Parmi les personnes qui refusent actuellement de se faire vacciner, beaucoup ne sont pas fondamentalement opposées à la vaccination en soi, mais plutôt aux technologies qui y sont utilisées. Elles redoutent les supposés effets secondaires à long terme des vaccins à ARNm.
Proposer un vaccin «classique» qui fonctionne comme un vaccin contre la grippe permettrait-il de les convaincre? C’est peut-être ce que va réussir à faire l’entreprise de biotechnologie franco-autrichienne Valneva. Cette dernière semble arriver à bout touchant de sa formule de vaccin. Le VLA2001, nom actuel de la formule, a donné de bons résultats dans les études de phase 3 (la phase ou plusieurs milliers de volontaires testent le vaccin): ses effets secondaires semblent être faibles et sa protection contre le virus élevée.
Un vaccin «classique»
Pour l’instant, tous les vaccins contre le Covid-19 approuvés en Suisse reposent sur la technologie à ARNm. Pour rappel, elle repose sur le fait d’injecter de petits acides ribonucléiques (appelés ARN) contenant une copie du code génétique d’une protéine du virus. Ces ARN ne proviennent donc pas du virus, mais sont synthétiques. Ils ordonnent ensuite à nos cellules de produire une protéine ressemblant à celle présente à la surface du virus. Résultat, le système immunitaire va reconnaître ladite protéine et produire des anticorps.
Les vaccins d’Astrazeneca et de Johnson & Johnson, eux, sont des vaccins dits à vecteur. Dans ce cas, des informations génétiques du Covid-19 sont injectées dans un virus inoffensif qui sert de vecteur pour transporter ces informations dans le corps. En pénétrant dans les cellules, le virus vecteur va «délivrer» les informations de Covid-19 qu’il transporte, ce qui va activer le système immunitaire qui ne reconnaît pas ces informations nouvelles.
Dans le cas du virus de Valneva, il s’agit d’une méthode «classique» de vaccination. Le VLA2001 du laboratoire franco-autrichienne contient un virus complet et inactivé (ou «mort») du Covid-19 et fonctionnerait sur le même principe qu’un vaccin contre la grippe. Il devrait d’ailleurs pouvoir être conservé dans les mêmes conditions, dans un endroit réfrigéré.
L’approche traditionnelle du vaccin Valneva pourrait éventuellement convaincre les sceptiques du vaccin de recevoir leur injection. De nombreuses personnes semblent convaincues qu’un vaccin composé d’un virus inactif présente moins de risque pour la santé que l’injection d’ARNm.
Swissmedic n’a pas encore fait de demande
Le vaccin doit être approuvé cette année au Royaume-Uni avant de l’être dans l’Union européenne. Londres a déjà commandé 100 millions de doses, tandis que l’Allemagne en a réservé 11 millions. Le nouveau vaccin devrait arriver plus largement sur le marché à partir du printemps de l’année prochaine. Pour l’instant, bien que Swissmedic ait connaissance du produit de Valneva, elle n’a pas encore déposé de demande d’autorisation.
Le vaccin de Valneva est le seul de ce type en Europe. Ailleurs dans le monde, les seuls vaccins à virus inactivé qui ont été homologués dans le monde sont les vaccins chinois Sinovac et Sinopharm. Les études menées sur ces derniers montrent toutefois que leur effet protecteur est inférieur à celui procuré par les vaccins à ARNm administrés dans les pays occidentaux.
Selon Valneva, son produit obtiendrait un meilleur effet protecteur qu’Astrazeneca dans les tests de phase 3. La société pharmaceutique franco-autrichienne a déjà lancé des recherches sur les vaccins de rappel ainsi que sur la tolérance du VLA2001 pour les enfants âgés de cinq à douze ans.