Enlèvement d'un expert
Les menaces contre les politiciens et fonctionnaires ont augmenté avec le Covid

Deux personnes ont perdu la vie mercredi dans le cadre de l'enlèvement d'un expert du Covid. Les derniers chiffres montrent que les menaces et les insultes contre les politiques et les fonctionnaires ont atteint des niveaux records pendant la crise.
Publié: 13.04.2022 à 20:54 heures
|
Dernière mise à jour: 13.04.2022 à 22:44 heures
1/4
Kevin W. a perdu la vie mercredi lors d'une intervention policière à Wallisellen (ZH). Son amie, Maria S., est également décédée dans le drame, abattue par Kevin W.
Photo: Zvg
Martin Bruhin

Mercredi 6 avril, en soirée, un échange de coups de feu a eu lieu à Wallisellen (ZH) entre l’Allemand Kevin W.* et la police. Le trentenaire y a perdu la vie. Il a également entraîné dans la mort son amie Maria S.* en l’atteignant d’une balle. L’Allemand, qui avait des liens avec des milieux coronasceptiques, avait enlevé quelques jours auparavant un expert du Covid de renommée nationale et l’avait ensuite relâché. Depuis cet événement, les fonctionnaires et politiciens de la Berne fédérale voulaient donc arrêter Kevin W.

Comme le rapporte le «Tages-Anzeiger», l’expert avait déjà été insulté et menacé à plusieurs reprises sur Internet avant l’incident. «Je peux vous assurer d’une chose, ce *** est tout en haut de la liste noire», écrivait par exemple un utilisateur. Et comme le montrent les chiffres actuels de l’Office fédéral de la police (Fedpol), les insultes et les menaces contre les politiciens et les fonctionnaires ont nettement augmenté pendant la pandémie.

«Le danger est réel»

Avant la pandémie de coronavirus, en 2019, seuls 246 signalements pour menaces avaient été reçus. L’année dernière, il y en a eu plus de 1200, soit cinq fois plus. «Avec la pandémie, il semble que le seuil d’inhibition pour les menaces et les insultes contre des personnes exposées, en particulier dans le monde politique, ait encore baissé», explique au journal le porte-parole de Fedpol, Florian Näf.

«Sur Internet, la haine se multiplie et se propage extrêmement vite», ajoute-t-il. Selon lui, le risque est réel que des personnes s’inspirent d’un tel événement pour recourir à la violence et passer à l’acte.

Nouveau record de menaces

La semaine dernière, la Confédération a dévoilé les derniers chiffres d’une statistique sur la criminalité. Là aussi, il est possible de constater une nette augmentation des dénonciations. Alors qu’il y a dix ans, 774 personnes avaient été dénoncées pour diffamation, ce sont 1610 personnes qui ont fait l’objet de telles dénonciations au cours de l’année dernière.

Le nombre de personnes accusées d’injures dépasse désormais les 10'000 par an. Les plaintes pour «violence et menaces contre des fonctionnaires» ont également atteint un nouveau record pendant la pandémie.

Masque enfoncé dans la gorge

À Zoug, le médecin cantonal en chef, Rudolf Hauri, connaît cette évolution à travers sa propre expérience. Il a également été victime de paroles malveillantes et de menaces pendant la pandémie. «On devient le visage, le symbole de quelque chose. Et on reçoit donc des réactions à chaque fois qu’on s’exprime», explique-t-il au «Tages-Anzeiger».

Lorsqu’il s’est par exemple engagé pour le port obligatoire du masque, quelqu’un a écrit qu’il allait lui enfoncer son masque dans la gorge. Néanmoins, le médecin souligne qu’il s’est toujours senti en sécurité grâce à la police. Il ne s’exprime pas sur le cas actuel, mais déclare qu’il ne serait «pas surpris qu’il y ait un lien entre la haine sur le Net et cette escalade dans la réalité».

* Noms modifiés

(Adaptation par Quentin Durig)

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la