Les Vert-e-s s'opposent au Conseil d'Etat
L'ordonnance sur l'abattage des loups polarise les Valaisans

Nulle part ailleurs le loup ne polarise autant qu'en Valais. Alors que les Vert-e-s critiquent la nouvelle ordonnance du Conseil fédéral, le Conseil d'Etat se réjouit de cette décision qu'il juge nécessaire et urgente.
Publié: 05.11.2023 à 06:09 heures
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La population de loups a fortement augmenté ces dernières années. En l'espace de trois ans, elle a triplé. En 2020, une centaine de loups vivaient encore en Suisse. (Keystone)
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Sara Belgeri

Les Valaisans se déchirent sur ce sujet. La question de l'abattage des loupes divise dans le canton. Alors que Les Vert-e-s critiquent la récente décision du Conseil fédéral, le service valaisan de la chasse s'est empressé de recruter les nouveaux tireurs via un formulaire.

La coprésidente des Vert-e-s valaisans Brigitte Wolf trouve «arbitraire» que seules trois meutes de loups puissent vivre dans les cantons du Valais, de Berne, de Fribourg et de Vaud à l'avenir. La politique craint qu'il ne reste bientôt plus qu'une seule meute dans son canton. 

La population de loups doit être réduite de 70%

Et pour cause: cette semaine, le conseiller fédéral Albert Rösti a présenté un projet de nouvelle ordonnance sur la chasse. Selon la volonté du ministre de l'Environnement, la population de loups doit être réduite de 70%, soit de 30 à 12 meutes dans toute la Suisse. L'ordonnance devrait entrer en vigueur dès début décembre.

Il faut dire que la population de loups a fortement augmenté ces dernières années. En l'espace de trois ans, elle a triplé. En 2020, une centaine de loups vivaient encore en Suisse. Aujourd'hui, on en comptabilise environ 300.

Les cantons d'altitude sont les premiers concernés par cette évolution. C'est le cas du canton du Valais. C'est dans les montagnes valaisannes que la première meute a été détectée en 2016. L'année dernière, il y en avait déjà huit autres. Cette augmentation a des conséquences sur le nombre d'attaques d'animaux de rente déclarées, qui a également augmenté: en 2019, 205 attaques ont été enregistrées. L'année dernière, ce chiffre a doublé. Toutefois, en 2023, on recense déjà une baisse de 29% par rapport à 2022.

Les Valaisans s'opposent aux Suisses

C'est un fait: le loup s'est à nouveau répandu en Suisse. Et nulle part ailleurs, il ne polarise autant qu'en Valais. Alors que le peuple suisse a rejeté la loi sur la chasse révisée en 2020 à 51,9%, les citoyens du canton valaisan l'ont acceptée à 68,9%. En 2021, le Valais a lancé une initiative demandant un assouplissement des dispositions relatives au tir des grands prédateurs. Celle-ci a aussi été acceptée haut la main avec 62,5% d'approbations.

Pas étonnant que le conseiller d'Etat en charge du dossier Frédéric Favre «salue expressément» la récente décision du Conseil fédéral. Interrogé par Blick, le chef du Département de la sécurité, des institutions et du sport s'explique: «Il est urgent de pouvoir réduire rapidement et efficacement la pression sécuritaire pour les citoyens, les touristes et surtout les éleveurs, les animaux de rente et les animaux sauvages.»

Abattage à titre préventif

Par le passé, les chasseurs ont été autorisés à abattre des loups valaisans à plusieurs reprises, mais uniquement si des dommages étaient reportés au préalable. Désormais, les loups devraient pouvoir être abattus à titre préventif. Brigitte Wolf trouve cela totalement incompréhensible: «Les Vert-e-s valaisans ont toujours été favorables à l'abattage des loups qui causent des dommages, mais certainement pas à celui de meutes entières qui n'ont jamais causé de problème.» 

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«Moins de loups ne signifie pas forcément moins de dégâts»
Brigitte Wolf, coprésidente des Vert-e-s valaisans
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La coprésidente des Vert-e-s fait remarquer que cette nouvelle ordonnance ne fera pas complétement disparaître les dégâts causés par les loups en Valais. «Moins de loups ne signifie pas forcément moins de dégâts», affirme Brigitte Wolf. Les loups isolés auraient tendance à se déplacer et à s'attaquer aux animaux de rente. «Les meutes sont plus faciles à évaluer et ont leur territoire, poursuit la Verte. Nous avons plus de problèmes avec les loups solitaires qu'avec les meutes.»

La loi est claire

Georges Schnydrig, coprésident de l'Association suisse pour la protection des habitats ruraux contre les grands prédateurs, est d'un tout autre avis. Il s'engage depuis des années pour une approche plus dure en ce qui concerne les grands prédateurs, dont font partie les loups. La décision de l'Office fédéral de l'environnement le rassure.

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«Il était grand temps de procéder aux adaptations de la loi sur la chasse»
Georges Schnydrig, coprésident de l'Association suisse pour la protection des habitats ruraux contre les grands prédateurs
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Selon lui, la population de loups a récemment augmenté de manière effrénée et les dommages ont massivement augmenté ces dernières années: «Il était grand temps de procéder aux adaptations de la loi sur la chasse.» L'ancien élu élève lui-même des moutons. Son expérience lui a appris les dégâts que peut causer un loup. «C'est terrible», insiste Georges Schnydrig. «On vit dans une tension quotidienne et on ne sait jamais ce qui nous attend.» 

Il ne veut pas laisser passer l'argument de la coprésidente des Vert-e-s. Il rappelle que la loi stipule clairement que les loups qui causent des dommages peuvent être abattus. «Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse interpréter quelque chose que la loi définit clairement», se désole le coprésident. Selon lui, il doit être dans l'intérêt de tous de réguler les loups qui causent des dommages.

Les Vert-e-s espèrent de la modération

La nouvelle ordonnance sur la chasse sera mise en consultation l'année prochaine. L'association de Georges Schnydrig s'engagera pour une tolérance zéro envers les grands animaux dans les zones d'habitation. Par ailleurs, les loups qui causent des dommages doivent pouvoir être abattus de manière ciblée en cas d'attaque de troupeaux d'animaux d'élevage. «Nous exigerons des zones agricoles exemptes de loups», déclare Georges Schnydrig.

En attendant, les Vert-e-s valaisans espèrent que le canton appliquera la nouvelle ordonnance avec modération. «Mais pour l'instant, cela ne semble pas être le cas», admet Brigitte Wolf. Elle fait référence au formulaire du Service de la chasse, de la pêche et de la faune qui circule déjà parmi les chasseurs. Grâce à ce formulaire, les chasseurs peuvent cocher la case correspondante à la meute qu'ils souhaitent abattre.

La Verte craint surtout que les succès antérieurs soient réduits à néant par la nouvelle procédure. Auparavant, les organisations environnementales auraient fait opposition à presque chaque abattage de loup. «Mais ces dernières années, les agriculteurs et les organisations environnementales se sont rapprochés.» En raison des dispositions révisées, les oppositions vont à nouveau augmenter, suppose Brigitte Wolf. «Avec cette ordonnance, les positions se durcissent à nouveau.»

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