Lockheed Martin sous pression
L'initiative du GSsA contre les F-35 aide l'industrie militaire suisse

Lockheed Martin s'est engagé auprès du Conseil fédéral à confier des mandats à des entreprises suisses en échange de l'achat des avions de combat F-35 à la Suisse. La menace du référendum du GSsA pousse le constructeur américain à signer ces contrats plus rapidement.
Publié: 03.11.2021 à 16:37 heures
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Dernière mise à jour: 04.11.2021 à 06:17 heures
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L'avion de combat américain F-35 va devenir le nouvel avion des Forces aériennes suisses.
Photo: DUKAS
Blick

La ministre de la Défense Viola Amherd ne manque pas une occasion de promouvoir l’avion américain, disant à qui veut bien l’entendre que l’avion furtif F-35 que la Suisse veut acheter est non seulement le meilleur avion de combat, mais aussi le moins cher.

De manière plus timide cependant, elle vient d’annoncer que le constructeur Lockheed Martin fait moins bien que la concurrence dans les affaires dites de compensation. Ces accords sont censés garantir des commandes à l’économie suisse, et donc des emplois et des recettes fiscales. Or, l’entreprise américaine a perdu du terrain et devrait se dépêcher de reprendre la tête. Elle a une épée de Damoclès au-dessus de la tête: l’initiative «Stop F-35».

Mauvaises expériences dans d’autres pays

La Suisse est-elle confrontée à une faille similaire à celle d’autres pays? Par le passé, Lockheed Martin n’a pas toujours brillé lorsqu’elle a dû s’acquitter des accords de contre-échange garantis par contrat. L’entreprise américaine n’a par exemple absolument pas répondu aux attentes belges. Elle a imposé à plusieurs reprises de nouvelles conditions. Les médias nationaux n’ont pas été tendres et n’ont pas hésité à sous-entendre que la Belgique avait été «naïve» en achetant le F-35.

Quant à la Pologne, sa situation semble être encore pire: au début de l’année, le ministère polonais de la Défense a décidé de renoncer complètement aux affaires compensatoires convenues. Devant les questions des médias, les responsables ont affirmé que «les propositions américaines n’étaient pas satisfaisantes», La Pologne n’avait obtenu aucun «moyen de maintenance ou de production convenable» pour le F-35.

Armasuisse se montre optimiste

Face à ces exemples, en Suisse, l’Office fédéral de l’armement, Armasuisse, se montre pourtant optimiste. L’accord de 6 milliards d’euros «garantirait plusieurs milliers d’emplois hautement qualifiés au cours des prochaines décennies», affirme-t-il avec conviction. Lockheed Martin doit compenser 60% du prix d’achat en passant des commandes en Suisse, soit environ 3,6 milliards de francs suisses.

L’Association suisse de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (Swissmem) se dit également «confiante», souligne son porte-parole Jonas Lang. Néanmoins, il faudra aller vite. La pétition pour un référendum a été lancée en août dernier par le groupe Suisse sans armée (GSsA), le PS et les Verts. Cette initiative semble aider directement l’économie suisse: en raison de la votation imminente, Lockheed Martin est sous pression pour conclure rapidement des contrats avec des entreprises locales.

Lockheed Martin pas déstabilisé

«L’objectif est connu et nous l’atteindrons», déclare sans ambages Patrick Nyfeler, directeur général de Lockheed Martin Suisse. Divers projets sont déjà en cours. Il souligne, par exemple, l’accord conclu avec Mecaplex AG, qui a déjà été pré-approuvé par le Conseil fédéral. La société basée à Granges s’est vue attribuer un important contrat portant sur un total de 800 panneaux de vitrage de cockpit et 400 auvents de cockpit complets, ce qui représente pour la région des investissements de plusieurs centaines de millions de francs et une centaine d’emplois.

L’entreprise tessinoise Nozomi Networks et Kudelski, spécialisée dans les systèmes de sécurité numérique, devraient également profiter de ces affaires compensatoires. «Une couche de sécurité supplémentaire pour les données et les systèmes est créée spécialement pour la Suisse, car la sécurité y est très importante», souligne Patrick Nyfeler. Cela permettrait de créer des emplois supplémentaires au Tessin et en Suisse romande. Pour l’instant, au moins une lettre d’intention a été signée.

Un manquement à cette règle peut entraîner une lourde amende.

Un autre contrat devrait encore être conclu, poursuit le directeur général, avec Ruag à Stans et SR Techniques à Kloten. Les moteurs seront entretenus par Ruag à Stans et SR Techniques à Kloten ZH. Cependant, Lockheed Martin ne peut ou ne veut pas donner une évaluation provisoire des exigences stipulées dans le contrat pour le moment.

Mais l’initiative populaire n’est pas la seule épée de Damoclès qui pèse au-dessus de l’avionneur américain. Si l’entreprise n’est pas en mesure de présenter des transactions compensatoires suffisantes dans le délai imparti, elle s’expose à une lourde amende d’au moins 5% de la part non remplie. Mais elle ne devrait pas trop s’inquiéter de cette condition: le Conseil fédéral lui a donné pour les conclure jusqu’à quatre ans après la livraison du dernier jet, soit en 2034.

(Adapatation par Lauriane Pipoz)

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