En raison de plusieurs décès
Une enquête a été ouverte contre une star suisse de la médecine alternative

Thomas Rau est considéré comme l'un des médecins alternatifs les plus renommés en Suisse. Pourtant, plusieurs décès ont eu lieu dans sa clinique au cours des dernières années.
Publié: 20.11.2023 à 16:38 heures
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Il est considéré comme la star de la médecine alternative suisse: Thomas Rau. Depuis bientôt trois ans, le médecin dirige le Biomed Center Sonnenberg à Schwellbrunn.
Photo: Screenshot Youtube / QS24.tv
Cédric Hengy

Thomas Rau est considéré comme une sommité dans son domaine. Beaucoup le considèrent comme la star de la médecine alternative suisse. Pendant 30 ans, il a dirigé la clinique Paracelsus Lustmühle à Niederteufen (AR), de renommée internationale. En parallèle de sa vie sous les projecteurs, le médecin de 73 ans a également organisé des séminaires dans le monde entier et publié plusieurs livres. Mais aujourd'hui, l'image de ce «Mozart de la médecine», comme il se fait appeler, se fissure.

Comme le rapporte la «NZZ am Sonntag», le Ministère public du canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures a ouvert une enquête contre le médecin pour homicide par négligence. La raison: plusieurs femmes sont décédées après avoir été traitées dans sa clinique.

Une patiente en bonne santé meurt après une perfusion

Début 2021, Thomas Rau a pris la direction du Biomed Center Sonnenberg à Schwellbrunn (AR). La clinique devait être un lieu de repos où les patientes et les patients pouvaient suivre une cure de désintoxication. Mais en avril 2021, un décès est survenu. Une patiente en bonne santé, qui voulait suivre une cure pour des problèmes de digestion et des maux de tête, est décédée d'un «effet secondaire médicamenteux d'évolution létale», selon l'expertise médico-légale.

La patiente a reçu plusieurs perfusions, dont la dernière était une solution d'acide alpha-lipoïque. Ce produit est utilisé en Allemagne chez les diabétiques de longue date souffrant de lésions nerveuses. En Suisse, ce produit n'est alors pas autorisé en tant que médicament. Peu après la perfusion, la patiente s'est plainte de fortes crampes abdominales. Plus tard, de douleurs dans tout le corps.

À l'hôpital cantonal de Saint-Gall, les médecins ont constaté un trouble massif de la coagulation sanguine. Ni les reins ni le foie n'étaient fonctionnels. Dans leur rapport, les médecins légistes ont conclu que l'acide alpha-lipoïque avait «un lien de cause à effet avec le décès». En effet, cette substance peut provoquer des troubles de la coagulation sanguine.

Le médecin attribue la cause du décès au vaccin contre le Covid

Dans la clinique, le récit du décès résonnait tout autrement. En réponse à la question d'une autre patiente inquiète, le médecin aurait tenté de manière abracadabrante de détourner l'attention du lien avec l'acide alpha-lipoïque «Je pense que c'est à cause du vaccin contre le Covid.» Comment l'a-t-il su? Son intuition.

Le parquet a finalement ouvert une enquête sur le décès. Pour Thomas Rau, cela pourrait avoir de lourdes conséquences. En effet, trois semaines seulement avant le décès mentionné ci-dessus, une autre patiente est morte dans sa clinique. Les reproches des médecins légistes sont lourds: le praticien de 73 ans aurait commis des erreurs lors du traitement que même un étudiant en médecine n'aurait pas dû faire.

Une ancienne employée de la clinique, qui s'est présentée d'elle-même à la police, porte également de graves accusations contre lui. Elle a raconté au procureur un épisode au cours duquel elle a vu une jeune femme sortir de la clinique extrêmement faible après une perfusion. Quelques jours plus tard, elle a entendu un appel entre Thomas Rau et le mari de la patiente, d'où il ressortait que la femme était décédée.

L'Office de la santé sous le feu des critiques

Le service cantonal de la santé publique a connaissance de ces incidents, comme l'a confirmé la secrétaire du département à la «NZZ am Sonntag». Mais aucune mesure concrète n'a été prise contre Thomas Rau ou la clinique jusqu'à présent. Ce n'est pas la première fois que l'on reproche aux autorités cantonales de faire preuve de laxisme à l'égard du médecin.

Au milieu des années 2000, Thomas Rau a été accusé d'avoir causé la mort du prince Sadruddin Aga Khan, un ancien haut-commissaire de l'ONU. Les avocats des proches ont accusé les autorités de retarder la procédure administrative. L'affaire a finalement été prescrite sans jugement.

À l'Office de la santé publique, on affirme qu'une procédure administrative n'est ouverte «en principe» que si un médecin a été «condamné par un jugement définitif dans une procédure pénale pertinente», ce qui n'est pas le cas à ce jour.

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