays. Mais aujourd'hui, ce pédophile se balade en liberté en Suisse.

Que s'est-il passé? Pius F. a été arrêté en Autriche début 2022 et y est resté en détention préventive pendant des mois. En janvier 2023, il a comparu devant le tribunal de Krems an der Donau, en Autriche. Celui-ci a ordonné son internement conditionnel dans un «établissement pour délinquants mentaux anormaux».

Selon l'expertise, Pius F. serait irresponsable. Une schizophrénie paranoïde avec une formation délirante prononcée et une pédophilie supplémentaire auraient été attestées, selon «Tages-Anzeiger».

Déjà huit mois de traitement

Comment est-ce possible? Comme l'hospitalisation est conditionnelle, il a pu poursuivre son traitement en Suisse. Il est actuellement traité par le psychiatre Andreas Frei. «Il s'agit d'un cas inhabituel», assure-t-il dans un entretien avec Blick. Une schizophrénie combinée à la pédophilie n'est pas si fréquente.

Pius F. a passé huit mois en détention préventive en Autriche. Durant cette période, il avait déjà été traité. «Les rapports que j'ai reçus sont prometteurs, justifie Andreas Frei. C'est pourquoi j'ai décidé de le traiter.»

Selon lui, les traitements de maladies psychiatriques aussi graves varient d'un cas à l'autre. «Mais en principe, les personnes concernées apprennent à gérer la médication. Ensuite, il s'agit de reconstruire et d'établir un réseau de relations normal.» La forme que prendra la thérapie de Pius F. — on peut imaginer un groupe de vie assisté ou une prise en charge à domicile — n'est pas encore très claire. «Les premières séances nous le diront», promet Andreas Frei.

Libre — mais pas encore tout à fait

Une question demeure: comment se fait-il que Pius F. se promène librement dans nos contrées? Ses actes restent extrêmement graves. L'homme a abusé au moins trois fois d'un garçon de douze ans et même, selon l'acte d'accusation, «particulièrement humilié». Des abus ont été commis sur trois autres enfants. Sa plus jeune victime est âgée d'à peine 10 ans.

«En Autriche, il a été traité pendant plusieurs mois quasiment en vase clos derrière des barreaux», se justifie Andreas Frei. Le psychiatre affirme que pour donner à son patient les meilleures chances de réintégration, il faut qu'il puisse lui offrir un climat aussi normal que possible.

«C'est pourquoi nous assouplissons les conditions dès que les circonstances le permettent.» Après son séjour autrichien, Pius F. aurait montré des signes de progrès, assure-t-il. «Les premiers résultats sont là, martèle le médecin. Les conditions de son traitement ont donc pu être assouplies. La procédure en Suisse serait pratiquement identique.»

Suivi de près

Pius F. est toutefois suivi de près. Des justificatifs concernant la médication et le déroulement de la psychothérapie doivent être fournis de manière extrêmement régulière. «De plus, un établissement psychiatrique fermé se trouve à proximité», souligne Andreas Frei. Si l'état de Pius F. devait se dégrader, il pourrait donc être rapidement pris en charge.

La pédophilie ne peut pas être soignée. Mais il est tout à fait possible qu'elle ne soit plus un problème si la schizophrénie est enrayée par des médicaments. Malgré tout, «la maladie ne disparaîtra jamais complètement, admet le psychiatre. Je pars donc du principe qu'il devra être traité pour le reste de sa vie.»

*Nom connu de la rédaction

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