L'analyse du politologue Claude Longchamp
«Un coup de tonnerre pour la politique fédérale»

Le refus de la loi CO₂ est une surprise pour le politologue Claude Longchamp. Il s'agit surtout d'un terrible désaveu pour les directions des partis, et en particulier le PLR.
Publié: 13.06.2021 à 17:23 heures
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Dernière mise à jour: 13.06.2021 à 18:34 heures
Rachel Hämmerli

On peut être un vieux loup de mer de la politique et toujours avoir des surprises. Malgré toute son expérience, le politologue Claude Longchamp n'avait pas anticipé un scrutin aussi serré sur la loi CO2.

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Il faut dire qu'il y a quelques mois encore, la loi était promise à un avenir rose (et vert). L'acceptation au sein de la population dépassait alors les 60%. Comment expliquer cette chute brutale? «Le camp du oui a négligé l'effet des coûts pour le citoyen», analyse Claude Longchamp.

Propriétaires, automobilistes et habitués à prendre l'avion allaient devoir passer à la caisse. «D'un projet pour le climat, c'est devenu une question de coûts pour le consommateur». Après un an et demi de vie entravée par les mesures contre le Covid-19, la population était peu encline à tenter l'expérience, selon le Fribourgeois d'origine.

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«Il y a un scepticisme par rapport au futur»

Dans les temps plus difficiles, les gens ont tendance à regarder davantage leur porte-monnaie. «Il y a un scepticisme par rapport au futur», explique Claude Longchamp. Et l'expérience le montre bien: lorsqu'il s'agit de passer à la caisse, la population est très méfiante.

L'explication de ce «non» dominical est donc à trouver dans les coûts pour le consommateur. «Ce n'est vraiment pas un non à davantage de mesures de protection pour le climat.»

Pour Longchamp, ce refus est un sacré coup porté à la politique fédérale. Le PLR, en particulier, devra choisir sa voie en matière de politique climatique.

Des taxes pas très libérales

Après consultation de sa base, la direction libérale-radicale avait opté pour une voie «d'écologie libérale» et avait choisi de soutenir la voie CO₂. Cette décision a causé beaucoup de rififi à l'interne, explique Longchamp: les taxes prévues par la loi n'étaient pas vraiment libérales. «Quel avenir pour la direction?», demande le politologue.

Cette loi de compromis était un «projet de prestige» pour la politique suisse. Il ne s'agit pas que de politique interne: en ratifiant l'Accord de Paris, la Suisse s'est engagée auprès des autres Etats à diminuer largement ses émissions de CO₂. La population lui a infligé une claque ce dimanche.

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