Motards, football et entrecôte
Les sept faits à retenir de la première journée de la session d'été au Parlement

C'est reparti à Berne! La session d'été des Chambres fédérales a commencé ce lundi 30 mai. Blick vous emmène dans les coulisses de ces trois semaines de débats parlementaires.
Publié: 30.05.2022 à 16:39 heures
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Dernière mise à jour: 30.05.2022 à 18:40 heures
Des activistes d'Amnesty International suspendent des sous-vêtements dans le cadre de l'action «Un oui est un oui».
Photo: Keystone
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Ambiance de rentrée à Berne. Après une courte session spéciale du Conseil national au début du mois (9-13 mai), les parlementaires des deux Chambres sont de retour dans la capitale pour trois semaines. Coûts de la santé, rapports avec l'Union européenne, prix de l'essence... Le programme, toujours marqué par le conflit en Ukraine, s'annonce chargé. Pour vous, Blick a sélectionné les sept faits marquants à retenir de ce lundi.

1. Les motards volent la vedette aux élus

Les débats ne débutent traditionnellement que le lundi après-midi, pour permettre aux parlementaires d'arriver à Berne. Pourtant, dès l'aube, les alentours de la gare étaient bouclés par la police cantonale, venue en nombre. Une mesure consécutive aux menaces contre les élus, qui ont récemment battu des records selon Fedpol? Pas du tout.

Cette semaine, les Broncos, Bandidos ou encore Hell's Angels risquent bien de voler la vedette aux socialistes, UDC et autres PLR. Ces différents gangs de motards sont les acteurs d'un procès XXL à Berne, trois ans après une dispute qui a dégénéré à Belp, dans la banlieue de la capitale. La plus grande salle du tribunal, réservée aux audiences particulièrement importantes, accueille les débats.

Les motards sont venus en nombre, ce lundi.
Photo: DR

2. Jacky is back

«Mon médecin m'a mise en congé.» C'est avec ces mots que Jacqueline Badran avait annoncé, sur Facebook, une pause forcée de la politique. La conseillère nationale zurichoise venait pourtant de triompher avec ses camarades socialistes sur le droit de timbre, une bataille dans laquelle elle avait engagé toutes ses forces. Un peu trop, donc, puisqu'après 20 ans d'«engagement intense», son corps avait dit stop.

Dimanche soir, c'est sur Twitter que «Jacky», comme on l'appelle sous la Coupole, a annoncé son retour. «Dès demain, je reprendrai toutes mes fonctions politiques pour la session d'été. Je tiens à remercier tout le monde pour le soutien et les nombreux messages reçus.» Une annonce «likée» plus de 2000 fois, un joli succès à l'échelle suisse.

«La survivante» a une nouvelle fois survécu.
Photo: Keystone

3. Les Rouges comme les Reds

Samedi, il n'y a pas que Liverpool à être passé tout près du titre. Pendant que les Anglais perdaient dans le chaos parisien contre le Real Madrid, un autre titre se disputait à Lahti, en Finlande: le championnat des parlementaires. Et la Suisse avec son FC Nationalrat (FC Conseil national) a failli rafler la Coupe. Mais nos élus se sont sèchement inclinés en finale contre le FC Bundestag, les parlementaires allemands (0-3).

Mais l'important n'était pas vraiment le côté sportif, puisque ce 49e tournoi des parlementaires était placé sous l'angle de la solidarité. Fait cocasse: c'est Jari Litmanen, ancien international finlandais notamment passé par... Liverpool, qui a donné le coup d'envoi.

Le tournoi s'est déroulé à Lahti, en Finlande.
Photo: DR

À noter qu'il s'agissait d'une compétition de football masculin: les femmes, regroupées sous la bannière FC Helvetia, n'étaient pas du voyage.

4. Les femmes au musée?

À défaut de carré vert, les femmes pourraient avoir droit à un musée. Pendant que le Conseil national s'occupe du budget, le Conseil des États a un programme plus varié. Dont une motion de la sénatrice du groupe du Centre Marianne Streiff-Feller. La Bernoise propose la création d'un musée national traitant de la place des femmes dans l'histoire suisse.

«Par le passé, l'histoire a été écrite majoritairement par des hommes qui parlent d'hommes. La Suisse ne joue pas de rôle précurseur en ce qui concerne les droits des femmes et il n'existe à ce jour toujours pas de centre national qui traiterait l'histoire suisse d'un point de vue féminin», écrit Marianne Streiff-Feller.

Marianne Streiff-Feller est membre du Parti évangélique.
Photo: Keystone

Une motion qui n'est pas bien servie par le programme du Conseil des États: l'objet se trouve entre un débat sur les animaux, plus précisément une motion verte «Pas de raccourcissement de la queue sans anesthésie» (sic), et deux motions portant sur le rôle du Parlement lors des épidémies...

5. «Beef» chez les Verts

C'était l'affaire de la semaine dernière: les Verts genevois n'ont plus le droit de manger de la viande lorsqu'ils représentent leur parti. Une décision votée par la section écologiste du bout du lac par 53 oui, 45 non et 16 abstentions, rapportait «Le Temps».

Une décision qui a fait des vagues nationales, jusqu'à la Une de notre édition papier en Suisse alémanique avec un excellent titre: «Beef chez les Verts». Il semblerait que ce vent d'interdit n'ait pas flotté jusqu'à Berne. La conseillère aux États Lisa Mazzone, qui représente pourtant le canton de Genève, assure comprendre le débat mais ne pas soutenir l'interdiction. Une posture partagée par Irène Kälin, présidente du Conseil national, invitée à réagir sur le sujet par le «19h30» dont elle était l'invitée dimanche.

Une polémique qui fait sourire le président du parti, Balthasar Glättli. «De toute façon, quand on est Vert, si on mange de la viande cela ne va pas, et si l'on en mange pas, cela ne va pas non plus.»

6. Cher journal...

En parlant d'écologistes, la conseillère nationale vaudoise Léonore Porchet a dévoilé son secret sur Instagram pour une session réussie: tout planifier dans un Bullet journal, un «BuJo» pour les intimes. L'outil, très en vogue sur les réseaux sociaux depuis quelques années, consiste à rédiger un agenda à la main et de manière très schématique pour mieux conserver les informations.

Le «BuJo» version Léonore Porchet.
Photo: DR

Nul doute que la Lausannoise y a réservé une case particulière pour jeudi 2 juin: la présidente de Santé sexuelle Suisse (SSCH) organise une manifestation sur la Waisenhausplatz (à quelques encablures du Palais fédéral) pour marquer les vingt ans du droit à l'avortement sans délai. Léonore Porchet annonce le dépôt d'une initiative parlementaire pour que l’interruption de grossesse disparaisse du Code pénal et soit avant tout considérée comme une question de santé.

Cette semaine est placée sous le sceau du féminisme, puisqu'une manifestation sur le consentement avait lieu ce lundi sur la Place fédérale.

Une activiste d'Amnesty International pend des sous-vêtements dans le cadre de la manifestation «Un oui est un oui».
Photo: Keystone

7. Un remède à trouver au Centre

En parlant de Santé, voici un nom que vous risquez d'entendre souvent ces prochains temps: Tardoc. Le nouvel outil de tarification médicale devait relayer le décrié Tarmed aux oubliettes. Problème: il fait encore plus l'unanimité contre lui, au point qu'Alain Berset himself aurait voulu le torpiller devant le Conseil fédéral. Dans une évaluation interne que Blick a pu consulter, l'Office fédéral de la Santé publique s'en prend frontalement au nouvel outil, jugé «trop cher, trop complexe et trop peu transparent».

L'explosion des coûts de la Santé est justement au centre des débats, mardi au Parlement. Une impasse? Seulement jusqu'à 11h36, lorsqu'un mail est arrivé dans la boîte de tous les journalistes accrédités au Palais fédéral. L'expéditeur? Le Centre. L'objet? «Demain, nous stoppons l'explosion des primes-maladie.» Des millions de porte-monnaies de Suisses se réjouissent déjà.

À demain!

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