En 2019, la Suisse vivait un événement historique: 48 ans après l’introduction du droit de vote des femmes, 84 femmes étaient au Conseil national – sur 200 sièges, cela fait 42%, un niveau jamais atteint. Si le score était moins bon au Conseil des États (26%), cela reste également le meilleur jamais enregistré.
Mais pas besoin d'avoir fait des études poussées en mathématiques pour comprendre que les femmes sont toujours sous-représentées dans la population. Une association, «Helvetia ruft!» (en référence à la figure allégorique féminine personnifiant la Confédération) s'est donné pour mission de changer cela.
Et elle a déjà réussi un joli tour de force, treize mois avant les Fédérales de l'automne prochain: l'association est parvenue à convaincre les chefs de partis de faire en sorte que la politique suisse devienne encore plus féminine. Du moins, les poids lourds des formations représentées sous la Coupole en ont tous fait le pari.
Chiesa promet plus de femmes sur les listes
Commençons par l'UDC. Le président Marco Chiesa et les conseillères nationales Diana Gutjahr et Céline Amaudruz misent sur le fait que leur parti présentera davantage de candidates qu’en 2019. Ce ne sera pas particulièrement difficile: lors des dernières élections fédérales, en 2019, les femmes ne représentaient que 22% des noms inscrits sur les listes à entête démocratique du centre.
Du côté du Centre, c'est envers Christina Bachmann-Roth, présidente de la section féminine du parti, que le président Gerhard Pfister prend l'engagement de promouvoir les femmes. Les meilleures places sur les listes — les premiers noms — devront être occupées pour moitié par des femmes, assure le Zougois. Cela améliorera les chances féminines non seulement durant l'élection, mais aussi en cas de retrait (davantage de femmes dans les viennent-ensuite) au cours de la législature.
Paradoxalement, c'est le parti où la présidente est une femme qui prend le moins grand engagement: 40% de représentantes, prévoit Lilian Studer, du Parti évangélique suisse (PEV). Il faut dire que cette formation a déjà la plus grande proportion de représentantes, puisque deux des trois sièges du PEV sont occupés par des femmes.
A lire aussi
Le PLR a du pain sur la planche
Et Thierry Burkart, dans tout cela? Le président du PLR est particulièrement ambitieux: il fait le pari avec la présidente des Femmes PLR, Susanne Vincenz-Stauffacher, que la formation atteindra 40% de représentantes au Parlement. Un défi, puisque cette part n'est que de 29% aujourd'hui.
Pour tenir parole, l'Argovien devra probablement faire élire des femmes au Conseil des États, dans tous les cantons possibles. À Zurich, où Regine Sauter est en bonne position pour succéder à Ruedi Noser (partant). À Glaris également, où Thomas Hefti arrive à la limite des mandats. Une autre fenêtre est ouverte à Schwytz, où l'ex-présidente du parti, Petra Gössi, est un poids lourd. Mais le pari restera difficile à tenir, sur un plan arithmétique pur.
La gauche part avec de l'avance
Là où l'UDC et le PLR devront cravacher, les autres partis ont moins d'efforts à faire pour parvenir à l'égalité. À gauche, les groupes sont même majoritairement féminins: 63% chez les Vert-e-s, 57% au PS et 50% chez les Vert'libéraux, le parti «modèle» en la matière.
Mais pas question de se défiler devant le pari proposé par «Helvetia Ruft!». La coprésidente du PS Mattea Meyer promet à la conseillère nationale Min Li Marti d’attribuer, comme jusqu’à présent, la moitié des places sur les listes à des femmes. Le président des Vert-e-s Balthasar Glättli et son homologue des Verts libéraux Jürg Grossen s'engagent, eux, auprès respectivement de Maya Graf et de Kathrin Bertschy: la politique verte et vert'libérale au Palais fédéral continuera d’être menée par des groupes au minimum moitié «violets», assurent-ils.
«Ce sont les partis qui décident qui entre dans la course»
Kathrin Bertschy, Bernoise de 43 ans, sera doublement satisfaite si les objectifs sont remplis: c'est elle qui dirige le projet «Helvetia ruft!». La conseillère nationale vert'libérale avait déjà mené une grande campagne avant les élections de 2019. Elle avait appelé les femmes à se présenter et lancé un programme de coaching. Des études ont montré que cela avait en partie contribué à l’élection historique des femmes à l’époque.
Mais cette vague violette a épargné de nombreux cantons: Glaris, Appenzell Rhodes-Intérieures et Nidwald n’ont encore jamais envoyé de femme au Conseil national! Et sept cantons n’ont encore jamais présenté de conseillère aux États (Johanna Gapany et Marianne Maret ont été des pionnières pour Fribourg et le Valais).
La Vert'libérale tempère toutefois: «Si une femme accède à Berne, c’est avant tout grâce aux électeurs. Mais la position de départ, à savoir le nombre de femmes et leur place sur la liste, est décidée par les partis.»
Les promesses faites à «Helvetia ruft!» devraient garantir une bonne situation de départ. Et Blick ne lâchera pas le morceau: tous les engagements réalisés par les pontes des partis nationaux devant nos journalistes seront contrôlés au plus tard après les élections fédérales du 22 octobre 2023. A vos marques, prêts, partez: pari tenu?