Plus de liberté, moins d'écologie ?
La démission de Petra Gössi cristallise les divergences au sein du PLR

Pendant sa présidence, Petra Gössi a mis l'accent sur l'écologie et a dû essuyer la débâcle du rejet de la loi sur le CO₂. Après l'annonce de sa démission, les divergences internes du parti ressortent et la lutte pour briguer la présidence du PLR a commencé.
Publié: 15.06.2021 à 09:24 heures
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Dernière mise à jour: 15.06.2021 à 11:23 heures
Ruedi Studer, Aline Leutwiler, Sermîn Faki et Daniel Ballmer

La leader du PLR, Petra Gössi, a annoncé sa démission lundi après le rejet de la loi sur le CO₂. La politicienne n'a pas reçu de soutien de la part des plus libéraux sur cette question cruciale. Au cours de l'année électorale de 2019, la Schwytzoise avait insufflé un élan écologique au sein du parti, au grand dam de la droite. Le conseiller national Christian Wasserfallen (BE) et le conseiller aux États Thierry Burkart (AG) s'étaient opposés à cette réorientation politique du PLR.

Pourtant, les critiques ont été plutôt modérées lors de la campagne référendaire menée pour la loi sur le CO₂. Il n'y avait pratiquement pas de représentants libéraux dans la force d'opposition. Le parti avait déclaré que le projet de loi était une affaire stratégique, ce qui ne laissait pas de place aux dissidents.

La pression exercée sur les opposants à la loi était énorme, mais elle est maintenant retombée. Dans le cas de la loi sur le CO₂, il est clair que même si la base des électeurs est d'accord avec les objectifs élevés en matière de protection du climat, les mesures concrètes pour les appliquer font défaut.

Sa démission n'a rien à voir avec la défaite écologique dans les urnes, affirme Petra Gössi dans une interview à Blick. L'issue du vote a toutefois facilité son départ: les divergences au sein du parti n'étaient pas les seules raisons pour lesquelles la présidente en avait assez. Petra Gössi était durement attaquée en coulisses, une source à l'interne du parti parle même d'une «chasse aux sorcières». L'aile libertaire du parti (notamment la frange des Jeunes libéraux-radicaux) l'avait attaquée non seulement politiquement, mais aussi personnellement. «Le groupe est indiscipliné», indique une autre source.

Les Jeunes du parti veulent réaffirmer les valeurs libérales

Avec le rejet de la loi pour laquelle Petra Gössi avait fait campagne, la droite du parti n'en ressort que plus forte. L'annonce de la démission de la présidente promet donc une lutte de pouvoir passionnante pour la direction du PLR.

Les Jeunes libéraux-radicaux y voient une chance de réaffirmer les valeurs originelles du parti. «Petra Gössi permet au nouveau président de se réaligner avant les élections», déclare leur leader Matthias Müller. «Il faut revenir aux valeurs éternelles de liberté et de responsabilité» ajoute-t-il. Les Jeunes veulent avoir leur mot à dire pour la succession du parti. «Nos votes peuvent être décisifs».

Pour le conseiller national PLR Marcel Dobler (SG), il faut maintenant clairement procéder à une «analyse interne du parti sur ce que nous voulons faire au cours des quatre prochaines années». Ce faisant, il convient de clarifier ce qui doit être modifié en termes d'organisation et de contenu. Il s'est lui-même opposé à l'accord-cadre ainsi qu'à la loi sur le CO₂.

Il souhaite que le futur dirigeant du parti puisse rassembler ses membres. Il veut également se concentrer sur les questions qui unissent le parti, «sur lesquelles nous pouvons avancer ensemble, comme l'AVS», dit Marcel Dobler. Il prône un retour au vieux slogan «Plus de liberté, moins d'État».

Doris Fiala enrage contre les libertaires

«Nous n'avons certainement pas à avoir honte de notre position écologique. À mon avis, il ne faut pas changer de cap !», déclare la conseillère nationale PLR Doris Fiala (ZH). Elle estime que Gössi n'a pas choisi le moment de l'annonce de sa démission par hasard et que le rejet de la loi sur le CO₂ a joué un rôle. Mais elle espère que le départ de Petra Gössi n'enterrera pas la question écologique au sein du parti: «J'espère que nous ne nous laisserons pas mettre sous pression par quelques libertaires! La démission de Gössi doit donc aussi être un signal d'alarme pour nous.»

Doris Fiala rappelle la devise libérale qui accompagne le parti depuis des décennies: «Liberté et responsabilité». La responsabilité comprend également la responsabilité écologique. «Nous ne devons pas minimiser le changement climatique, et nous ne pouvons pas non plus nous permettre de vivre en dehors de notre temps. Le changement climatique n'est pas un conte de fées, il est réel.»

Ne pas laisser le terrain aux Verts et au PVL

Voici pourquoi, selon Doris Fiala, il faut trouver de nouvelles solutions: «Nous devons être plus convaincants à cet égard, avec un système de primes pour les comportements respectueux de l'environnement. Je ne veux certainement pas laisser le champ libre aux seuls Verts et Verts libéraux!». Dans cette optique, elle a signé une proposition correspondante de son collègue Hans-Peter Portmann (ZH), qui souhaite modifier positivement l'article de la Constitution relatif à la protection de l'environnement.

D'autres, en revanche, ne veulent pas que le départ brutal de Petra Gössi et ses conséquences n'échauffent les esprits. Parmi eux, le conseiller aux États Andrea Caroni (AR), membre du PLR explique: «Pour moi, l'élection présidentielle n'est pas vraiment une décision d'orientation», dit-il. «Un président de parti doit de toute façon intégrer les différents courants au sein du parti et les porter à l'extérieur.»


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