Jon Pult, candidat à la succession d'Alain Berset
Le prodige grison de la politique qui a enterré le rêve olympique de la Suisse

Président du PS des Grisons à 24 ans, député au Grand Conseil à 26, Jon Pult pourrait devenir conseiller fédéral à 39 ans. Ce fin tacticien et orateur pertinent a certes commencé chez les Jeunes socialistes, mais il fait aujourd'hui de la politique au centre du PS.
Publié: 27.11.2023 à 11:41 heures
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Dernière mise à jour: 13.12.2023 à 08:07 heures
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Jon Pult n'est conseiller national que depuis 2019 - mais il pourrait bientôt devenir conseiller fédéral.
Photo: keystone-sda.ch

A 39 ans, le conseiller national Jon Pult était le plus jeune candidat du PS à la succession du conseiller fédéral Alain Berset. Ce «débutant» en politique est considéré comme un rhétoricien doué et l'un des plus grands talents politiques des socialistes - des attributs qui l'accompagnent depuis 20 ans déjà dans sa carrière politique.

Pult est né en Basse-Engadine avec la double nationalité suisse et italienne. Il est entré en politique à l'âge de 19 ans, lorsqu'il a été élu au législatif de la ville de Coire en 2004.

Il a ensuite gravi les échelons politiques à un rythme effréné: à 24 ans, Pult est devenu président du PS des Grisons, à 26 député au Grand Conseil des Grisons, à 29 président de l'Initiative des Alpes, à 35 conseiller national et à 36 vice-président du PS Suisse.

Contre les Jeux olympiques, pour le rail

C'est lorsqu'il est arrivé au Grand Conseil que l'habileté politique de Jon Pult et sa rhétorique percutante ont été remarquées dans les Grisons. Le jeune parlementaire a argumenté et taclé comme un routinier. Dans les Grisons, on entend rapidement ces mots: «Il sera conseiller fédéral».

Son plus grand succès dans son canton d'origine date de 2017, lorsque le PS et les Verts, sous sa direction, ont fait échouer dans les urnes les projets cantonaux de Jeux olympiques d'hiver, malgré l'engagement considérable des autres partis et de toutes les associations économiques.

Cet historien de formation a atteint la notoriété nationale en tant que président de l'Initiative des Alpes, qui s'engage pour le transport de marchandises par le rail. Pult n'a toutefois réussi à entrer au Conseil national qu'à sa troisième tentative, en 2019, lorsque le siège socialiste grison détenu par Silva Semadeni, le seul à l'époque, a été laissé libre.

«Il brûle pour sa cause»

Dans la Berne fédérale, le talent politique et l'habileté rhétorique de Pult ont une fois de plus été remarqués. Un an seulement après son entrée au Parlement, le PS l'a nommé vice-président du parti. Il préside aujourd'hui la commission des transports et des télécommunications du Conseil national.

Christian Wasserfallen, conseiller national PLR, estime que Pult a «agréablement dirigé» la commission et qu'il a fait preuve d'une grande maîtrise des dossiers. Il considère Pult comme un politicien très talentueux, «capable de défendre ses positions clairement à gauche, tant sur le plan du contenu que du langage».

Sur sa page d'accueil, Pult se montre également combatif : «Il est temps de s'opposer à ceux qui exigent pour eux et leurs amis des saucisses supplémentaires tout en piétinant des personnes qui ne peuvent guère se défendre», y écrit-il.

Mais Pult n'est pas si à gauche malgré sa réputation. Selon l'outil de vote en ligne indépendant Smartvote, il fait de la politique exactement au centre du groupe parlementaire du PS. «Il brûle pour sa cause: les gens, une société juste, une bonne cohabitation», a récemment déclaré la conseillère nationale grisonne Sandra Locher Benguerel à propos de son compagnon de route politique.

Il veut garder son passeport italien

Lors de l'annonce de ses ambitions au Conseil fédéral, Pult a qualifié la réforme du système de santé comme étant le plus grand défi actuel, accompagné de la politique climatique et européenne. Pour atteindre les objectifs climatiques, il demande une «politique de la main tendue» plutôt qu'une «politique de l'index levé».

D'ailleurs, Pult insiste toujours sur l'importance de l'union. Lorsqu'il est entré au jardin d'enfants, il parlait le romanche et l'italien, mais pas un mot d'allemand, écrit-il sur son site Internet. Cette expérience l'a marqué: «Parler ensemble signifie écouter, comprendre et être soi-même compréhensible. C'est ainsi que l'on construit des ponts entre nous». Aujourd'hui, il vit entre Coire et Berne avec sa femme, qui travaille comme journaliste à la SRF.

En tant que conseiller fédéral, le socialiste garderait son passeport italien. «Je reste double national et, en tant que conseiller fédéral, je m'engagerais à 100% pour la Suisse», a-t-il déclaré lors de l'annonce de sa candidature.

(ATS)

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