Nouveaux chiffres publiés
Le harcèlement sexuel est partout, mais surtout dans la rue

Le harcèlement sexuel peut arriver partout, et souvent, les agressions sont passées sous silence. Un portail internet a vu le jour il y a deux ans pour signaler les comportements abusifs. Les nouvelles statistiques le montrent: la rue reste le lieu le moins sûr.
Publié: 15.02.2024 à 16:59 heures
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Dernière mise à jour: 15.02.2024 à 17:37 heures
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La plupart des cas de harcèlement sexuel se produisent dans la rue. (Image symbolique)
Photo: Keystone
Janine Enderli

Attouchements non sollicités, regards insistants ou gestes suggestifs: le harcèlement sexuel revêt de nombreuses formes. Des études montrent qu'entre 20 et 60% des femmes en Suisse ont déjà été victimes de harcèlement sexuel. De nouveaux chiffres montrent désormais où ces comportements abusifs ont le plus lieux.

La majeure partie des harcèlements a lieu dans la rue. C'est ce qui ressort des données des sites d'information «Zurich veille» et «Berne veille». Sur ces portails, le harcèlement peut être signalé depuis mai 2021. Seule une petite partie des actes de harcèlement a été commise dans des bars ou des clubs. Les cas signalés dans les bus ou les gares sont les deuxièmes plus nombreux. C'est ce que révèle l'émission «Ce matin» de la SRF.

Plus d'un tiers des femmes qui utilisent l'application ont indiqué avoir déjà été harcelées dans les transports publics. Regula Bühlmann, responsable du service de l'égalité de la ville de Berne, déclare à la SRF: «Nous pouvons imaginer que cela a un rapport avec le nombre de personnes qui se trouvent dans de tels endroits. Il est difficile d'y avoir une vue d'ensemble.» Il n'y a souvent pas d'échappatoire pour les victimes de harcèlement.

«Il me fixait sans cesse»

Les messages publiés sur le portail ne sont pas consultables par d'autres. Sur demande, les journalistes en reçoivent une sélection. Blick a déjà fait état de cette application en juin 2022. A l'époque, une utilisatrice avait écrit: «Peu avant 8 heures dans le bus, je vais travailler, et ce monsieur âgé me fixe sans cesse. Cruellement désagréable, il essaie d'établir un contact visuel. Tout simplement dégueulasse.» Une autre: «Propos tenus sur ma fille de 13 ans par un artisan à ses copains: 'Dans deux ans, elle sera bonne!'» 

Les témoignages, les transports publics sont légion: «Alors que je voulais monter dans le bus à la station, un homme (40-50 ans) m'a dit que j'avais, du haut de mes 22 ans, un corps fantastique. Je me sentais très peu sûre de moi, je ne savais pas s'il allait continuer et j'avais honte que d'autres passagers entendent cela. Personne n'a rien dit. Merci pour ce site web!»

Selon ce dernier, le harcèlement ne relève souvent pas d'un comportement pénalement répréhensible, mais d'un dépassement des limites. «Il s'agit de sensibiliser la population et de l'appeler à faire preuve de courage civil», explique Regula Bühlmann à la SRF.

Des codes QR à scanner dans les trains

Les exploitants de bus et de trains tentent, eux aussi, de contrer de telles agressions. Les CFF testent actuellement un nouveau système: des codes QR sont apposés dans certains trains CFF. Scanner le code permet d'atterrir sur un portail de signalement. Les incidents qui donnent un «sentiment d'insécurité» peuvent y être enregistrés.

Dans le cadre de «Zurich veille», des cours de civisme sont également régulièrement organisés. L'objectif du projet: chacun doit pouvoir se déplacer dans l'espace public et profiter de la vie nocturne sans craindre la violence physique ou les propos stupides, quelles que soient son apparence, son genre et son orientation sexuelle.

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