Les primes d'assurance maladie ne cessent d'augmenter. Rien qu'en 2023, la hausse a atteint 8,7% en moyenne. Et selon Santésuisse, la situation n'est pas près de s'améliorer. L'automne prochain, le prochain coup de massue sur les primes risque de se produire, puisque les coûts de la santé ont déjà augmenté de 6,7% au cours des premiers mois de cette année.
Une situation tendue – ou une aubaine pour le Parti socialiste (PS) et son initiative sur l'allègement des primes, soumise aux urnes le 9 juin. L'initiative du parti à la rose demande que les primes d'assurance maladie d'un ménage ne dépassent pas 10% du revenu disponible. Par ailleurs, la Confédération devrait payer au moins deux tiers des réductions de primes à l'avenir. Cette dernière rejette par ailleurs l'initiative. Les cantons prendraient en charge les coûts restants.
Sur l'initiative du PS
Mercredi, les initiateurs du projet lancent leur campagne pour un oui. Un début de campagne qui s'apprête à prendre son envol, poussé par un vent favorable. Un nouveau sondage réalisé par l'institut de recherche Sotomo à la demande du PS le montre: le plafonnement des primes maladie devrait être bien accueilli par les électeurs suisses.
Le PLR dit clairement non
Les résultats de l'étude montrent que 60% des sondés approuvent actuellement l'initiative. 36% sont contre. Le reste est indécis. Ce résultat a été obtenu après que les personnes interrogées aient reçu des arguments pour et contre le projet. Les partisans du PS sont les plus favorables à l'initiative avec 92%, suivis par les Vert-e-s, avec 75% de votants positifs.
Surprise du côté de la droite: au sein de la base de l'UDC, le camp du oui est également en nette progression avec 59%, alors que seul un tiers dit vouloir voter non. L'UDC répète ainsi un schéma déjà observé pour la 13e rente AVS: la direction du parti dit non, tandis que sa base la désavoue en penchant pour le oui.
Avec 48 contre 44%, l'initiative obtient également une majorité relative chez les Vert'libéraux. Au Centre en revanche, le camp du non est en tête, avec 51%. Le rejet est massif chez le PLR, qui s'oppose à 68% au projet.
Les femmes soutiennent davantage l'initiative
Autre résultat frappant: en Suisse romande, le soutien est nettement plus élevé (65%) qu'en Suisse alémanique (59%). Ce n'est pas si surprenant: en ce qui concerne la charge des primes, la plupart des cantons romands se classent dans le peloton de tête, comme Genève, avec une moyenne de 454,40 francs de prime par mois.
Il y a également un fossé entre les sexes. Alors que les femmes approuvent clairement l'initiative (71%), les hommes ne sont que légèrement en tête avec 50% contre 48%.
Les différences de revenus sont aussi intéressantes. Plus le revenu est bas, plus le soutien est élevé. Parmi ceux qui gagnent moins de 4000 francs par mois, quatre cinquièmes veulent voter oui. Trois cinquièmes de ceux qui gagnent plus de 10'000 francs rejettent l'initiative.
Soulager la classe moyenne
Tant de tendances qui donnent des ailes au PS qui, après le succès historique de l'AVS, espère remporter une nouvelle votation. Le parti de gauche a des arguments solides dans ses tiroirs qui, selon le sondage Sotomo, font leur effet. Le fait que les primes ne soient plus guère abordables pour beaucoup et que la classe moyenne doive être soulagée est un argument qui parle tout particulièrement aux électeurs. Que l'initiative obligerait la Confédération à agir est aussi un élément moteur.
Les opposants quant à eux considèrent plutôt l'initiative comme une lutte contre les symptômes qui pourrait donner de mauvaises idées. La question des coûts joue également un rôle: en cas de oui, la Confédération devrait injecter chaque année plusieurs milliards de francs supplémentaires. Quoi qu'il en soit, les Suisses et les Suissesses décideront le 9 juin prochain quels arguments l'emporteront.
Le sondage de Sotomo a été réalisé en ligne entre le 21 mars et le 4 avril. Les données de 1005 personnes ont été analysées et pondérées selon des méthodes statistiques.