Alors que la situation se détendait sur le front du Covid depuis plusieurs semaines, les chiffres sont repartis à la hausse depuis une semaine environ. Suffisamment pour que l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) évoque «des nuages noirs à l'horizon», en conférence de presse.
Le Conseil fédéral reste donc prudent. Face à cette incertitude, il ne veut pas se prononcer sur une levée prochaine du certificat Covid. Alain Berset a cependant fait une concession: il veut assortir son offensive vaccinale de 100 millions de francs d'un certificat étendu aux personnes guéries.
Ce jeudi, le Fribourgeois est venu face aux médias expliquer ses plans, aux côtés de Lukas Engelberger (président de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé) et de Patrick Mathys, de l'OFSP. Voici les principaux éléments.
1. À quoi peut-on s'attendre?
Le bon de 50 francs définitivement enterré, le Conseil fédéral devait dessiner ce jeudi les contours de sa campagne de la «dernière chance» à 100 millions de francs. Jusqu'ici, les cantons se sont montrés plutôt sceptiques, certaines voix rapportant la réalité du terrain avec des résultats très médiocres.
Outre le «pilote automatique» («Nous ne sortirons qu'ensemble de cette pandémie», «Nous avons tous les instruments pour le faire, à commencer par le vaccin»), Alain Berset est revenu sur l'urgence d'augmenter la couverture vaccinale du pays, à l'approche de l'hiver. Le Fribourgeois a répété qu'il misait beaucoup sur la «semaine de la vaccination», prévue du 8 au 14 novembre. «Les cantons sont prêts», a assuré le ministre de la Santé, qui les a remerciés.
2. Des mesures adaptées aux cantons
Les cantons et la Confédération ont fait tout ce qu'ils pouvaient, a relevé Alain Berset. «Il faut le soutien de la population», a insisté le socialiste, invitant les réfractaires à aller se faire vacciner.
Lukas Engelberger, représentant des cantons, a préféré voir le verre à moitié plein, saluant le fait que la situation est «assez détendue». Mais les soins intensifs restent soumis à une certaine pression. «La Suisse n'est pas sortie de la zone dangereuse», a résumé le ministre bâlois de la santé. L'élu du Centre se dit optimiste d'arriver «malgré tout à une bonne couverture vaccinale».
Au nom des cantons, le Bâlois a remercié la Confédération pour ses efforts. Lukas Engelberger note que la situation est très disparate entre les régions — il faut varier les mesures selon les réalités locales. «Le but de la semaine vaccinale est de prendre en compte les peurs de la population et de répondre à ses questions légitimes», a estimé le directeur de la CDS. «Le vaccin n'est pas une affaire politique et ne divise pas la population. Ce qui divise la population, c'est la pandémie!»
3. A quoi vont servir les 100 millions?
Les cantons savent désormais ce que la Confédération propose, a expliqué Lukas Engelberger. Ceux-ci doivent désormais se positionner sur les fonds dont ils ont besoin, et ce qu'ils envisagent de mettre en place. «Ce que j'entends, c'est qu'il y aura une forte poussée des efforts de vaccination», a relevé le Bâlois.
Comment, concrètement? Selon lui, il s'agira probablement de stand d'informations ou d'équipes mobiles de conseil et de vaccination. Alain Berset précise que les 100 millions ne seront débloquées «que pour des mesures concrètes».
4. La vaccination devient plus chère
Chaque vaccin coûte en moyenne plus d'argent. «Il faut aller à la rencontre des personnes qui n'ont pas encore reçu de protection contre le Covid», a expliqué Lukas Engelberger. Jusqu'ici, «il a suffi» de mettre en place des centres de vaccination, et les gens ont afflué. Ce n'est plus le cas aujourd'hui — il faut beaucoup plus d'efforts pour chaque dose.
Les coûts ne doivent pas être au centre des préoccupations, a tempéré le Bâlois. Alain Berset a abondé: «S'il aboutit à des vaccinations, l'argent est engagé de manière efficace. Surtout en comparaison avec des tests ou des hospitalisations...»
5. Qu'en est-il du «booster»?
Pourquoi la Suisse a-t-elle adopté une position si défensive sur le «booster», cette troisième dose qui se généralise notamment en Israël? A cette question posée par un journaliste, Patrick Mathys de l'OFSP a expliqué qu'il y a encore des interrogations scientifiques autour de son utilité. «De toute façon, une nouvelle injection n'a du sens que là où elle est vraiment nécessaire», a expliqué le scientifique, concluant ainsi la conférence de presse.