Nouveau calendrier dévoilé
Lausanne: le chantier de la gare revu, corrigé... et retardé

Le gros chantier de la gare de Lausanne doit être retardé et redimensionné. Les quais seront notamment plus larges que dans le projet initial et les travaux ne se termineront pas avant 2037, soit quatre ans et demi plus tard que prévu, selon les CFF.
Publié: 17.03.2023 à 14:38 heures
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Dernière mise à jour: 17.03.2023 à 18:48 heures
Nouvel horizon, retardé de 4 ans et demi, pour l'immense chantier de la gare de Lausanne: l'année 2037.
Photo: LAURENT GILLIERON

Officiellement lancés en juin 2021 après plus d'une décennie de procédures diverses, les travaux ont été interrompus l'an dernier. Le retard s'explique par la nécessité de retravailler le dossier sur ces questions de statique du site, comme cela a été demandé par l'Office fédéral des transports (OFT). Mais ce n'est pas l'unique raison. Le projet doit être repensé pour tenir compte de l'évolution du nombre de voyageurs.

Le gros chantier de la gare de Lausanne doit donc être retardé et redimensionné pour mieux tenir compte des besoins futurs. Les quais seront notamment plus larges que dans le projet initial. "Nous intégrons la demande du futur, ce qui n'avait pas été suffisamment fait à l'époque", a affirmé vendredi Vincent Ducrot, le patron des CFF, devant la presse au siège régional de Renens.

Le Fribourgeois a rappelé que le projet initial, imaginé en 2010, avait été le fruit d'un compromis. Il avait été élaboré avec des quais plus étroits pour éviter la démolition supplémentaire d'immeubles au sud de la gare. "Nous avons été rattrapés par ce compromis", a-t-il reconnu.

Pour éviter une saturation prématurée, les CFF et l'OFT ont préféré redimensionner les travaux pour bénéficier "d'une gare qui fonctionne sur le long terme", a ajouté Vincent Ducrot. C'est en diminuant l'entraxe des voies, soit la distance entre deux voies, que les quais pourront être élargis. Cet entraxe passera de 4,2 m à 3,8 m.

Calendrier remanié

Selon le nouveau calendrier du chantier, dévoilé vendredi par les CFF et l'Office fédéral des transports (OFT), les travaux en sous-sol de la place de la gare démarreront en avril 2024. La transformation des quais devrait suivre dès 2026 avec une mise en service par étapes entre 2030 et 2036. L'aménagement des passages inférieurs devrait se terminer en 2037, soit quatre ans et demi plus tard que prévu. Canton, Ville et lobby romand du rail sont déçus.

Le report des travaux est "regrettable, mais il n'y a pas d'alternative", a estimé Peter Füglistaler, le directeur de l'OFT. "Nous préférons avoir des installations sûres et viables, même si elles arrivent plus tard, plutôt qu'une gare qui n'est pas adaptée."

Les surcoûts ne sont pas encore connus. Mais Peter Füglistaler a assuré qu'il y avait "des réserves" dans le crédit-cadre octroyé pour lancer le chantier. "Le projet est financé et il n'y a pas de retour en arrière possible", a-t-il assuré.

Déception et inquiétudes

Si les CFF et l'OFT refusent de parler de fiasco - "Cela serait mal connaître la complexité des grands projets", a affirmé Vincent Ducrot -, ils se sont néanmoins attiré de nombreuses critiques.

Le Conseil d'Etat vaudois et la Municipalité de Lausanne ont dit leur "grande déception et inquiétude." Ils demandent des garanties pour assurer le fonctionnement du noeud ferroviaire lausannois et de la gare.

Dans un communiqué commun, les autorités reconnaissent toutefois que le nouveau projet apparaît "comme une amélioration par rapport à l'ancien", même si cette refonte est "tardive."

Le Canton et la Ville regrettent également "les nombreuses répercussions négatives qui vont se poursuivre pour la population riveraine, les commerçants, les usagers de la gare ou encore les entreprises impliquées".

Analyser les "manquements"

Pour la Conférence des transports de Suisse occidentale (CTSO), le nouveau délai présenté par les CFF et l'OFT "sonne comme un nouveau coup de frein au développement de l'offre en transports publics de la Suisse occidentale", écrit-elle dans un communiqué.

Plus virulent, OuestRail estime que ce retard est "incompréhensible". Le lobby romand rappelle que ce projet, débuté en 2009 avec la signature de la convention Léman 2030, prévoyait une mise en service à l'horizon 2025. "Le retard est déjà de près de 15 ans et rien ne garantit que les besoins pour les 50 prochaines années soient couverts", s'inquiète-t-il dans un communiqué.

Pour OuestRail, les CFF et l'OFT doivent proposer des solutions de compensation pendant cette phase de travaux. Il souhaite aussi que "les manquements dans la gestion de ce projet" soient analysés de manière indépendante par le Parlement.

(ATS)

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