Tolochenaz, Lully, Morges et maintenant Gland… Ce n’est pas un cours de géographie régionale, mais bien un extrait – non exhaustif – de la liste des communes vaudoises ayant imposé des restrictions sur la consommation de l’eau.
Et les mesures édictées par la commune de Gland sont inédites: jamais auparavant la ville du district de Nyon n’avait dû recourir aux grands moyens. Strictes, ces nouvelles règles resteront en vigueur jusqu’à nouvel ordre.
Des recommandations devenues restrictions
La population de Gland a pu le découvrir dans sa boîte aux lettres. Entouré de deux panneaux d’avertissement, le message du tous-ménages est limpide: «Restriction consommation d’eau.» Il faut dire que la municipalité a dû parer au plus pressé: l’apport principal de la ville vient de la source du Montant, dont le niveau d’eau a baissé de 40% depuis le début des fortes chaleurs.
La commune vaudoise s’était d’abord contentée de la prévention: des recommandations avaient été partagées sur les réseaux sociaux début juin. La municipale chargée des infrastructures et de l’environnement, Christelle Giraud-Nydegger, l’explique: «Nous avions d’abord commencé en douceur avec cette sensibilisation ainsi qu’un communiqué de presse. Même si la population a bien joué le jeu, la situation restait critique. Nous avons dû, le 26 juillet dernier, passer au niveau supérieur et ce, malgré des résultats positifs.» Ces premiers gestes avaient en effet pu réduire de près d’un tiers la consommation d’eau.
La commune a dû fixer des limites à ses citoyens: interdiction de laver sa voiture, de remplir sa piscine ou d’arroser son gazon. Des contraintes difficiles à imposer mais qui ont déjà fait leurs preuves depuis le 26 juillet. «Ces restrictions ont permis de réduire près de la moitié la consommation d’eau de la ville», précise la municipale.
Un sentiment d’injustice
La commune compte bien faire respecter ces nouvelles mesures. Des contrôles réguliers sur le territoire sont effectués et des flyers de sensibilisation sont distribués. Christelle Giraud-Nydegger se donne une dizaine de jours pour évaluer la situation. Les contraventions ne sont, pour l’heure, pas à l’ordre du jour. Mais la municipale avoue: «Si des récidives sont commises, nous serons obligés d’amender les citoyens.»
Efficaces, ces mesures ne passent toutefois pas facilement auprès d’une partie de la population. La municipale a ainsi reçu ce genre de questions: «Pourquoi moi? Que fait la commune? Et pourquoi le golf a le droit d’arroser son gazon?» Mais l’élue garde la tête froide. Elle insiste sur l’importance d’une bonne communication auprès des habitants. «Une minorité de la population ressent une certaine injustice. C’est pourquoi on communique au maximum sur ce que nous faisons nous-mêmes. Les fontaines ont été éteintes et l’arrosage des jardins de la ville se fait avec de l’eau brute.»
Et pour le golf? La réponse est simple: «Le golf peut continuer l’entretien de son gazon, car il est indépendant par son pompage au lac et ses propres sources. Cependant, en cas de besoin d’alimentation de secours par le réseau d’eau de la ville, la restriction s’appliquera également au lieu sportif.»
«Cette sécheresse va se répéter et s’intensifier»
Il faudra s’y faire. Ces mesures, certes inédites, risquent de se généraliser dans le futur. Christelle Giraud-Nydegger n’hésite pas à l’affirmer: «Cette sécheresse va se répéter et s’intensifier au cours des années à venir.» C’est pourquoi des plans pour de nouveaux approvisionnements sont déjà en cours, mais certains sont confrontés à des oppositions dont on ne connaît pas l'origine.
La Ville cherche également à développer des projets d’interconnexion avec d’autres communes et travaille depuis une trentaine d’années avec Genolier (où est déjà située la source du Montant) et Arzier-Le Muids sur le projet d’exploitation de la nappe de la Cézille: «C’est le seul moyen de répondre aux besoins de la population pour les années à venir». La municipale insiste: «On ne peut plus vivre sur des acquis.»
100% de l’eau doit venir du lac
En temps normal, seulement 10% de l’eau des robinets glandois provient du Léman. A l’heure actuelle, c’est 100%, selon les précisions apportées par la chargée de l’environnement. La source du Montant n’a même plus la capacité d’approvisionner suffisamment les rivières, impactant directement la faune. La Municipale conclut: «Il ne faut plus uniquement réfléchir à l’échelon communal. Il est important de renforcer les PDDE (ndlr: Plans directeurs de la distribution de l’eau) régionaux afin d’améliorer et développer les réseaux d’eau.»
Hormis l’interdiction répétée de pomper l’eau des rivières, le Canton invite les Vaudois à se référer aux mesures communales. Contacté par notre rédaction, il n’a pas (encore?) donné suite à nos questions. Mais les communes semblent se retrouver seules avec ce fardeau.