Des barrières au sol, des supporters piétinés, des agents de sécurité débordés par la foule. La fan zone sur la plaine de Plainpalais à Genève a connu des débordements lors du match Suisse-Écosse (1-1) à l’Euro 2024 ce mercredi soir, après des premières ébullitions samedi dernier lors du match Italie-Albanie.
Des fans présents des deux côtés des barrières nous confirment une scène de désordre, avec pour point d’orgue la mi-temps. «Entre 1500 et 2000 personnes ont forcé les entrées», nous lance un agent d’une société de sécurité privée, alors que la Ville de Genève interdisait quelques jours plus tôt aux bars et restaurants la diffusion de l’Euro dans l’espace public.
A lire sur le match Suisse-Ecosse
Une fan zone qui affiche complet
Rembobinons. Il est 20h30 — exactement 30 minutes avant le début de la rencontre. Des cornemuses résonnent, l’hymne national suisse les affronte. L’ambiance est bon enfant. La foule est en liesse, une bière à la main.
La fan zone affiche déjà complet. Un sécu s’occupant de l’une des entrées le confirme. Les capteurs présents au sol ont comptabilisé le nombre maximum de personnes que l’esplanade peut accueillir — 16’000 selon la RTS.
Mais les fans continuent d’affluer devant les quatre entrées. Les barrières métalliques maintiennent encore la foule, quelques téméraires les escaladent et tentent d’échapper aux policiers partis à leurs trousses. D’autres grimpent sur des conteneurs côté Uni-Mail pour espérer voir un bout d’écran.
La foule s’enflamme et force l’entrée
21h, le match commence. Sur l’esplanade, les supporters déambulent librement, il y a de la place. Les «Hop Suisse» font vibrer la plaine. À l’extérieur, les fans continuent de s’entasser. Voilà l’heure de la mi-temps. Les joueurs vont aux vestiaires, les supporters aux stands de burger. Kevin s’amuse de voir quelques supporters forcer l’entrée. Un, puis deux. Puis cinq.
Le mouvement de foule est lancé. «La police a gazé le sol en espérant nous faire reculer. Mais ils n’ont rien pu faire, on était trop nombreux», lance Jérémie, qui était coincé à l’extérieur de la fan zone. Dans un fracas, les barrières s’écroulent au sol, un troupeau de supporters — 1500 à 2000 personnes selon l’agent — force les entrées. «J'ai vu une masse de gens arriver en courant sur l'esplanade», raconte Kevin, qui était du côté de la rue de l'Ecole-de-médecine. Un autre supporter de 26 ans rajoute: «J’ai même vu des personnes tomber par terre et se faire piétiner.»
Les forces de l’ordre sur place, auraient été débordées par la masse de monde. Les fans se sont ensuite dirigés devant les écrans géants. Après le chaos, la plaine retrouve son ambiance festive avec des supporters agglutinés dans la poussière et la chaleur.
Usage de la force ou non?
Contactée par Blick, la police cantonale genevoise confirme, en partie, les témoignages récoltés. Elle précise que le site de la fan zone est un événement privé géré par la société NEPSA, qui a notamment mandaté Securitas. La police cantonale n’intervient qu’en cas de nécessité afin de «maintenir l’ordre public» ou lors de «troubles graves».
Dans un communiqué, le porte-parole Alexandre Brahier souligne la forte affluence de supporters. Dans le but d’éviter un mouvement de foule, la police aurait décidé d’ouvrir volontairement les quatre accès au site. Le porte-parole insiste: «aucun moyen de contrainte n’a été engagé» par les policiers.
Genève interdit la diffusion de l’Euro
Pour rappel, la Ville de Genève a interdit aux bars, restaurants et cafés la diffusion de l’Euro dans l’espace public jusqu’aux quarts de finale, informait la RTS mercredi matin. Une mesure prise au nom du «bon sens» afin de centraliser les nuisances sonores. Une décision qui divise le secteur de la restauration.
Certains établissements craignent de perdre de l’argent. D’autres n’y voient pas d’inconvénients, les fans de foot n’étant pas les meilleurs clients, comme le précise un restaurateur à la RTS. Les supporters pourront regagner les terrasses des bars une bière à la main à partir du 5 juillet, date des quarts de finale.