Retrait des films avec la star
Un élu genevois dépose plainte contre la SSR dans l'affaire Depardieu

La décision de la RTS de retirer temporairement les films avec Gérard Depardieu ne fait pas l'unanimité. Le conseiller national genevois Daniel Sormanni (MCG) saisit ce mardi l'autorité de surveillance des programmes avec une plainte contre la SSR. La RTS répond.
Publié: 10.01.2024 à 06:01 heures
Daniel Sormanni (MCG/GE) voit de la «censure» et de «l'infantilisation» dans la décision de la RTS de retirer les films dans lesquels Depardieu est la vedette.
Photo: Keystone
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Léo MichoudJournaliste Blick

«Ce n'est pas à la SSR de prendre parti dans cette affaire Depardieu», s'insurge le conseiller national Daniel Sormanni. L'élu du Mouvement citoyens genevois (MCG) dit déposer plainte ce mardi 9 janvier contre la Société suisse de radiodiffusion, a appris lundi la TV régionale Léman Bleu. Pour ce faire, il saisit l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision (AIEP).

Le motif? La décision de la RTS de retirer provisoirement de sa grille de programmation les films dans lesquels Gérard Depardieu, mis en examen pour «viol» et «agressions sexuelles», tient l'un des rôles principaux. Celle-ci a été prise après les révélations de «Complément d'enquête», dans laquelle le comédien français sexualisait de nombreuses femmes ainsi qu'une petite fille de 10 ans. Pour le politicien MCG, «la RTS se pose en censeuse, en plein débat sur la redevance».

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Décision guidée par l'audience

Porte-parole de la RTS, Marco Ferrara répond que «programmer ou déprogrammer un contenu en fonction de son adéquation au contexte fait partie du quotidien de chaque média». Le communicant prend pour exemple de ce type de décisions les cas de Pierre Palmade et d'un documentaire concernant un religieux du Proche-Orient, mis de côté «car le contexte avait changé lors de l’éclatement de la guerre à Gaza». Pour lui, il s'agit de proposer «une grille des programmes pouvant rassembler le plus large public».

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«L'œuvre culturelle de Depardieu, par ailleurs grandement appréciée, n'a pas de rapport avec son comportement, qui reste évidemment choquant»
Daniel Sormanni, conseiller national du Mouvement citoyens genevois (MCG)
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C'est donc l'audience qui a guidé cette décision. Après la diffusion du reportage de France 2, la RTS a estimé que l'attitude «problématique» de Gérard Depardieu avait «généré un rejet important dans la société». La télévision publique a donc maintenu la diffusion d’un film où il tient un rôle secondaire, mais a «préféré mettre de côté un autre film où il a un des rôles principaux, car ce n’était tout simplement pas le moment de le diffuser».

Un cas de censure?

Vis-à-vis de Depardieu, Daniel Sormanni tient à séparer l'homme de l'artiste: «Son œuvre culturelle, par ailleurs grandement appréciée, n'a pas de rapport avec son comportement, qui reste évidemment choquant.» L'acteur avait reçu fin décembre le soutien de plus de 50 artistes — dont le Suisse Vincent Perez —, avant qu'une «contre-tribune» ne récolte pas moins de 8000 paraphes.

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«La direction a été informée et assume parfaitement ce choix de bon sens, qui coïncide avec celui réalisé par les grandes chaînes de télévision en France, en Belgique et au Canada»
Marco Ferrara, porte-parole de la RTS, responsable du Pôle médias
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Pour Marco Ferrara et la RTS, il ne s'agit «pas d’une 'décision politique' ni d’une 'censure', comme on a pu le lire dans certains textes, mais d’une évaluation strictement professionnelle, basée sur l’expérience du métier de l’équipe de professionnels de la programmation». À propos des démarches de Daniel Sormanni, il indique par ailleurs n'avoir «pas connaissance d'une telle plainte auprès de l'AIEP».

La direction de la RTS assume

«Mon but est de demander l'abrogation de cette mesure et un effet suspensif, affirme l'homme politique du bout du Léman. Je suis contre la censure et l'infantilisation du citoyen, téléspectateur et payeur de redevance.» Léman Bleu a également demandé l'avis du Conseiller national Vert Nicolas Walder, qui se dit favorable à la décision de la RTS et ne voit pas la nécessité de saisir la justice. Élu au National pour Le Centre, Vincent Maitre estime quant à lui que la RTS n'a «pas les prérogatives» pour se faire censeur ou procureur.

«La direction a été informée et assume parfaitement ce choix de bon sens, qui coïncide avec celui réalisé par les grandes chaînes de télévision en France, en Belgique et au Canada», assure encore le porte-parole. La RTS annonce qu'elle réévaluera cette décision «lorsque la polémique autour de Gérard Depardieu sera moins vive». Marco Ferrara précise encore que sur Play RTS, les émissions avec Gérard Depardieu et de nombreuses interviews restent disponibles «pour celles et ceux voulant les visionner en toute liberté de choix».

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