Le soleil brille, les chiffres du coronavirus sont en baisse et le nombre de personnes vaccinées progresse. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a fait passer hier un nouveau message: «Il faut atteindre toutes les personnes qui n’ont pas encore décidé de se faire vacciner ou qui ont été un peu trop paresseuses pour s’enregistrer jusque-là», a déclaré Anne Lévy, directrice de l’OFSP, aux médias. Oui, mais quel est le plan?
Près d’une personne sur trois est aujourd’hui complètement vaccinée en Suisse. Mais le rythme de la vaccination ralentit, les chiffres le prouvent. Cependant, il y a deux semaines, l’OFSP annonçait que plus de 94’000 doses de vaccin avaient été inoculées par jour. Mardi, ce chiffre était de 87’384. Pour expliquer cette baisse, on entend de plus en plus souvent dire que de nombreuses personnes reportent leur rendez-vous parce qu’il tombe pendant les vacances d’été ou durant un match de l’Euro.
Le Delta en route
Cependant, il faudrait maintenir un certain rythme de vaccination à cause de la progression du variant Delta. Ce dernier est beaucoup plus dangereux que les autres variants, même pour les personnes qui ont déjà reçu leur première dose. Nous ne sommes en effet correctement protégés qu’après avoir reçu la seconde piqûre: le niveau de protection est alors le même qu’avec les autres variants. La Grande-Bretagne en a fait l’amère expérience en devant reporter les ouvertures prévues à cause de l’apparition de ce variant en provenance d’Inde: leurs chiffres sont à nouveau montés en flèche, malgré une certaine avancée de la vaccination.
Le variant Delta est actuellement responsable d’environ dix pour cent des cas de coronavirus en Suisse. Notre situation n’est pas vraiment comparable à celle du Royaume-Uni, a précisé Patrick Mathys, de l’OFSP: les Britanniques ont été vaccinées avec le vaccin d’Astrazeneca. Ce dernier est moins efficace que ceux utilisés en Suisse selon les études. Cependant, Patrick Mathys prévient qu’il est possible que ce variant devienne le variant dominant en Suisse dans quelques semaines. Notre pays est donc sur le départ pour une course effrénée: il faut vacciner un maximum de personnes le plus rapidement possible.
Comment gagner la course?
L’OFSP ne sait pas encore exactement comment gagner cette course. Ce qui n’est pas sans rappeler la situation suisse en été dernier, pendant laquelle la Suisse était très confiante – avant d’être terrassée par la deuxième vague en l’automne. L’OFSP affirme que la menace d’une troisième vague ne justifie pas une grande campagne pour un appel à la vaccination. Mais plusieurs cantons se sont mobilisés pour supprimer un maximum d’obstacles à la vaccination. Par exemple, ils proposent des vaccinations sans rendez-vous et mènent leurs propres campagnes d’information. On note néanmoins que rien de nouveau n’émane du bureau fédéral. A l’exception de la traduction en 26 langues des documents de la campagne de vaccination que nous connaissons tous déjà.
Interrogée à ce sujet, l’OFSP répond évasivement qu’elle réfléchit «en permanence» à ses moyens de communication. Elle mentionne, par exemple, sa lutte contre les fake-news liées à la vaccination. Mais selon elle, la motivation des Suisses à se faire vacciner reste élevée: une nouvelle campagne dépendrait de l’évolution de la pandémie et de la progression de la vaccination. Questionnée à ce propos, Anne Lévy s’est défendue en évoquant simplement le nombre de cas. «Il semble que nous serons en mesure de les maintenir à un faible niveau», a-t-elle déclaré. Et si ce n’est pas le cas?